L’armée force une porte blindée dans un tunnel du Hamas, sous l’hôpital Shifa
Le ministère de la Santé a accusé l'OMS d'ignorer les activités terroristes dans les hôpitaux de la bande ; le Hamas sera renversé même avec l'accord sur les otages, dit Tsahal
L’armée israélienne a signalé avoir forcé une porte blindée à l’extrémité d’un tunnel du Hamas découvert par ses troupes, la semaine dernière, sous l’hôpital al-Shifa de Gaza City – un hôpital où se trouve, selon l’État juif, un centre de commandement souterrain majeur du Hamas.
Elle a publié deux images, l’une montrant la porte ouverte et l’autre plus à l’intérieur du tunnel.
Plus tôt cette semaine, Tsahal avait déjà publié cette semaine des images montrant l’ouverture et une partie du tunnel. Après environ 55 mètres, le tunnel se terminait par une porte anti-souffle, protégeant probablement les ressources souterraines du Hamas.
L’armée israélienne affirme depuis des semaines qu’un important réseau de tunnels et de bunkers existe sous al-Shifa.
L’ouverture du tunnel se trouvait dans l’enceinte de l’hôpital, sous un auvent, où les troupes de Tsahal avaient également trouvé une camionnette du Hamas contenant des armes, similaires à celles utilisées par le groupe terroriste lors des attaques du 7 octobre.
Outre al-Shifa, Israël accuse le Hamas d’utiliser d’autres hôpitaux de la bande de Gaza à des fins terroristes.
Dans un courrier qui a été envoyé mardi à l’Organisation mondiale de la Santé, les responsables du ministère de la Santé se sont insurgés contre les activités terroristes du Hamas à l’hôpital Shifa, notant les vidéos qui ont été tournées par les caméras de surveillance et qui montrent des images d’opérations terroristes – notamment des images où apparaissent les otages actuellement détenus en captivité – dans les zones non-souterraines de l’hôpital. La lettre a souligné que de telles activités sont contraires à la fois à l’éthique et à toutes les lois régissant les conflits armés.
« Le 2 novembre, le Docteur Michael Ryan, directeur du programme d’urgence sanitaire de l’OMS, a déclaré qu’il savait ce qui se passait ‘au-dessus du sol’ à Shifa et qu’il était conscient du fait que l’utilisation d’installations médicales à des fins militaires est interdite par le droit international. Dans le même temps, il a affirmé qu’il doutait que des activités terroristes aient lieu à Shifa », ont écrit le ministre de la Santé, Uriel Busso, et le directeur-général du ministère, Moshe Bar Siman Tov.
Sur la base des images tournées par les caméras de surveillance, le ministère de la Santé a accusé Ryan d’avoir fourni à la communauté internationale une description inexacte et trompeuse de la situation à Shifa.
« Il est évident aujourd’hui que l’OMS a ignoré l’utilisation des installations médicales comme boucliers humains et le refus du Hamas d’autoriser l’évacuation des civils… L’incapacité de l’OMS à s’attaquer à ces problématiques s’apparente à une contribution de sa part à un conflit qui est appelé, en conséquence, à perdurer, un conflit qui entraîne beaucoup de souffrances pour un nombre trop élevé de personnes », est-il écrit dans la lettre.
Le ministère de la Santé a aussi fait référence, dans sa missive, aux terroristes qui, selon Israël, se cachent sous Shifa, sous d’autres hôpitaux et dans des écoles à Gaza, en violation du droit international.
« L’OMS doit exiger l’arrêt immédiat de l’utilisation de boucliers humains et d’établissements de santé à des fins terroristes. Elle doit également exiger l’évacuation de toutes les populations civiles vers des zones sûres et la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages », indique la lettre.
L’accord sur les otages n’aura aucun impact sur la mission visant à renverser le Hamas
Le chef d’état-major de l’armée israélienne, Herzi Halevi, a déclaré mardi que les pressions militaires exercées par le Hamas créaient « de meilleures conditions » pour la libération des otages détenus par le groupe terroriste dans la bande de Gaza, et que cette pression se poursuivra.
Les propos du numéro un de Tsahal ont été tenus avant un vote au sein du cabinet portant sur l’approbation, par les ministres, d’un accord prévoyant la libération d’environ 50 captifs par le Hamas – des enfants, des mères et des femmes – en échange d’un cessez-le-feu de cinq jours et de la libération de 150 à 300 prisonniers palestiniens.
Lors d’une visite dans la bande de Gaza dans la journée de mardi, Halevi a déclaré aux troupes qu’elles faisaient « un excellent travail, c’est vraiment très impressionnant ». Mais il a ajouté que « le chemin est encore long ».
« Nous sommes déterminés à continuer dans cette voie et à obtenir un maximum de résultats. Il s’agit également de démanteler le Hamas – militairement comme au niveau de son pouvoir politique – d’assurer la sécurité dans la région, d’assurer la sécurité dans les communautés de la zone qui entoure Gaza, et il s’agit de rapatrier nos otages », a continué Halevi.
« Tout cela fonctionne de concert… Les manœuvres créent également de meilleures conditions pour le retour des otages. Elles portent des coups au Hamas, elles créent de la pression, et nous continuerons à exercer cette pression », a-t-il poursuivi.
