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L’arrestation de binationaux, spécialité iranienne et cauchemar des Occidentaux

Les binationaux arrêtés par l'Iran, incarcérés dans la prison d'Evine, dans le nord de Téhéran, sont détenus comme moyen de pression dans un jeu diplomatique souvent sans pitié

De gauche à droite, Federica Mogherini, responsable de la politique étrangère de l'Union européenne, Javad Zarif, ministre iranien des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères, Heiko Maas, ministre allemand des Affaires étrangères, puis Boris Johnson, ministre britannique des Affaires étrangères, lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères au bâtiment Europa, le 15 mai 2018 à Bruxelles. (AP Photo/Olivier Matthys, Pool)
De gauche à droite, Federica Mogherini, responsable de la politique étrangère de l'Union européenne, Javad Zarif, ministre iranien des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères, Heiko Maas, ministre allemand des Affaires étrangères, puis Boris Johnson, ministre britannique des Affaires étrangères, lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères au bâtiment Europa, le 15 mai 2018 à Bruxelles. (AP Photo/Olivier Matthys, Pool)

De sinistre réputation, la prison d’Evine, dans le nord de Téhéran, est aussi le cauchemar des chancelleries occidentales. C’est là que sont incarcérés les binationaux arrêtés par l’Iran, et détenus comme moyen de pression dans un jeu diplomatique souvent sans pitié.

La chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah y est détenue depuis début juin, pour des charges qui n’ont pas été dévoilées.

L’arrestation de cette éminente anthropologue est intervenue peu avant la visite à Téhéran du conseiller diplomatique du président français Emmanuel Macron, pour discuter du sauvetage de l’accord nucléaire de 2015, fragilisé après le retrait des Etats-Unis en mai 2018.

« C’est pour une rançon », assène Alireza Nader, directeur du centre de réflexion New Iran basé à Washington.

« Chaque fois que l’Iran veut renforcer ses moyens de pression contre les pays occidentaux (…) il a recours à la prise d’otages pour négocier », affirme-t-il à l’AFP.

Fariba Adelkhah, directrice de recherche à Science-Po, en février 2019 sur le plateau de France 24. (Crédit photo : Capture d’écran / France 24)

Plusieurs binationaux sont actuellement emprisonnés en Iran, qui ne reconnaît pas la double nationalité.

A Evine, Mme Adelkhah a rejoint Nazanin Zaghari-Ratcliffe, une Irano-Britannique emprisonnée depuis avril 2016 et condamnée pour sédition à cinq ans de prison.

Employée de la Fondation Thomson-Reuters, bras humanitaire de l’agence de presse canado-britannique du même nom, la mère de famille de quarante ans clame son innocence.

Devant la détérioration de son état mental, elle a été transférée lundi dans le service de psychiatrie d’un hôpital de Téhéran, toujours sous un régime d’incarcération, selon sa famille.

En novembre 2017, Richard Ratcliffe avait affirmé à l’AFP que son épouse était « utilisée comme monnaie d’échange par les Gardiens de la Révolution qui tentent d’obtenir quelque chose du gouvernement britannique ».

Un « pion »

La presse britannique avait ensuite vu un lien – que Londres et Téhéran ont démenti – entre le projet de règlement d’une vieille dette de 450 millions d’euros envers l’Iran et une libération de Mme Zaghari-Ratcliffe.

La République islamique a toujours nié que les citoyens binationaux servent de moyen de pression pour parvenir à des accords internationaux, tout en admettant que ces prisonniers puissent faire l’objet d’échanges ponctuels.

Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a « mis publiquement sur la table » en avril une proposition d’échanger des Iraniens emprisonnés ou menacés d’extradition vers les Etats-Unis contre des Américano-Iraniens détenus en Iran.

Le président français Emmanuel Macron, (à droite), rencontre son homologue iranien Hassan Rouhani, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York, le 25 septembre 2018. (Crédit : AFP PHOTO / ludovic MARIN)

Jason Rezaian, ancien correspondant du Washington Post à Téhéran, a passé 544 jours à Evine entre 2014 et 2016, accusé d’espionnage.

Le journaliste irano-américain a raconté en février à l’AFP s’être senti comme un « pion » dans un jeu d’échecs mondial, alors que les grandes puissances négociaient avec l’Iran un accord sur son programme nucléaire.

« Traité comme un Iranien et troqué comme un Américain », il a réalisé que sa « valeur » était indexée sur les résultats des pourparlers.

« Chaque nouvelle arrestation grotesque est un rappel qu’une prise d’otages, 52 personnes en tout, a marqué le début de ce régime il y a quarante ans », écrit-il dans son livre « Prisonnier », en référence à l’attaque de l’ambassade américaine de Téhéran en 1979, qui a entraîné la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays.

Carotte sans bâton

Il a été libéré le 16 janvier 2016, au premier jour de l’application de l’accord international signé six mois auparavant, avec trois autres prisonniers américains.

En échange, le président américain Barack Obama avait gracié quatre condamnés iraniens et commué les peines de trois autres. L’accord prévoyait aussi le paiement par Washington de 1,7 milliard de dollars pour régler une dette datant d’avant la Révolution.

Alors candidat républicain à la présidentielle, le sénateur républicain Marco Rubio avait fustigé cette « concession » qui allait entraîner selon lui d’autres arrestations de citoyens américains.

Alireza Nader abonde. Concernant Fariba Adelkhah, « la France a manié la carotte mais pas le bâton (…) et il y aura d’autres otages », estime-t-il.

Il salue l’approche plus ferme du Royaume-Uni récemment. « Ils ont répondu à l’intimidation iranienne », dit-il, en protégeant un tanker des vedettes militaires iraniennes avec un navire de guerre dans le Golfe et en arraisonnant à Gibraltar un pétrolier soupçonné de transporter du brut iranien vers la Syrie.

Selon l’expert, le fait que M. Zarif a « pour la première fois » évoqué lundi la possibilité de pourparlers sur le programme balistique iranien montre que les sanctions sévères imposées par l’administration Trump sur l’Iran produisent des résultats.

En échange, le diplomate en chef iranien a toutefois réclamé que Washington cesse de vendre des armes à ses proches alliés au Moyen-Orient, une condition qui semble inacceptable.

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