L’attaque du Hamas, son sinistre bilan et la suite des événements
Israël a promis une guerre à grande échelle en réponse à l'attaque meurtrière, mais il est trop tôt pour dire combien de temps durera le conflit à venir et quelle sera son ampleur
La journée de samedi a été marquée par une effusion de sang sans précédent dans l’Histoire d’Israël.
Dès le matin de la fête juive de Simhat Torah, des centaines de terroristes palestiniens ont franchi la barrière entre Israël et Gaza et se sont répandus dans plus de 20 localités, tuant plus de 600 Israéliens dans les rues, chez eux et lors d’un festival en plein air, prenant une centaine d’otages et blessant plus de 2 000 personnes.
Dans un pays dont l’Histoire est ponctuée de guerres, d’attaques terroristes et d’offensives militaires, ce Shabbat s’est distingué par son horreur. Rien de tel ne s’est jamais produit en Israël, et les Israéliens comparent cette journée à celle du 11 septembre, tout en se demandant comment leur armée, pourtant si réputée, a pu être aussi mal préparée à un assaut d’une telle ampleur.
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Près d’un jour après leur invasion, les hommes armés – envoyés par le groupe terroriste palestinien du Hamas – semblent avoir été en grande partie, mais pas entièrement, expulsés hors du territoire israélien. Mais les combats ne font que commencer. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu promet une guerre sans merci contre Gaza, qui a connu de nombreux conflits avec Israël au cours des 15 dernières années.
« Le Hamas a lancé une guerre cruelle et diabolique », a déclaré Netanyahu dans une allocution télévisée. « Nous gagnerons cette guerre, mais le prix à payer sera très lourd. C’est un jour difficile pour nous tous. »
S’agit-il du pire combat entre Israël et le Hamas ?
Le Hamas, groupe terroriste palestinien, lance des attaques contre des civils israéliens depuis des décennies et contrôle la Bande de Gaza depuis plus de 15 ans. Au cours de cette période, il a lancé des salves de missiles sur les villes israéliennes situées à la frontière de Gaza et au-delà, poussant les habitants à fuir pour se mettre à l’abri, et Israël a répondu par des frappes aériennes et des offensives qui ont tué des milliers de Palestiniens dans la bande côtière.
Israël a lancé des invasions terrestres de Gaza en 2008 et 2014. Le dernier conflit majeur entre les deux parties a eu lieu en 2021.
Mais le Hamas n’a jamais attaqué Israël comme il l’a fait ce samedi. Alors qu’il avait déjà construit un réseau de tunnels pour s’infiltrer en Israël, l’invasion de samedi était de bien plus grande ampleur. Les terroristes ont franchi une barrière construite par Israël, ont attaqué par la mer et ont commencé à tuer des gens dans 20 villes et villages. Des bandes improvisées de civils israéliens ont combattu les terroristes du Hamas tandis que l’armée israélienne se mobilisait … tardivement.
Les terroristes ont également pris un grand nombre d’otages à Gaza, ainsi que dans le réfectoire d’un kibboutz et dans une maison privée en Israël.
Ils ont capturé deux ambulances et un char israélien. Ils ont pris le contrôle du poste de police de la ville frontalière de Sderot pendant une vingtaine d’heures. Ils ont envahi une base militaire israélienne.
Une partie des violences, et de nombreuses vidéos explicites circulant sur les réseaux sociaux, ont eu lieu lors d’une rave-party qui a duré toute la nuit près de la frontière, où les fêtards ont fui le Hamas, mais où certains ont été tués ou faits prisonniers à Gaza.
Parallèlement à l’invasion terrestre, le Hamas a envoyé des volées de missiles sur des cibles dans tout le pays.
Le lendemain, le bilan officiel s’élevait à plus de 600 morts, dont de nombreux civils et les commandants de la brigade Nahal et de l’unité l’unité d’élite 888, également connue sous le nom d’unité « Refaïm » (« fantôme » en hébreu), qui comptent parmi les plus hauts responsables militaires israéliens tués ces dernières années.
Le contraste est saisissant avec les tirs de roquettes qui, en partie grâce aux systèmes israéliens d’alerte et de défense anti-missile, n’ont jamais fait autant de victimes civiles. La journée de samedi a été l’une des plus sanglantes de l’histoire d’Israël.
Comment l’armée israélienne a-t-elle réagi ?
La violence israélo-palestinienne s’est intensifiée tout au long de l’année, mais l’épicentre des combats se trouvait à Jérusalem et en Cisjordanie, et non à Gaza. Une flambée de combats entre le Hamas et Israël au début de l’année s’était terminée au bout de cinq jours.
Mais au fil de la journée, il est apparu clairement que l’attaque du Hamas avait pris Israël par surprise. Les habitants des petites villes et des kibboutzim situés le long de la frontière, en l’absence de toute aide de la part del’armée, ont formé des bandes armées et ont tenté d’éliminer eux-mêmes les combattants du Hamas. Un haut fonctionnaire local a été tué alors qu’il tentait de défendre sa ville.
Un jour après le début de l’attaque, il est apparu que Tsahal avait repris le contrôle de la zone. Mais c’était après 24 heures d’évènements qu’aucun Israélien ne s’attendait à vivre : le Hamas avait pris le contrôle d’une base militaire et d’un poste de police ; il avait capturé des véhicules militaires et médicaux ; et il avait emmené des otages à Gaza.
