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L’Australie vante sa lutte contre l’antisémitisme, les dirigeants juifs réclament plus d’actions

Le groupe de travail chargé de lutter contre la violence anti-Juifs a commencé à œuvrer, mais les récents actes à l'encontre des synagogues locales rendent la communauté vulnérable, en colère

Des croix gammées apposées sur une synagogue, à Newtown  à Sydney, en Australie, le 11 janvier 2025. (Crédit : Capture d'écran via ABC News)
Des croix gammées apposées sur une synagogue, à Newtown à Sydney, en Australie, le 11 janvier 2025. (Crédit : Capture d'écran via ABC News)

Un groupe de travail australien chargé de lutter contre les attaques antisémites a déjà reçu 124 signalements d’incidents depuis sa création le mois dernier, dont 102 font l’objet d’une enquête, selon une déclaration publiée mardi par le bureau du Premier ministre australien Anthony Albanese.

Le communiqué énumère une série de mesures prises par le gouvernement australien pour lutter contre l’antisémitisme depuis le 7 octobre 2023. Il indique également qu’Albanese « prend des mesures pour éradiquer le fléau de l’antisémitisme ».

Toutefois, à la suite d’une récente recrudescence des violences – avec notamment une série d’incendies criminels qui ont pris pour cible des synagogues locales – les représentants de la communauté juive d’Australie affirment qu’il est nécessaire de prendre davantage de mesures.

Albanese a rencontré mardi les dirigeants des États de Victoria et de Nouvelle-Galles du Sud pour discuter de la montée des actes antisémites. À l’issue de cette réunion, les trois ont convenu de travailler ensemble pour mettre fin à ces faits et veiller à ce que les responsables soient punis. Le groupe coordonnera ses efforts avec Jillian Segal, l’envoyée spéciale de l’Australie à la lutte contre l’antisémitisme, dont le poste a été créé en juillet dernier en réponse à la montée des actions contre les Juifs.

Albanese a indiqué que la prise de fonction de Segal s’inscrivait dans le cadre d’une série de mesures prises pour améliorer la situation, avec également la création de l’opération spéciale Avalite, composée de vingt et un policiers et experts de la lutte contre le terrorisme, un groupe qui est chargé d’enquêter sur les menaces pesant sur la communauté juive d’Australie. D’autres initiatives comprennent l’interdiction du salut nazi et des symboles de haine, la criminalisation du doxxing, l’introduction d’une loi interdisant les discours de haine et l’engagement de plus de 60 millions de dollars pour améliorer la sûreté et la sécurité des sites juifs dans l’ensemble du pays.

Les dirigeants juifs affirment que ces efforts ne suffisent pas à endiguer la vague d’antisémitisme. À la suite de l’attaque, la semaine dernière, d’une synagogue dans la banlieue de Newtown, à Sydney, le co-directeur général du Conseil exécutif des Juifs d’Australie (ECAJ), Alex Ryvchin, a déclaré qu’il était clair que « le gouvernement n’a pas réussi aujourd’hui à saisir la véritable gravité de la situation ».

La présidente du Conseil exécutif des Juifs d’Australie, Jillian Segal, se tenant à côté du co-directeur général Alex Ryvchin lors d’une conférence de presse, à Sydney, le 9 octobre 2023. (Crédit : David Gray/AFP)

« Nous avons besoin d’éducation, de services de police et de lignes directrices en matière de sanctions pour chasser ce terrorisme de notre environnement », a déclaré Ryvchin sur Sky News Australia.

« Nous sommes dans une situation où la communauté se réveille tous les matins sans savoir quelle synagogue ou quelle école va être touchée, et cela fait souffrir la communauté. »

Le député libéral Julian Leeser est du même avis. « Lorsque le gouvernement affirme qu’il a fait tout ce qu’il pouvait [pour lutter contre l’antisémitisme], ce n’est qu’un mensonge », a-t-il déclaré lors d’une interview télévisée peu après l’annonce du Premier ministre.

« C’est exactement comme le mensonge qu’ils ont raconté à la communauté juive avant les dernières élections, à savoir qu’il n’y aurait pas de différence de politique à l’égard de la communauté juive et d’Israël entre la coalition et le parti travailliste.Il n’y a jamais eu de plus grand mensonge dans la politique australienne », a déclaré Leeser.

Le nombre d’actes antisémites en Australie a quadruplé au cours de l’année qui a suivi le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël, et la guerre qui s’en est suivie.

La colère contre le gouvernement est vive au sein de la communauté juive australienne, qui compte quelque 120 000 membres, dont de nombreux survivants de la Shoah. Beaucoup critiquent le gouvernement pour ce qu’ils considèrent comme des actions insuffisantes.

Certains accusent le gouvernement travailliste de gauche d’avoir peur de défendre fermement les intérêts juifs par crainte d’essuyer des revers lors des élections fédérales qui sont prévues l’été prochain, où il compte beaucoup sur les voix musulmanes. L’incendie criminel antisémite de la synagogue Adass Israel de Melbourne, en décembre, a été perçu par un grand nombre comme un tournant dans une situation devenue intenable.

Ryvchin a déclaré que la flambée des attaques était « douloureusement prévisible » suite à la faible réponse du gouvernement aux violentes manifestations anti-Israël qui ont suivi le 7 octobre, ainsi qu’à son manque d’action face aux attaques sur les campus universitaires, ce qui a contribué à « créer une marge de manœuvre dans laquelle l’extrémisme prospère ».

Le Premier ministre australien Anthony Albanese (au centre) et des membres de la communauté juive locale visitant la synagogue Adass Israel incendiée, à Melbourne, le 10 décembre 2024. (Crédit : Départements du Premier ministre et du Cabinet/AFP)

Après l’attaque de la synagogue Adass Israel le mois dernier, Ryvchin et d’autres dirigeants de l’ECAJ ont envoyé une lettre à Albanese dans laquelle ils soulignaient un certain nombre de mesures nécessaires pour calmer la crise, notamment le financement de la sécurité des communautés, l’enseignement de l’antisémitisme dans les écoles, l’interdiction des manifestations à l’extérieur des synagogues, la modération des déclarations gouvernementales sur le conflit israélo-arabe et une réunion du cabinet national de tous les dirigeants des États et des territoires pour mettre en œuvre des lignes directrices uniformes en matière de maintien de l’ordre.

L’ECAJ a noté qu’un seul de ces éléments, le financement de la sécurité communautaire, a été mis en œuvre. Mais le temps est venu pour le gouvernement d’arrêter de parler et d’agir plus concrètement pour lutter contre l’antisémitisme, a-t-il ajouté.

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