Larry David critique la rencontre de Bill Maher avec Trump
Dans un article à son initiative, la star de « Curb Your Enthusiasm » reproche au présentateur de s'être extasié sur l'apparente normalité du président américain

JTA — On peut désormais ajouter Larry David à la liste des célébrités rebutées par la rencontre amicale du présentateur Bill Maher avec le président américain Trump.
Dans un essai paru dans le New York Times, « My Dinner with Adolf », le créateur juif de « Curb Your Enthusiasm » imagine une rencontre « à l’ancienne chancellerie avec l’homme le plus critiqué du monde, Adolf Hitler » qui laisse le narrateur charmé par le leader nazi. « Si seulement le monde pouvait aussi voir ce côté de sa personnalité, les gens auraient une toute autre opinion de lui », s’exclame-t-il.
L’essai ne mentionne pas Maher, mais dans une newsletter le rédacteur en chef adjoint du Times, Patrick Healy, reconnaît que David a proposé cet article en réaction au récit fait par Maher de sa récente rencontre avec Trump.
Décrivant leur dîner dans son émission « Real Time », Maher a déclaré avoir trouvé le président « agréable et mesuré », bien loin du « fou » qu’il semble souvent être à la télévision.
Selon Healy, David lui a envoyé un courriel pour lui proposer cet essai. Toujours selon Healy, le Times tente de limiter les références nazies dans les essais qu’il publie, mais en l’occurrence, la rédaction a estimé que l’article de David « n’assimilait pas Trump à Hitler. On y parle de voir quelqu’un pour ce qu’il est vraiment, sans jamais perdre cet objectif de vue. »
David a donc ajouté sa voix à celles d’autres critiques du récit de Maher sur sa réunion avec Trump. « Bill est le dernier en date à être tombé sous le charme personnel, si vous voulez mon avis, de personnes vraiment mauvaises », a déclaré le stratège démocrate James Carville dans son podcast « Politics War Room ».
Dans « Real Time », l’analyste de la sécurité mondiale du Washington Post, Josh Rogin, a qualifié Maher d’ « accessoire » du « coup de relations publiques » de Trump.
Dans l’essai de David, le narrateur plaisante aimablement avec Hitler, qui rit de ses blagues. « J’ai réalisé que je ne l’avais jamais vu rire auparavant », écrit-il. « Soudain, il m’a semblé terriblement humain. »
Maher a dit quelque chose de similaire à propos de Trump dans son monologue : « Pour commencer, il rit ! Je ne l’avais jamais vu rire en public. Mais il le fait, y compris de lui-même. Et ce n’est pas un rire forcé. »
Dans son éditorial, Healy écrit que « David, pour provoquer, soutient que le temps d’un dîner ou d’une réunion privée, tout le monde peut se montrer humain, sans que cela dise quoi que ce soit de ce dont on est ou non capable ».
Une histoire de références satiriques à la Shoah
Coutumier de la critique acerbe des politiques conservatrices dans son émission sur HBO, David fait souvent allusion aux nazis. Lorsqu’il faisait du stand-up, il aimait attirer l’attention de son public en lui disant : « La seule chose que j’admire chez Hitler… » avant de laisser entendre que le dictateur détestait les magiciens.
Il est, avec Jerry Seinfeld, à l’origine de la création du personnage de « Soup Nazi », dans « Seinfeld », et dans « Curb », il a mis en scène l’affrontement mémorable entre un survivant de la Shoah et un candidat de l’émission de télé-réalité « Survivor » qui se considérait lui aussi comme une victime.
De telles blagues ont été diversement appréciées par le public et la critique.
En 2017, dans un essai à propos de David et de sa blague blague sur la Shoah racontée du temps où il animait « Saturday Night Live », Jeremy Dauber évoque l’épisode « Survivor » de « Curb ». « Dans cet épisode de ‘Curb’ », écrit Dauber, qui est professeur de littérature juive à l’Université de Columbia, « David est d’une moralité pénétrante en mettant à mal une sorte de vacuité éthique et de relativisme historique sur la Shoah. »
Le récent essai de David n’est pas sans rappeler un sketch de 2003 du comédien juif Jon Stewart, qui imagine Hitler interviewé par le regretté Larry King, l’animateur de talk-show de CNN.
Dans son monologue, Maher, qui se présente comme un diseur de vérité centriste, entre les extrêmes politiques, anticipe l’inévitable retour de bâton à l’issue de ce dîner avec un président profondément polarisant.
« Vous pouvez me haïr pour ça, mais je ne suis pas un menteur. Trump s’est montré aimable et mesuré : pourquoi ne l’est-il pas dans d’autres circonstances, je l’ignore », conclut-il.