L’armée cherche plus de précision dans ses alertes aux missiles
L'application iOref de l'armée israélienne est présentée comme étant plus rapide que les autres applications d'alerte
David Shamah édite notre section « Start-Up Israel ». Spécialiste depuis plus de dix ans en technologies et en informatique, il est un expert reconnu des start-up israéliennes, de la high-tech, des biotechnologies et des solutions environnementales.
L’application d’alerte précoce de l’armée, iOref, est plus rapide et plus intelligente que la concurrence, selon le directeur de la division des alertes du Commandement de défense passive de Tsahal.
« Il existe d’autres applications qui prétendent avertir les Israéliens si un missile arrive ou s’il y a des informations dont ils ont besoin [d’avoir connaissance] en cas d’urgence civile mais aucune n’est aussi rapide et précise qu’iOref [oref se réfère à la défense passive], que nous avons développé avec un partenaire du secteur privé », a déclaré Shlomo Maman.
« Nos notifications arrivent environ quatre secondes avant que l’autre application de premier plan et en raison de la technologie cellulaire combinée avec la technologie de localisation GPS que nous utilisons, nous sommes capables d’apporter beaucoup plus de précision pour repérer où un impact est sur le point d’avoir lieu ».
Ce ne sont pas des fanfaronnades sans aucun sens.
« Quand vous avez quinze secondes pour vous mettre à l’abri avant qu’une roquette n’atterrisse, comme c’est le cas pour les habitants de la zone frontalière de Gaza, chaque seconde compte », a déclaré Maman. « Notre objectif est de fournir le maximum de temps possible aux Israéliens afin qu’ils puissent bien se préparer pour une situation d’urgence ».
« Et tout aussi important, nous visons à proposer un ciblage géographique encore plus précis des attaques de sorte que les avertissements sont envoyés uniquement à ceux qui sont vraiment en danger. De cette façon, nous allons éviter d’envoyer la moitié du pays dans des abris et en interrompant ainsi la vie commerciale, l’école et la vie quotidienne des Israéliens », a ajouté Maman.
Les alertes de la division de l’armée sont connues pour interrompre les émissions de radio et de télévision pour annoncer les cibles des missiles tirés par des groupes terroristes de Gaza ou autres. Mais le commandement de la défense passive a d’autres méthodes à sa disposition pour faire parvenir l’information.
« Nous utilisons de nombreux canaux pour avertir des dangers, ce qui inclut les médias de masse, les sirènes, les dépliants et même des dispositifs d’avertissement à la maison. Et bien sûr iOref », a poursuivi Maman.
Chacun de ces systèmes d’alerte nécessitent des technologies spécifiques afin de fonctionner correctement. Prenez les sirènes, par exemple.
« La plupart des sirènes sont actionnées manuellement mais entre le moment où l’information est passée et le moment où la sirène retentit, vous perdez de précieuses secondes », a expliqué Maman.
« Dans les communautés en première ligne dans la région de Gaza, les habitants ont seulement 15 secondes pour se rendre à un abri donc un retard de même quelques secondes pourrait signifier des vies perdues. Nous avons récemment lancé un projet de numérisation de sirènes dans cette zone en les reliant aux lignes de communication dédiées à cela ».
L’armée israélienne a également investi des millions de shekels en sirène mobile fonctionnant avec des batteries pour une utilisation dans les zones de bataille.
« Un bon nombre des 67 soldats tués dans l’opération Bordure protectrice en 2014 sont morts à la suite d’attaques de missiles dans les zones de rassemblement à la frontière de Gaza alors qu’ils se préparaient pour la bataille à Gaza. Là, les soldats avaient même moins de 15 secondes pour se mettre à l’abri et il était impossible de prévenir efficacement à temps d’un danger imminent. Avec les sirènes mobiles, nous serons en mesure de laisser les sirènes avec des unités et les actionner immédiatement, donnant aux soldats quelques secondes de plus pour se protéger ».
Son groupe a également la capacité à interrompre et à intervenir dans les émissions et les signaux des chaînes de télévision – terrestre, câblée, par satellite et – les stations de radio les réseaux de téléphonie cellulaire et les sites Web.