S’exprimant pendant un point-presse quotidien, le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de Tsahal, a laissé entendre que l’accord portant sur la libération des otages israéliens, qui comprendra un cessez-le-feu temporaire dans la bande de Gaza, n’aura pas d’impact sur l’objectif principal de l’armée qui est d’éliminer le groupe terroriste du Hamas.
« L’objectif du retour des otages est déterminant. Même s’il entraîne une régression au niveau de certains autres éléments, nous saurons comment retrouver nos acquis opérationnels », a répondu Hagari en réponse à une question.
S’exprimant sur les informations nombreuses au sujet de l’accord, Hagari a déclaré que l’armée informerait d’abord les familles des otages, puis le public.
« Je recommande, pour ma part, d’écouter uniquement les informations provenant de sources officielles. Nous révélerons la vérité au public lorsque nous aurons des faits », a-t-il dit.
Par ailleurs, après la reprise attendue des combats, il semble que l’armée israélienne n’envisage pas de laisser les Palestiniens retourner dans le nord de l’enclave côtière quand elle élargira son offensive au sol dans le sud de la bande.
Le Times of Israel a appris que Tsahal avait le projet de faire évacuer les civils vers des zones qui seront épargnées par l’incursion terrestre dans le sud, afin de réduire au maximum le nombre de victimes civiles.
Les populations pourront ainsi se déplacer dans le sud de la bande mais elles n’auront pas le droit de repartir vers le nord, selon des documents qui ont pu être vus par le Times of Israel.
Jusqu’à présent, l’armée a déclaré que le secteur d’al-Mawasi – un périmètre plutôt petit – était « une zone sûre » dans le contexte des hostilités dans le nord et des frappes aériennes qui prennent pour cible tout le territoire de l’enclave côtière.
L’armée estime que la situation humanitaire à Gaza reste « raisonnable » compte-tenu des circonstances et elle souhaite éviter une crise majeure qui porterait atteinte à la légitimité de l’opération militaire israélienne, ce qui pourrait remettre en cause sa continuation.
Les combats à Gaza font rage depuis le 7 octobre, après l’assaut meurtrier commis par le Hamas sur le sol israélien – une attaque qui a fait 1 200 morts, des civils en majorité. Les terroristes ont aussi kidnappé au moins 240 personnes qui sont actuellement retenues en captivité dans la bande de Gaza.
Israël a riposté par une campagne militaire – qui a commencé par des bombardements et qui s’est poursuivie par une incursion terrestre – dont l’objectif est de renverser le Hamas au pouvoir à Gaza et de libérer les otages.
Soixante-six soldats sont tombés au front depuis le début de l’offensive au sol, le 27 octobre.
Le ministère de la Santé dirigé par le Hamas a fait savoir que plus de 13 000 personnes avaient perdu la vie à Gaza depuis le début de la guerre, dont au moins 3500 femmes et 5500 enfants – des chiffres qui ne peuvent pas être vérifiés de manière indépendante et qui ne font pas la différence entre les civils et les membres du groupe terroriste, et qui comptent aussi les victimes des roquettes défaillantes qui, lancées vers le territoire israélien, sont retombées dans la bande.
Selon des estimations de l’agence chargée des réfugiés palestiniens au sein des Nations unies qui ont été diffusées mardi, environ 160 000 personnes resteraient dans des abris du nord de Gaza – même si l’instance n’a pas été en capacité de leur apporter une aide et malgré les appels répétés lancés par Israël, qui a demandé aux civils d’évacuer vers des secteurs plus sûrs, dans le sud, en empruntant les couloirs humanitaires mis en place par les soldats israéliens.
Ce sont environ 1,7 million de Palestiniens – soit les trois quarts de la population de Gaza – qui ont fui leurs habitations, un grand nombre d’entre eux se réfugiant dans des écoles de l’ONU et dans d’autres structures de tout le nord de l’enclave.
Les abris étant surpeuplés, des gens ont été dans l’obligation de dormir dans la rue, à l’extérieur, avec peu de protection face aux pluies hivernales qui touchent la région depuis quelques jours.
Les Nations unies ont averti que la population de la bande – elle est constituée de 2,3 millions de personnes – est dans une situation critique, manquant terriblement d’eau et de produits alimentaires et elles ont ajouté que la quantité de carburant qui entre au sein de l’enclave côtière ne représente que la moitié de ce qui serait au minimum nécessaire au quotidien. Israël, de son côté, déclare que le Hamas pille les ressources de Gaza, notamment l’essence, faisant part de son inquiétude que ces pillages puissent continuer, permettant ainsi au groupe terroriste d’alimenter ses roquettes et ses réseaux de tunnels.
Israël a refusé les appels au cessez-le-feu – à moins qu’un nombre significatif des otages enlevés le 7 octobre, notamment toutes les femmes et les enfants qui ont été kidnappés, puissent être libérés en échange. L’État juif s’inquiète également de la possibilité qu’une pause prolongée dans les combats ne permette au Hamas et aux autres factions terroristes de se regrouper et de se préparer en vue des phases suivantes de la guerre, entravant ainsi les capacités d’opération des soldats.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.