L’invasion a eu lieu alors que le gouvernement israélien était occupé par d’autres problématiques, notamment une initiative largement controversée visant à affaiblir le système judiciaire et un éventuel accord diplomatique avec l’Arabie saoudite. L’avenir de ces initiatives est incertain. Au lieu de cela, 50 ans exactement après qu’Israël a été pris par surprise par les invasions qui ont déclenché la Guerre de Kippour, le pays se demandait une fois de plus comment cela avait pu se produire.
« Ces jours-ci, il n’y a pas de roi en Israël », a posté en ligne le journaliste de Haaretz Amir Tibon, citant un verset de la Bible censé évoquer un sentiment de désordre. « Prenez soin de vous. »
Qu’adviendra-t-il des otages ? Israël négocie-t-il pour les otages ?
Selon des informations non confirmées, 100 Israéliens ont été capturés par le Hamas et emmenés à Gaza. Si ce chiffre, ou quelque chose d’approchant, est exact, ce serait beaucoup plus que ce que le groupe a jamais capturé.
Les enlèvements du Hamas ont, par le passé, conduit à des opérations militaires israéliennes et à au moins un échange de prisonniers.
En 2006, le Hamas avait pris en otage un soldat, Gilad Shalit. Israël avait envoyé des troupes à Gaza après sa capture, mais n’avait pas pu le récupérer. Peu après, le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah avait fait prisonniers deux autres soldats israéliens lors d’un incident qui avait déclenché la Deuxième Guerre du Liban, en 2006.
Cinq ans plus tard, en 2011, Shalit a été libéré dans le cadre d’un échange à l’héritage controversé : près de 1 000 prisonniers palestiniens ont été libérés en échange du soldat. Des négociations indirectes entre Israël et le Hamas avaient conduit à cet accord.
Trois ans plus tard, en 2014, certains des prisonniers palestiniens libérés dans le cadre de l’accord Shalit ont été impliqués dans un autre enlèvement d’Israéliens : l’enlèvement puis le meurtre de trois adolescents israéliens en Cisjordanie. Ce drame avait conduit à la guerre de Gaza de 2014, qui avait vu conduit Israël à envahir le territoire et avait duré 50 jours.
Si le Hamas a enlevé 100 civils et soldats israéliens, ce serait un autre élément du niveau de la violence de samedi, sans précédent dans l’Histoire d’Israël, bien qu’en 1976, des pirates de l’air palestiniens avaient pris plus de 100 otages à l’aéroport d’Entebbe en Ouganda. La quasi-totalité de ces otages avaient été libérés lors d’une opération célèbre au cours de laquelle le seul soldat israélien à avoir trouvé la mort a été Yoni Netanyahu, le frère de l’actuel Premier ministre.
Que se passera-t-il ensuite ?
Peu de choses sont claires, si ce n’est que les dirigeants israéliens ont promis une guerre à grande échelle dans la Bande de Gaza.
« L’armée israélienne va immédiatement activer toutes ses capacités pour détruire celles du Hamas », a déclaré Netanyahu samedi. « Nous vengerons avec force ce jour noir qu’ils ont imposé à Israël et à ses citoyens. »
Cela signifie presque certainement une invasion terrestre de Gaza, qui promet d’apporter plus de morts et de destructions. Les frappes aériennes israéliennes sur Gaza auraient déjà tué plus de 200 personnes, et bon nombre de réservistes ont été appelées.
Il est trop tôt pour dire combien de temps durera la guerre à venir et quelle sera son ampleur. La dernière invasion terrestre de Gaza, en 2014, avait duré 50 jours et s’était soldée par la mort de plus de 70 Israéliens et de plus de 2 100 Palestiniens.
Pour mener cette nouvelle opération, le centriste Yaïr Lapid, chef de l’opposition parlementaire israélienne, a demandé à Netanyahu de former un gouvernement d’urgence. Un tel gouvernement d’union d’urgence avait déjà été formé lors de la Guerre des Six Jours en 1967.
Un gouvernement d’urgence incluant les partis d’opposition signifierait probablement la fin – ou du moins une pause significative – de la question qui, jusqu’à samedi, était à l’origine d’un conflit généralisé en Israël : la refonte du système judiciaire du gouvernement. Un gouvernement composé de centristes n’approuverait pas une telle refonte, et il est moins probable qu’il aille de l’avant au milieu d’une guerre. Les manifestations contre cette refonte ont également été suspendues.
On ne sait pas non plus ce que cela signifie pour les négociations entre Israël et l’Arabie saoudite, mais tout accord entre les deux pays devait inclure des concessions israéliennes à l’Autorité palestinienne (AP), ce qu’Israël serait probablement moins enclin à accepter pendant qu’il se bat dans la Bande de Gaza.
« Pour l’instant, je ne vais pas chercher à savoir qui est à blâmer ni pourquoi nous avons été surpris », a déclaré Lapid dans un message vidéo. « Ce n’est ni le moment ni l’endroit. Nous resterons unis face à nos ennemis. Israël est en guerre. »
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.
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