« Nous travaillons avec tous les principaux médias en Israël, pour diffuser les messages sur un réseau cellulaire (via une plate-forme qui utilise la radio, les réseaux de téléphonie cellulaire, les SMS/MMS, IVR, les notifications push et les protocoles de communication modernes et anciens).
Dès qu’une situation d’urgence se présente, les systèmes entrent en action, avec une diffusion automatique des bandeaux d’information ou des boîtes de dialogue sur les écrans de télévision et les sites web ou en visant les téléphones cellulaires dans des zones géographiques spécifiques.
Sur les réseaux cellulaires, « nous couvrons une zone ciblée en utilisant la technologie de messagerie ».
La même chose vaut pour les utilisateurs d’iOref. L’application peut cibler les utilisateurs dans des emplacements géographiques spécifiques pour les avertir qu’ils ont besoin de se mettre à l’abri tandis que les utilisateurs dans d’autres zones ne sont pas informés, a expliqué Maman.
Ironiquement, cependant, le plus grand défi n’est pas de prévenir autant de personnes que possible mais aussi peu que possible et c’est là où le financement et la technologie se concentrent de nos jours, a précisé Maman.
« Imaginez un terroriste du Hamas qui tire une roquette sur une ville comme Ashkelon ou Ashdod, et les sirènes et les alertes qui partent dans toute la ville, 100 000 personnes se démèneront pour trouver un abri en moins de 30 secondes », a souligné Maman. « Cela arrête l’économie pendant quelques minutes, voire quelques heures parfois, et les pertes de production et le coup au moral sont très élevés ».
Le groupe de Maman développe un géo-ciblage très précis et la technologie basée sur l’emplacement pour affiner autant que possible la cible d’un missile.
« Nous pouvons dire très précisément là où la fusée va tomber et quels quartiers ou même quelles rues ont besoin de se mettre à l’abri – mais jusqu’à présent on n’avait pas de systèmes qui pouvaient émettre des avertissements sur une base limitée, pour préciser le quartier ou même la rue où une attaque est imminente. Nous travaillons sur un système pour le faire, avec notre objectif de ‘déranger’ aussi peu de gens que possible ».
La transition vers un ciblage géographique plus précis a évolué depuis la guerre du Golfe de 1991.
« Au cours de la guerre du Golfe, nous n’avions aucune technologie pour déterminer exactement où un missile allait frapper, donc quand les sirènes retentissaient, tout le pays se mettait à l’abri », a noté Maman.
« Les choses ont changé radicalement depuis lors, au point où nous avons maintenant 256 zones d’avertissement spécifiques – ce qui signifie que nous réduisons le danger d’un missile ou d’une urgence civile de masse comme une fuite de gaz ou un tremblement de terre – toutes les choses que nous surveillons – et envoyer des avertissements seulement aux personnes les plus susceptibles d’être affectés.
« Nous utilisons les Grandes données et des algorithmes avancés pour comprendre cela et jusqu’à présent, nos tests ont confirmé l’approche », a poursuivi Maman.
Finalement, a-t-il dit, l’armée israélienne pourrait développer un dispositif qui serait inclus dans les boîtiers de câble ou des récepteurs de télévision numérique qui seraient raccordés à un réseau d’alerte précoce avec des milliers, au lieu des centaines, zones d’alerte distinctes.
« Ensuite, nous serions en mesure de cibler les maisons où les gens qui ne peuvent pas entendre les sirènes ou qu n’ont pas leurs téléphones allumés – ou qui n’ont plus l’électricité en raison de la situation d’urgence. Notre système d’alerte est très précis et beaucoup plus que tout ce que le secteur civil pourrait produire et cela se manifeste plus clairement quand on compare les données dans iOref à d’autres applications d’alerte rapide, et nous allons le rendre encore plus précis ».
Maman a ajouté : « je sais que certaines personnes dans le centre du pays ont eu tendance à ignorer les avertissements que nous avons envoyés lors de l’opération Bordure protectrice, parce qu’ils estimaient que leur quartier était trop loin ou hors de portée des missiles du Hamas. Voilà une attitude très dangereuse et tout ce qu’il faut est un missile qui atterrisse à proximité pour convaincre les gens. Plus notre système est précis, plus les gens prendront les avertissements au sérieux ».