Le chef de Tsahal promet une enquête approfondie sur l’explosion qui a tué 21 soldats
L'attaque d'un bâtiment truffé d'explosifs en vue de sa démolition a provoqué l'effondrement de deux structures, tuant 19 soldats ; deux autres sont morts après un tir contre un char
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Alors que le chef de l’armée israélienne a promis mardi de mener une enquête « approfondie » sur une explosion meurtrière dans la bande de Gaza la veille, qui a tué 21 soldats, l’armée a publié de nouveaux détails sur son enquête initiale sur l’incident.
L’explosion de lundi après-midi, qui a fait s’effondrer deux bâtiments sur des soldats à environ 600 mètres de la frontière israélienne, près de la communauté de Kissufim, est l’incident le plus meurtrier depuis le début de l’offensive terrestre israélienne dans l’enclave et porte le nombre de morts militaires dans l’opération à 219.
Selon de nouveaux détails de l’enquête de Tsahal, des membres du Hamas ont tiré un missile RPG sur l’un des bâtiments alors qu’ils se cachaient dans une plantation voisine.
Les deux bâtiments avaient été équipés d’une vingtaine de mines avant une détonation, dans le cadre de l’action de l’armée pour établir une zone tampon entre Israël et Gaza, qui, selon l’armée israélienne, devrait permettre aux habitants des communautés frontalières israéliennes de rentrer chez eux. La zone tampon viserait à donner à l’armée une vue plus claire de la bande de Gaza afin de prévenir d’éventuelles tentatives d’infiltration.
Les tirs de RPG à quelques dizaines de mètres de distance ont probablement déclenché les mines, provoquant l’effondrement des structures et tuant 19 soldats à l’intérieur et à proximité d’elles, a déclaré l’enquête de Tsahal.
Un char de Tsahal qui gardait l’opération a repéré les membres du Hamas et était sur le point de riposter lorsque les hommes armés ont tiré un autre RPG qui a touché le char et tué deux soldats qui s’y trouvaient.
La cellule du Hamas aurait alors pris la fuite.
L’armée israélienne enquête sur la sécurité de ces opérations, ainsi que sur le nombre de soldats à proximité et à l’intérieur des bâtiments destinés à être démolis.
Après l’explosion de lundi, un grand nombre de soldats des unités de recherche et de sauvetage de Tsahal, ainsi que des membres des services d’incendie et de secours israéliens, ont travaillé pour extraire les victimes des bâtiments effondrés.
Les services de secours ont parlé d’une scène digne des conséquences d’un tremblement de terre.
Ce mardi soir, l’armée israélienne aurait achevé son opération de démolition où les 21 soldats ont été tués. Des images publiées par la Douzième chaîne montrent plusieurs bâtiments détruits lors d’une explosion contrôlée.
יממה לאחר האסון: הושלמה השמדת המתחם שבו נפלו 21 הלוחמים | תיעודhttps://t.co/AUCS3wSA8F | @ndvori pic.twitter.com/8FbNl6u1eG
— החדשות – N12 (@N12News) January 23, 2024
Plusieurs opérations de démolition similaires avaient déjà été menées dans la bande de Gaza.
Le chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi, a publié une déclaration vidéo sur l’incident, après s’être rendu sur les lieux et avoir ouvert une enquête sur l’explosion.
« Nous partageons le chagrin des familles pour cette lourde perte, et nous savons que la douleur est trop grande pour être supportée », a déclaré Halevi.
« Si cela peut être d’un quelconque réconfort, j’aimerais que les familles sachent qu’ils sont morts au combat près de la barrière frontalière, lors d’une opération de défense dans la zone tampon entre communautés israéliennes et Gaza. Cette tâche a pour unique but de rétablir des conditions de sécurité de nature à permettre le retour en toute sécurité des habitants [des communautés frontalières de Gaza] », a-t-il déclaré.
« C’est dans ce but que nous sommes entrés dans cette guerre, qui a commencé par une tentative cruelle de priver ces lieux de toute vie, et nous sommes plus déterminés que jamais à ramener la vie ici, plus forte encore », a poursuivi Halevi.
