Israël en guerre - Jour 471

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Le 31 août 1946, la dernière audience à Nuremberg relatée par l’AFP

Ce qui est ressorti de cette journée, c'est que les instructions, les atrocités et les crimes du 3e Reich ne sont plus contestés par ceux-là même que l'Histoire en rend coupables

Une photo de la salle du tribunal de Nuremberg datant du mois de novembre 1945 où Hersch Lauterpacht a apporté sa contribution au dossier contre le nazi Hans Frank. (Autorisation)
Une photo de la salle du tribunal de Nuremberg datant du mois de novembre 1945 où Hersch Lauterpacht a apporté sa contribution au dossier contre le nazi Hans Frank. (Autorisation)

31 août 1946 : dernière audience au tribunal de Nuremberg. Les dirigeants nazis accusés lors de ce procès historique tentent de minimiser leur implication lors d’ultimes déclarations. Voici des extraits du compte-rendu rédigé à l’époque par le reporter de l’AFP:

NUREMBERG, 31 août 1946 (AFP) – (…) Il semblait, à les entendre, que chacun des 21 accusés avait pour mission de brosser, chacun dans sa sphère, le fragment d’un tableau qui, reconstitué, devrait permettre à la nation allemande de se croire innocente de tant de crimes contre l’humanité, puisque ses grands maîtres eux-mêmes ne s’en reconnaissaient pas coupables. (…)

On sentait que l’accumulation des preuves dont les quatre réquisitoires les ont submergés, a eu raison de leur ancienne attitude d’impassibilité. Tout ce sang, littéralement, les étouffe.

Ce qui ressort en tout cas de cette journée, et cela est capital, c’est que les instructions, les atrocités et les crimes du 3e Reich ne sont plus contestés par ceux-là même que l’histoire en rend coupables. Mais c’est précisément cette responsabilité que tous leurs efforts n’ont tendu qu’à éluder.

« Je n’ai pas ordonné d’exterminer les Juifs ; je n’ai jamais ordonné de fusiller les aviateurs alliés ; j’ignorais ceci ; je réprouve cela… » Si le deuxième personnage du Reich (Hermann Goering, ndlr) était tenu en dehors des affaires, on se demande comment a pu fonctionner l’état hitlérien. Mais Goering, après cet accès d’humilité inattendu, retrouve sa superbe, et il parle alors de « ma Luftwaffe », de « mon peuple allemand », exactement comme le ferait un souverain. Il réédite même textuellement la phrase célèbre de Guillaume II « Je n’ai pas voulu la guerre ».

Hermann Goering, dans sa prison allemande, en décembre 1945. (Crédit : AFP)

Hess ne renie rien

Combien plus franche apparaît l’attitude de Rudolf Hess (ancien adjoint d’Hitler, ndlr) qui, après des incohérences, termine par une proclamation de foi nazie. Lui seul ne renie rien de son passé. Lui seul reste fidèle à Hitler. Lui seul jure qu’il recommencerait, dût-il, pour cela, encourir le bûcher.

Ribbentrop (Joachim von, ministre des Affaires étrangères) qui lui succède, inaugure la série des diplomates. Ce n’est plus le beau Joachim qui séduisait la « gentry », mais un personnage vieilli et falot qui récite sa leçon d’une voix monocorde et qui sait, avec un reste de finesse diplomatique, la semer d’embûches. (…)

Keitel (Wilhelm, chef du haut commandement de la Wehrmacht) est le premier du groupe des militaires (…). Ils s’efforceront, les uns et les autres, d’établir qu’ils sont restés dans la tradition de leur caste, en soldats loyaux et disciplinés. (…)

Ceux qui attendaient avec curiosité la déclaration de (Ernst) Kaltenbrunner furent déçus. Lui, l’âme de la police nazie, le général des SS, l’adjoint d’Himmler, allait-il être le premier à revendiquer une responsabilité qui semblait d’avance l’écraser ? Eh bien non. Même Kaltenbrunner était, à l’entendre, innocent du sang versé et des horreurs accumulées. (…)

Des larmes et du sang

Désormais, plus rien n’étonnera les auditeurs de ce procès.

(L’idéologue Alfred) Rosenberg, l’auteur du mythe raciste, pourra bien de sa voix rocailleuse se proclamer sioniste et Streicher (Julius, directeur du journal antisémite Der Stürmer) se dire l’ami d’Israël ; Frick (Wilhelm, principal auteur des lois antisémites) se vanter de sa bonne conscience ; Funk (Walther, ancien ministre de l’Economie) pleurer à chaudes larmes sur les victimes du nazisme ; Schirach (Baldur von, chef des jeunesses hitlériennes), ce bon jeune homme, comparer les jeunesses hitlériennes à d’inoffensifs patronages et Sauckel (Fritz, responsable du travail forcé), le négrier de l’Europe, se muer en bon père de famille. Tout cela serait comique s’il n’y avait le souvenir de tant de larmes et de sang.

Schacht (Hjalmar, ancien ministre de l’Economie), lui, a sans doute sauvé sa tête. Dès le début du procès, il a tenu à se désolidariser de ses co-inculpés et du régime d’Hitler. Aujourd’hui, on sentait plus que jamais son désir de ne pas être confondu avec eux, lui qui a goûté du camp de concentration de Flossenburg. Cela suffira-t-il à effacer des responsabilités très réelles ?

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