Le chef de la police de Tel Aviv refuse de discuter de sa mutation avec Shabtai
Ami Eshed dénonce "une procédure invalide", dans une lettre au commissaire, où il affirme que sa convocation pour un autre poste est une tentative de l'écarter de la police

Le commandant du district de Tel Aviv de la police israélienne, Amichai Eshed, a écrit une lettre au commissaire de police Kobi Shabtai lundi, dans laquelle il affirme que la décision du chef de la police de le convoquer à un entretien pour un autre poste est « politiquement motivée » et constitue une tentative à peine voilée de le chasser des forces de l’ordre.
« C’est une procédure invalide et illégale… et Eshed n’a aucune intention de coopérer », peut-on lire dans la lettre rédigée par l’avocat du commandant du district de Tel-Aviv.
En mars, le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir avait annoncé la mutation, sur recommandation de Shabtai, d’Eshed à un nouveau poste, après avoir critiqué la gestion des manifestations de masse contre le projet de réforme judiciaire du gouvernement par le commandant. Cette décision a été rapidement gelée par la procureure générale Gali Baharav-Miara, qui a elle aussi exprimé des inquiétudes quant aux motivations politiques de ce transfert.
Shabtai et Ben Gvir ont tous deux insisté sur le fait que le renvoi d’Eshed était prévu depuis longtemps Mais Ben Gvir a également indiqué que la décision de procéder à cette mutation au moment présent était liée à la manière dont le commandant avait géré les manifestations à Tel Aviv. Le ministre avait critiqué l’attitude, trop indulgente à ses yeux, de la police envers les manifestants, même lorsque ces derniers ont bloqué des routes et Ayalon, l’autoroute la plus importante du pays.
Shabtai a approuvé le transfert d’Eshed, en raison semble-t-il des tensions de longue date avec l’officier supérieur, mais a admis par la suite que cette décision avait été une erreur à ce moment-là.
Dans sa lettre de lundi, l’avocat d’Eshed, Amichai Mager, soutient que la décision de Shabtai de l’interviewer pour le poste de chef du département de formation de la police n’est en fait qu’une tentative de l’évincer, puisque le nouveau poste est de rang inférieur.

Les « considérations de Shabtai sont personnelles, politiques et contraires aux instructions de la procureure générale », indique la lettre.
« Je voudrais insister sur le fait que toute tentative de démettre mon client de ses fonctions à l’heure actuelle équivaut à un licenciement pour des motifs personnels et politiques, avec toutes les implications que cela comporte. Mon client n’a pas l’intention de coopérer à cette pratique inappropriée », a écrit Mager.
La lettre précise que Shabtai a refusé de permettre à Eshed de présenter son cas et de contester les accusations portées contre sa conduite.
Depuis l’annonce du gouvernement au mois de janvier sur ses projets radicaux visant à affaiblir le système judiciaire, Israël est secoué par des manifestations de masse. Les manifestants ont prévenu que ces propositions affaibliraient le caractère démocratique d’Israël, supprimeraient un élément clé de son équilibre des pouvoirs et laisseraient les minorités sans protection. Les partisans de ce projet affirment qu’il s’agit d’une réforme indispensable pour maîtriser une cour trop activiste.
Des discussions, organisées par le président Isaac Herzog, entre la coalition et les partis d’opposition Yesh Atid et HaMahane HaMamlahti sont actuellement en cours pour tenter de parvenir à un accord sur la réforme judiciaire suite à l’annonce faite par le Premier ministre Benjamin Netanyahu de suspendre le projet de refonte législative.