Le chef d’état-major a dit s’être entretenu avec des commandants sur les lieux de l’incident, et avoir été informé des premières conclusions de l’enquête sur l’explosion.
« Comme toujours, nous allons enquêter en profondeur et en tirer les leçons tout en poursuivant le combat, de manière à ce qu’un tel incident ne se reproduise jamais », a déclaré Halevi.
Il a souligné que les combats à Gaza seraient longs et qu’il y aurait encore « beaucoup de défis à relever », raison pour laquelle l’armée israélienne envoie à tour de rôle ses unités reprendre des forces hors de la bande de Gaza.
« En ce jour difficile, il est important de dire que nous nous battons depuis 108 jours et que nous n’oublions pas le 7 octobre : nous n’oublions pas la raison pour laquelle nous sommes entrés en guerre », a ajouté Halevi.
Il a déclaré qu’au cours des dernières 24 heures, l’armée israélienne avait « intensifié ses opérations à Khan Younès, avec plus de succès encore, tout en continuant à se battre dans le nord de la bande de Gaza, avec toujours plus de réussite ».
« En ce jour, nous mesurons le lourd et douloureux fardeau de la guerre, mais elle est nécessaire et unique en son genre. Nous continuerons à nous battre pour notre droit à vivre ici en toute sécurité », a ajouté Halevi.
Suite au drame, les États-Unis ont présenté leurs condoléances aux familles des 21 soldats de Tsahal tués, a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby.
« Hier, ce fut une journée terrible pour Tsahal », a déploré Kirby lors d’un point presse. « Cela représente une quantité énorme de soldats perdus en une journée et nos condoléances vont à toutes les familles et à leurs coéquipiers. »
Kirby a affirmé que des pourparlers « sobres et sérieux » avaient lieu en vue d’un nouvel accord sur les otages.
Il a précisé qu’il qualifierait les pourparlers uniquement de « discussions » et non de « négociations », expliquant qu’il y avait un long chemin à parcourir avant de parvenir à un éventuel accord.
Interrogé sur les informations faisant état d’une nouvelle proposition israélienne de suspendre les combats jusqu’à deux mois en échange d’une libération progressive des 136 otages restants, Kirby a réitéré que les États-Unis soutiendraient des pauses prolongées dans les combats, sans toutefois soutenir un cessez-le-feu permanent.
Israël a lancé son offensive à Gaza après l’attaque du Hamas le 7 octobre dernier, dans le sud d’Israël, au cours de laquelle des terroristes ont envahi des bases militaires, des communautés et un large festival de musique, et tué près de 1 200 personnes, essentiellement des civils, dans une extrême brutalité. Les terroristes ont également fait 253 otages.
Israël s’est fixé pour objectif de détruire le Hamas et de libérer les otages. Toutefois, trois mois plus tard, l’offensive n’a pas encore atteint ses objectifs et la pression se fait de plus en plus forte, en Israël, pour conclure un accord avec l’organisation terroriste et organiser le retour des otages toujours détenus à Gaza. La pression internationale s’est également intensifiée pour que soit mis un terme à cette guerre dont le bilan humain s’alourdit côté palestinien, sur fond de situation humanitaire toujours plus difficile à Gaza.
Le ministère de la Santé dirigé par le Hamas a déclaré lundi que 25 295 Gazaouis avaient été tués lors de la guerre, chiffre invérifiable susceptible de comprendre des membres du Hamas et des victimes de roquettes palestiniennes égarées. L’armée israélienne affirme, pour sa part, avoir tué plus de 9 000 membres du Hamas depuis le lancement de l’offensive, auxquels s’ajoutent un millier de personnes tuées en Israël le 7 octobre.
Israël a intensifié sa campagne militaire dans le sud de Gaza ces derniers jours, en mettant particulièrement l’accent sur la ville de Khan Younès.
L’opposition de nombreux proches d’otages à la stratégie du gouvernement se fait de plus en plus forte et virulente, au motif que la poursuite des combats met leurs proches en danger.