Le cabinet de sécurité annule le vote sur le retour des travailleurs palestiniens
La réunion du cabinet de sécurité a commencé par l'allumage de la quatrième bougie de Hanoukka - un moment de concorde qui a rapidement laissé place aux désaccords politiques

Les membres du cabinet de sécurité qui se sont réunis au siège du ministère de la Défense à Tel Aviv ont commencé leur rencontre en allumant les bougies de Hanoukka, au quatrième soir de la fête.
Le ministre des Finances Bezalel Smotrich a récité les bénédictions et le Premier ministre Benjamin Netanyahu a allumé les bougies.
Un moment de recueillement et de concorde qui s’est rapidement dissipé lorsque le cabinet de sécurité a discuté, jusqu’à une heure avancée de la nuit, de la proposition qui permettrait aux Palestiniens qui travaillent en Israël de faire leur retour dans le pays – ce qui ouvrirait potentiellement la porte à des milliers employés qui n’ont plus pu travailler et gagner leur vie depuis le 7 octobre.
La proposition n’a finalement pas été présentée au vote.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui semblait favorable à cette initiative, a choisi de ne pas la faire voter dans la mesure où de forts désaccords se sont exprimés parmi les ministres siégeant au cabinet. Il aurait craint de ne pas avoir la majorité.
Cette proposition visant à autoriser les travailleurs palestiniens à revenir sur le territoire dans le sillage de l’assaut sans précédent du 7 octobre avait déjà été rejetée par le cabinet socioéconomique, qui compte quinze membres, dans la matinée.
Le ministre des Finances Bezalel Smotrich, qui dirige le cabinet socioéconomique, a indiqué, dimanche dans la soirée, que treize membres du cabinet avaient voté contre cette initiative et qu’il y avait eu deux abstentions -le ministre de l’Agriculture Avi Dichter et le ministre du Travail Yoav Ben Tzur.
Il a ajouté que le cabinet socioéconomique avait recommandé au cabinet de sécurité de s’opposer à l’entrée des travailleurs palestiniens en Israël, estimant qu’Israël « peut et doit présenter des alternatives qui apporteront une solution différente à l’économie ».
Citant une source qui a assisté à la rencontre de la réunion du cabinet, dimanche soir, le site d’information Walla a noté que les représentants de l’armée israélienne, le Coordinateur des Activités gouvernementales sur les territoires (COGAT) et le Shin Bet avaient fait part de leur soutien à la proposition, mais que les délégués de la police israélienne avaient dit y être défavorables.
La source a aussi fait remarquer que certains ministres avaient fait part de leur désaccord, ce qui a décidé Netanyahu à ne pas présenter la proposition au vote pour le moment.
Selon Walla, une autre question a été également retirée de l’agenda des votes du cabinet – celle du transfert des revenus fiscaux dus à l’AP, un transfert auquel Smotrich s’oppose avec force, considérant l’Autorité palestinienne comme une instance qui soutient le terrorisme.
« La peur de prendre des décisions a aussi accompagné toute cette réunion du cabinet », a confié la source à Walla.
Dans un communiqué émis dans la journée de dimanche, Smotrich a dit que « l’argent et les permis de construire n’achètent pas le paix. Ceux qui nous ont tués lorsqu’il n’y avait pas d’argent nous tueront aussi quand il y aura de l’argent. La sécurité des citoyens d’Israël doit passer en premier ».
Depuis l’attaque commise, le 7 octobre, par le Hamas – des milliers d’hommes armés ont tué 1200 personnes dans les communautés du sud d’Israël où ils ont semé la désolation, prenant également 240 personnes en otage – ce sont plus de 150 000 Palestiniens de Cisjordanie qui se sont trouvés dans l’incapacité d’entrer en Israël pour y travailler.
Avant l’attaque du Hamas et la guerre qui s’est ensuivie, environ 150 000 Palestiniens de Cisjordanie et 17 000 Palestiniens de la bande de Gaza avaient les permis nécessaires pour venir légalement sur le territoire israélien pour le travail.
Alors qu’ils ne peuvent plus venir au sein de l’État juif et que la majorité des 30 000 ouvriers agricoles thaïlandais qui travaillaient dans les exploitations israéliennes agricoles ont quitté le pays après le 7 octobre, le secteur de l’agriculture connaît actuellement une véritable crise de sa main-d’œuvre.
Selon des informations parues dans les médias israéliens, le Conseil de sécurité nationale, l’armée et le Shin Bet ont appelé le cabinet à permettre aux Palestiniens de revenir travailler en mettant en vigueur des mesures de sécurité renforcées – par exemple, en les amenant directement en bus sur leur lieu de travail, ce qui les empêcherait de déambuler. Ils ont expliqué croire qu’une telle initiative pourrait prévenir un élargissement du conflit à Gaza en Cisjordanie, où la détresse économique ne cesse de s’intensifier.

