Le chef de la police présente ses excuses pour ses commentaires sur les Ethiopiens
Roni Alsheich affirme qu’il tentait d’expliquer pourquoi les policiers discriminaient pour combattre le phénomène non pas pour le justifier
Le chef de police Roni Alsheich a présenté des excuses jeudi soir pour les commentaires qu’il a faits plus tôt dans la semaine que beaucoup dans la communauté juive éthiopienne d’Israël a avait considéré comme une justification des pratiques policières discriminatoires à leur égard.
Mardi, lors d’un discours prononcé devant l’Association du barreau d’Israël, le premier policier d’Israël a déclaré que des études dans le monde entier ont montré que les taux de criminalité sont plus élevés chez les populations immigrées et que donc il était seulement « naturel » que les forces de l’ordre soit plus soupçonneuses envers des immigrants récents, y compris les Israéliens éthiopiens, plus que d’autres citoyens.
« Quand un officier de police tombe sur une personne suspecte [qu’elle soit jeune ou d’origine immigrée, ou les deux], son cerveau le soupçonne naturellement plus que si [le suspect] était quelqu’un d’autre », a-t-il expliqué.
Alsheich a poursuivi en expliquant que cette tendance chez les policiers d’associer les immigrés avec le crime à conduit à un comportement « policier excessif » et des frictions avec ces communautés et il s’est vanté des mesures qu’il a prises en tant que chef de police avec les dirigeants de la communauté éthiopienne, pour lutter contre cette tendance et réduire les tensions.
Les militants et les dirigeants éthiopiens ont accusé le chef de la police de justifier la discrimination des policiers.

Alsheich a nié avec véhémence cette accusation en expliquant qu’il ne justifiait pas la discrimination et le comportement « policier excessif » mais qu’il avait simplement essayé de comprendre le phénomène dans le but de combattre.
Lors d’une réunion jeudi soir de la commission de coordination conjointe des dirigeants juifs éthiopiens et des officiers de police haut-gradés, il a déclaré qu’il voulait présenter des excuses « à toute la communauté avec un héritage éthiopien et tous ceux qui ont été blessés par les articles dans les médias ».
Selon un communiqué de la police, il a insisté sur le fait qu’il n’avait pas l’intention de causer de mal, « mais de soulever une question comme une première étape en vue de trouver les solutions convenues ».
La réunion en elle-même avait été organisée quelques semaines plus tôt, a indiqué la police, et avait pour ordre du jour de débattre « des moyens de freiner le comportement policier excessif et réduire la criminalité chez les jeunes ».
Alsheich a également promis lors de la réunion qu’il ordonnerait tous les commissariats de police d’Israël de réexaminer les dossiers de la police dans le but de trouver des cas d’abus policier, plutôt que l’activité criminelle réelle, avait conduit à une arrestation. L’objectif, a-t-il dit, serait la « clôture du plus grand nombre de cas possible ».

Selon les chiffres de la police, les neuf derniers mois ont vu une baisse de 20 % des cas ouverts par les membres de la communauté éthiopienne par rapport à la même période l’an dernier.
Alsheich a fait face à la critique cinglante à la suite de ses commentaires mardi, avec de nombreux militants interrogés par la télé qui affirmaient que ses paroles imprudentes reflétaient un aveuglement général dans les forces de police à l’expérience généralisée de la discrimination subie par les jeunes à la peau foncée lors de leurs rencontres avec les policiers.
Mercredi, les soldats éthiopiens qui sont réservistes dans les unités d’élite ont écrit une lettre au chef d’état-major de Tsahal, Gadi Eisenkot disant qu’ils ne se soumettraient pas à leur devoir suites aux remarques d’Alsheich.
« Nous sommes malades de l’exigence de l’État qui nous impose de continuer à honorer un contrat selon lequel nous sommes des citoyens ayant des obligations, mais pas des droits », ont écrit les réservistes au chef d’Etat-major de l’armée, Gadi Eisenkot, selon la Dixième chaîne.
Les signataires de la lettre comprennent des combattants des brigades Golani, Givati et les brigades de parachutistes, ainsi que des unités d’élite telles que Maglan, qui est spécialisée dans les opérations top-secrète derrière les lignes ennemies.
« Nous exprimerons notre malaise à travers des actions de désobéissance civile organisées, dont le premier sera notre refus de nous présenter au devoir de réserve », ont-ils écrit.
Alsheich a accusé, mercredi, «un petit groupe d’agitateurs » qui ont déformé ses commentaires intentionnellement qui ont causé « d’énormes dégâts ».
Les Israéliens-Ethiopiens ont longtemps accusé la police de brutalité et d’abus contre les membres de leur communauté. L’année dernière, la communauté a organisé une série de manifestations de masse à travers le pays, déclenchées par des séquences vidéo montrant une agression de la police, apparemment non provoquée, sur un soldat Israélien éthiopien en avril dernier.