L’armée cartographie l’habitation de l’auteur en cavale de l’attaque à Huwara
Selon les médias palestiniens, le terroriste en fuite est membre de la famille Bani Fadl de la ville d'Aqraba, en Cisjordanie
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Jeudi matin, l’armée israélienne a cartographié l’habitation d’un Palestinien accusé d’avoir commis un attentat terroriste meurtrier à Huwara, ce week-end, en préparation de sa future démolition.
Le terroriste présumé, qui serait un membre de la famille Bani Fadl de la ville d’Aqraba, près de Naplouse, n’a pas encore été arrêté pour l’attaque qui a entraîné deux morts : Shay Silas Nigreker, 60 ans et son fils Aviad Nir, 28 ans.
L’establishment israélien de la Défense connaît l’identité du terroriste et il a donc pris l’initiative inhabituelle de préparer sa maison à la démolition, même si l’auteur de l’attaque est toujours en cavale.
Les médias palestiniens ont posté des vidéos montrant des marques inscrites sur les murs de l’intérieur de l’habitation, des marques laissées par les soldats d’une unité de génie.
Israël démolit régulièrement les maisons des Palestiniens qui sont accusés d’avoir commis des attentats meurtriers. La procédure dure habituellement plusieurs mois, avec notamment des audiences organisées devant les tribunaux pour entendre les potentiels appels déposés par les familles. L’efficacité de cette pratique fait l’objet d’un vif débat même au sein de l’establishment sécuritaire israélien et les groupes de défense des droits de l’Homme dénoncent, pour leur part, une politique qui s’apparente à une sanction collective injuste.
Le père et son fils avaient été tués par balles samedi après-midi alors qu’ils se trouvaient dans une station de lavage automobile de Huwara, une ville de Cisjordanie qui a été le théâtre d’incidents violents entre Israéliens et Palestiniens, ces derniers mois.
Le terroriste s’est approché de la station à pied et il a ouvert le feu à bout portant sur les deux victimes à l’aide d’une arme de poing, selon l’enquête préliminaire de Tsahal. Il a ensuite pris la fuite, toujours à pied apparemment.
Les deux hommes, qui n’habitaient pas la ville, se trouvaient à Huwara depuis quelques heures, dans la journée de samedi, quand l’attentat a été commis. Ils avaient notamment été chez le coiffeur, ils avaient fait réparer le climatiseur de leur voiture qu’ils avaient voulu laver. Certains services sont moins chers en Cisjordanie – ce qui amène certains Israéliens à franchir la frontière.
Cela fait longtemps que la ville de Huwara est considérée comme un secteur particulièrement sensible de la Cisjordanie. La localité est traversée par une route qui est régulièrement empruntée par les Israéliens qui se rendent dans les implantations ou qui en reviennent. Un projet de construction d’une route de contournement qui permettrait d’éviter la ville n’a pas encore vu le jour, les travaux sur ce plan traînant depuis de nombreuses années.
L’armée n’est généralement pas très présente à Huwara le samedi, la majorité des habitants des implantations du secteur étant des Juifs pratiquants qui ne prennent pas le volant à Shabbat. Les troupes sont habituellement renforcées dans la soirée du samedi, lorsque les déplacements recommencent à se multiplier dans les implantations.
Les violences se sont multipliées dans toute la Cisjordanie au cours des dix-huit derniers mois, avec une recrudescence des attaques à l’arme à feu contre les civils et contre les soldats israéliens, des raids d’arrestation nocturnes quasi-quotidiens de la part de l’armée et une augmentation des violences des extrémistes juifs à l’encontre des Palestiniens.
Dans des opérations qui ont eu lieu jeudi en début de matinée, Tsahal a indiqué que les soldats avaient arrêté 19 Palestiniens qui étaient recherchés dans toute la Cisjordanie. Les militaires ont précisé que les forces israéliennes n’avaient fait qu’interroger des habitants d’Aqraba.