Dans le cadre de ce renforcement des mesures de sécurité, seuls les hommes mariés et âgés de plus de 35 ans pourraient obtenir un permis de travail.
De son côté, la chaîne publique Kan a fait savoir, dimanche, que l’establishment de la Défense avait proposé de permettre à ces travailleurs d’entrer avec la mise en place d’un système de contrôle de pointe.
Gideon Saar, ministre sans portefeuille, a critiqué les mesures qui ont été proposées par le Conseil national de sécurité, disant qu’elles « ont oublié de mentionner le nombre d’attaques, le 7 octobre, qui ont été perpétrées par des hommes mariés, âgés de plus de 35 ans. »
Le conseiller économique de Netanyahu, Avi Simhon, qui était aussi présent lors de la rencontre du cabinet socioéconomique, a indiqué, lors de la réunion du cabinet de sécurité, que Netanyahu lui-même était favorable à cette proposition, avertissant que la bloquer pourrait entraîner de graves conséquences pour l’économie israélienne.
« Les secteurs de la construction et des infrastructures sont paralysés. Cela représente une perte de dix milliards de shekels par mois », a-t-il dit. « Il faut que les ouvriers reviennent au moins dans ce secteur ».
Toutefois, la majorité des membres du cabinet socioéconomique ont estimé que recommencer à laisser entrer les travailleurs palestiniens sur le territoire mettrait en danger les vies des Israéliens.

Le ministre de l’Économie, Nir Barkat, a attaqué les membres du gouvernement favorables au retour des travailleurs palestiniens au sein de l’État juif, les accusant de ne pas avoir tiré les leçons de l’attaque du 7 octobre.
« Vous vivez encore le 6 octobre ; vous refusez d’accepter que l’ordre du monde a changé », s’est-il emporté. « Ces jours où Israël dépendait des mains des travailleurs palestiniens, cette période est terminée. Nous devons créer des alternatives. Vous voulez faire entrer l’ennemi en Israël ? Vous êtes fous ? Vous n’avez tiré aucune leçon du 7 octobre. »
« Ces jours où nous dépendions des travailleurs palestiniens, c’est fini », a renchéri un ministre qui n’a pas été identifié, selon un reportage diffusé par la Douzième chaîne. « Si nous le voulons, nous pouvons remplacer tous les travailleurs par des étrangers en l’espace d’une ou de deux semaines ».
A la fin de la réunion, les ministres ont appelé Netanyahu à organiser une rencontre, dans un avenir proche, concernant le statut des ouvriers palestiniens qui travaillent dans les implantations juives en Cisjordanie – environ 8000 auraient d’ores et déjà repris le travail.
« Les critères permettant l’entrée des Palestiniens de Cisjordanie doivent aussi s’appliquer aux implantations de Cisjordanie », a affirmé Smotrich. « Nous ne pouvons pas faire de différence entre les vies et la sécurité des citoyens d’Israël doit prendre le pas sur toutes les autres considérations ».