L’armée submergée de demande de barbes avant la mise en place de l’interdiction
Au moins 20 000 soldats ont déjà demandé une permission de ne pas se raser ; l'armée assure que les soldats religieux ne seront pas obligés de se raser
L’armée israélienne s’est employée lundi à dissiper une polémique naissante sur l’entrée en vigueur d’une nouvelle mesure obligeant les soldats à se raser la barbe.
Cette disposition justifiée par un « souci de discipline et d’uniformité » s’applique en théorie à tous les soldats.
Selon un récent sondage du journal de l’armée Bamahane, un quart des soldats devraient perdre leur permission d’avoir une barbe. Un peu moins de 30 % des soldats sont exemptés de rasage, et seulement 6 % pour des raisons religieuses.
Décidée en 2015, cette mesure entre en vigueur actuellement, a dit un porte-parole de l’armée. Mais elle a suscité des appels à l’insubordination de la part de rabbins au cas où l’armée forcerait les conscrits religieux à se raser.
Le rabbin Zalman Melamed, l’une des figures du nationalisme religieux, a répondu à un élève qui lui demandait quoi faire si ses supérieurs lui ordonnaient de se raser, de refuser d’obéir, « même au risque de l’emprisonnement ».
Le port de la barbe dans le judaïsme n’est pas obligatoire, mais respecté par une grande majorité des juifs orthodoxes.
Le ministre de l’Agriculture Uri Ariel, du parti HaBayit HaYehudi, a demandé dimanche au ministre de la Défense Moshe Yaalon « d’empêcher que les droits soient bafoués » et « de conserver les spécificités de l’armée comme armée du peuple au sein de l’Etat d’Israël ».
« Le port de la barbe est l’un des symboles du peuple juif et quand les ennemis de notre peuple voulaient humilier un juif, ils commençaient par lui couper la barbe », a-t-il écrit à Yaalon.
Le porte-parole de l’armée, Moti Almoz, a tenté d’apaiser les esprits en déclarant lundi à la radio militaire « qu’aucun soldat religieux qui porte la barbe pour des motifs religieux ne sera obligé de se raser ».
« On ne peut pas avoir de discipline dans une armée quand chacun décide s’il garde ou pas la barbe », a-t-il dit. Les nouvelles instructions ont pour but de régulariser le port de la barbe et non pas d’empêcher ceux qui veulent la porter pour des convictions religieuses.
Les soldats peuvent demander une autorisation exceptionnelle. « Toutes les demandes d’autorisation exceptionnelle sont examinées par les officiers en prenant en compte les recommandations des rabbins », a dit un porte-parole de l’armée.
Selon Moti Almoz, 40 % des demandes formulées parmi les 24 000 soldats portant la barbe ont reçu une réponse favorable.
La police militaire a été chargée de faire appliquer les interdictions de barbe. Des violations pourraient entraîner des amendes et d’autres pénalités, comme le confinement à la base, mais pas de punitions corporelles.
L’AFP a contribué à cet article.