Le centre juif de l’Université de Pennsylvanie vandalisé par un intrus antisémite
Selon la police, l'agresseur était "en état de crise" ; un festival de littérature palestinienne accueillera des conférenciers accusés d'antisémitisme
JTA – Une personne qui, selon la police, « traversait une crise » est entrée et a vandalisé le centre Hillel de l’Université de Pennsylvanie tôt jeudi.
L’incident a suscité des craintes sur un campus où certains Juifs étaient déjà en état d’alerte à cause d’un festival de littérature palestinienne à venir, qui accueillera des orateurs qui ont été accusés d’antisémitisme.
L’acte de vandalisme s’est produit alors que le bâtiment était ouvert pour la journée, juste avant 7h, heure à laquelle les étudiants juifs orthodoxes se réunissent chaque jour pour les offices du matin. L’intrus présumé s’est glissé dans le bâtiment derrière un membre du centre Hillel, a brisé une table et un podium, renversé une table et une poubelle dans le hall d’entrée, éparpillé des papiers et crié des blasphèmes, selon un article du Daily Pennsylvanian.
Plusieurs étudiants ont déclaré au journal que des témoins leur avaient rapporté que l’intrus avait tenu des propos antisémites, notamment « F-k the Jews » et « They killed JC », en référence à l’accusation selon laquelle les Juifs auraient tué Jésus. La personne a également crié « Jésus est roi ».
L’intrus est resté dans le bâtiment pendant environ une minute avant que le personnel de sécurité du bâtiment ne l’expulse et que les offices se poursuivent, selon un communiqué de Penn Hillel. Aucun étudiant n’a été témoin de l’incident lui-même, précise le communiqué.
Les étudiants ont déclaré avoir été bouleversés par ce qui s’est passé, dont les traces étaient encore visibles plus tard dans la matinée.
This morning at Penn, while people were arriving for prayer at Hillel, a man walked in shouting “F the Jews, you killed Jesus Christ” and vandalized the property.
The man fortunately has been arrested by Penn police, however, this is the reality Jewish students face on campus… pic.twitter.com/u5uHlzb1t5
— Adar Rubin (@rubin_a1) September 21, 2023
« Lorsque j’ai appris la nouvelle, mon estomac s’est immédiatement retourné », a confié Maya Harpaz, étudiante et membre du conseil d’administration de Hillel, au Daily Pennsylvanian. « C’est vraiment effrayant de savoir que cela peut se produire dans un endroit que l’on considère comme très sûr sur le campus. »
Dans un premier commentaire, un représentant de Hillel a établi un lien entre l’incident et le calendrier juif et le festival des écrivains palestiniens, qui doit débuter vendredi et se poursuivre jusqu’à dimanche après-midi. Des groupes pro-Israël de tout le pays ont condamné le festival, et certains ont demandé à l’Université de Pennsylvanie de l’annuler.
« Cette personne n’a pas choisi par hasard d’entrer dans notre bâtiment. Il n’a pas choisi par hasard de crier des slogans antisémites. Il a choisi notre bâtiment », a écrit le représentant de Hillel au Daily Pennsylvanian. « Il a choisi de le faire trois jours avant Yom Kippour. Il a choisi de le faire un jour avant la venue sur le campus d’un certain nombre d’orateurs qui ont l’habitude de faire des déclarations antisémites et haineuses à l’encontre des Juifs. Il ne s’agit pas d’une coïncidence. »
Les détails exacts de l’incident font encore l’objet d’une enquête. Dans un premier temps, une déclaration de Hillel indiquait que l’intrus présumé était un étudiant. Mais dans une déclaration ultérieure publiée sur le compte Instagram de Hillel, cette description a été reformulée en « un membre inconnu de la communauté du campus ».
La personne en question était erratique avant d’entrer dans le bâtiment et a ensuite été transportée pour « une évaluation plus approfondie », a écrit la division de la sécurité publique de Penn dans une déclaration à la police du campus, a rapporté le journal de l’université.
Le bâtiment de Hillel est déjà sécurisé aux heures d’ouverture. Hillel a demandé à l’université de mettre instamment en place un service de sécurité à temps plein devant le bâtiment.
À partir de vendredi, Hillel organise un « Shabbat Together », qui « célèbre la fierté juive, l’unité et la solidarité » en réponse au festival palestinien.
Dans une lettre adressée mercredi à Jonathan Greenblatt, directeur-général de l’Anti-Defamation League (ADL), la présidente de l’université, Elizabeth Magill, a indiqué qu’elle n’interviendrait pas dans la conférence, citant « l’engagement de l’université en faveur de la liberté d’expression et de la liberté académique » qui, selon elle, « sont au cœur de notre mission éducative ». Elle a toutefois précisé que l’université travaillait avec Hillel pour « apporter son soutien » avant le festival de littérature et qu’elle avait renforcé la sécurité des groupes juifs sur le campus pendant les fêtes du Nouvel an juif, qui ont commencé le 15 septembre et se poursuivront jusqu’au 8 octobre.
« Particulièrement en ce moment où nous sommes tous témoins d’une augmentation dramatique des actes antisémites, notamment sur les campus universitaires, je suis personnellement engagée plus que jamais dans la lutte contre l’antisémitisme sous toutes ses formes », a-t-elle écrit.
Sydney Freedman, élève de Terminale et membre active de la communauté orthodoxe, a trouvé le hall d’entrée dans un état chaotique lorsqu’elle est arrivée en retard à l’office, a-t-elle déclaré au journal étudiant.
« Ce matin, lorsque je suis allée prier avec ma communauté, comme je le fais tous les jours, j’ai découvert que le bâtiment avait été vandalisé et que quelqu’un était entré et avait commencé à crier des propos vraiment violents et agressifs contre mon peuple », a déclaré Freedman au Daily Pennsylvanian. « Je me sentais tellement coupable d’avoir peur et puis quelque chose comme ça arrive et c’est vraiment révélateur. »