Le centre d’éducation et de recherche du Néguev menacé de fermeture
Le Midreshet Ben Gurion affirme que le ministère de l’Education suspend son financement pour des raisons idéologiques ; le ministère réplique en évoquant des dépenses excessives
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Le prestigieux complexe universitaire et scientifique Midreshet Ben Gurion, situé dans le sud du désert du Néguev, va devoir fermer dans neuf jours, à moins que le ministère de l’Education ne tienne son engagement de fournir un quart du budget annuel de l’institution, a annoncé samedi la Deuxième chaîne.
Aucune somme d’argent n’a été versée depuis juillet, a précisé la chaîne.
L’enjeu est de 12 millions de shekels. L’institution récolte elle-même le reste de son budget.
Des responsables universitaires ont accusé Naftali Bennett, le ministre de l’Education qui préside aussi le parti de droite HaBayit HaYehudi, d’être responsable du déficit, affirmant qu’il s’opposait aux valeurs du centre.
Situé près du kibboutz Sde Boker et lié académiquement à l’université Ben Gurion du Néguev de Beer Sheva, l’institution a été créée au début des années 1960 pour refléter la vision du premier Premier ministre d’Israël, David Ben Gurion, pour encourager l’implantation juive et le développement intellectuel de la région aride et relativement vide.
Il combine plusieurs institutions pédagogiques et scientifiques dans des domaines de recherche liés au désert, dont un institut pour la recherche sur le désert, un centre national d’énergie solaire, un internat, un lycée environnemental, une école de terrain et une académie de préparation militaire.
Il a permis des avancées révolutionnaires dans les domaines de l’énergie alternative, de l’agriculture durable dans les paysages arides, et de la biotechnologie.
Ben Gurion, qui a dirigé le mouvement travailliste, a vécu et est enterré dans le kibboutz Sde Boker.
« Nous n’aurons plus d’argent dans dix jours », a dit Yossi Alsheich, président du comité des finances du conseil d’administration. « Nous ne pourrons pas acheter de nourriture pour les étudiants, ni payer les salaires des employés, et nous devrons donc fermer l’institution. »
Le ministère de l’Education a cependant accusé l’institut de laisser courir un déficit « aux dépens des finances publiques, sans justification. »
Again in this beautiful place on earth- sde boker!
Posted by Tomi Bar-zeev on Wednesday, June 7, 2017
La somme relativement faible impliquée ne serait pas la vraie raison, a insisté Alsheich, qui a souligné que des montants bien plus importants avaient été versés à d’autres institutions.
Uri Distenik, le directeur de l’école, a accusé le ministère de mener un « assassinat ciblé » contre ce que représente l’institution.
Hilik Bar, député de l’Union sioniste, a déclaré samedi ironiquement sur Twitter que, « s’ils l’avaient appelé la yeshiva Sde Boker, ou Midreshet Jabotinsky [du nom de Zeev Jabotinsky, visionnaire de droite et influence fondamentale du Likud et du Premier ministre Benjamin Netanyahu], il serait certain que le budget serait maintenu. »
Bar, qui préside le forum parlementaire pour le renforcement de la périphérie, a écrit sur Facebook qu’il était « honteux » que le ministère de l’Education laisse l’institution fermer, et jugé que c’était une « faillite morale » du gouvernement.
« L’héritage du défunt Premier ministre Ben Gurion d’amour de la terre et de l’humanité doit être instillé chez tous les citoyens d’Israël, quelle que soit leur affiliation politique, et le Midreshet Sde Boker [l’autre nom du Midreshet Ben Gurion] du Néguev fait ceci depuis des années, une véritable mission sioniste », a-t-il ajouté.
Dans une lettre adressée à Bennett le mois dernier, le conseil d’administration de l’académie a accusé le directeur général du ministère de l’Education, Shmuel Abuav, de les éviter, a indiqué le site d’information Walla.
« Nous tentons d’empêcher [la fermeture] depuis deux mois, mais l’absence d’organisation et le mépris [à notre égard] ne nous permet pas d’attendre plus longtemps », mettait en garde la lettre.
Le département des finances du ministère a torpillé un projet alternatif pour approuver le versement des 12 millions de shekels à condition que l’école mette en place une école de formation des enseignants pour servir tout le pays, a indiqué la Deuxième chaîne.
Il y a deux mois, il a ensuite informé le conseil d’administration qu’il voulait supprimer le financement ministériel sur les deux prochaines années, selon Alsheich.
Le ministère a cependant précisé qu’il travaillait sur un programme de réhabilitation qui permettrait à l’école de fonctionner sans déficit et de servir tout le système scolaire.