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Le chef d’État-major dénonce « les ingérences politiques » au sein de l’armée

Kohavi a défendu l'officier qui a emprisonné un soldat qui s'en était pris à des activistes d'extrême-gauche ; Lapid a dénoncé "les incitations" de députés contre des commandants

Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Un soldat de Givati (à gauche) est vu en train de confronter un activiste dans la ville d'Hébron, en Cisjordanie, le 25 novembre 2022, et le maj Aviran Alfasi (à droite), alors commandant du bataillon Tzabar, en avril 2019. (Crédit : Capture d'écran/Breaking the Silence ; armée israélienne)
Un soldat de Givati (à gauche) est vu en train de confronter un activiste dans la ville d'Hébron, en Cisjordanie, le 25 novembre 2022, et le maj Aviran Alfasi (à droite), alors commandant du bataillon Tzabar, en avril 2019. (Crédit : Capture d'écran/Breaking the Silence ; armée israélienne)

Le chef d’État-major de l’armée Aviv Kohavi a déclaré, mercredi, que les ingérences politiques dans les décisions militaires étaient « inacceptables » après qu’un commandant a été pris pour cible par les politiciens de droite pour sa condamnation d’un soldat à dix jours de prison militaire. Ce dernier s’en était pris à des activistes de gauche à Hébron, en Cisjordanie.

Tsahal a indiqué que Kohavi « a établi clairement qu’attaquer cet officier est inacceptable, comme toute ingérence politique dans les décisions prises par les commandants est inacceptable ».

« Diffamer des commandants pour des raisons politiques est une pente glissante qu’en tant que société, nous ne pouvons pas nous permettre d’emprunter », a dit le chef d’État-major dans un communiqué fourni par l’armée israélienne.

« Nous ne permettrons à aucun politicien, qu’il soit de droite ou de gauche, d’intervenir dans les décisions prises par les commandants et d’utiliser l’armée comme outil de promotion d’un agenda politique », a continué Kohavi.

Le chef d’État-major de Tsahal Aviv Kohavi lors d’une conférence à Ganei Tikva, le 18 août 2022. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

« Les ingérences politiques au sein de Tsahal nuisent aux capacités de l’armée à mener à bien ses missions et nuisent également à sa légitimité », a-t-il continué.

Itamar Ben Gvir, chef d’Otzma Yehudit, avait vivement critiqué l’armée pour la sanction infligée au soldat, même s’il avait aussi dénoncé les attaques menées contre le lieutenant-colonel Aviran Alfasi, commandant du bataillon Tzabar de la brigade d’infanterie Givati, à l’origine de la condamnation du militaire à dix jours de prison.

Alfasi a été la cible d’invectives et de menaces depuis qu’il a annoncé la sanction infligée au soldat, en particulier sur les réseaux sociaux mais aussi plus directement dans des appels téléphoniques reçus sur son téléphone personnel.

Les membres du parti du Likud du Premier ministre désigné Benjamin Netanyahu ont également critiqué l’emprisonnement du militaire qui, la semaine dernière, s’était heurté à un activiste, se vantant de ce que l’arrivée de Ben Gvir au poste de ministre de la Sécurité nationale serait le début d’une nouvelle ère d’autorité.

Le leader du Likud, Benjamin Netanyahu, et le chef d’Otzma Yehudit, Itamar Ben Gvir, arrivant pour la cérémonie de prestation de serment de la nouvelle Knesset, à Jérusalem, le 15 novembre 2022. (Crédit : Abir Sultan/Pool Photo via AP)

« Ben Gvir va enfin régler les choses ici », estimait le militaire dans une vidéo. « C’est comme ça, vous avez perdu… fini la rigolade ».

Ben Gvir a répondu au communiqué émis mercredi par Kohavi en disant que s’il le respectait, « j’attends d’un chef d’état-major que, tout comme il a demandé qu’un soldat ne s’exprime pas politiquement, lui-même s’abstienne de faire des déclarations politiques ».

« Il n’est pas étonnant que quand un ministre de la Défense ne fait pas son travail, quand personne n’établit de politiques, un vide apparaisse dans le gouvernance. Je n’ai aucune intention d’interférer dans la sanction mais la politique doit changer », a continué le leader d’Otzma Yehudit, lançant une pique apparente au ministre de la Défense Benny Gantz.

Le Premier ministre sortant Yair Lapid avait précédemment condamné « les incitations sauvages » lancées par les membres de la prochaine coalition présumée.

Le Premier ministre israélien Yair Lapid lors d’un service commémoratif marquant les 27 ans de l’assassinat de feu le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin, tenu au cimetière du mont Herzl à Jérusalem le 6 novembre 2022. (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)

« Le nouveau gouvernement n’a pas encore pris ses fonctions et ses ministres lancent d’ores et déjà des incitations et des appels à la rébellion des soldats contre les commandants », a écrit Lapid sur Twitter. « Ces incitations sauvages de la part des futurs ministres et des députés contre le chef d’état-major, contre l’officier en charge du commandement central et contre le commandant de bataillon, le lieutenant-colonel Aviran Alfasi, sont dangereuses – et elles proviennent de la tête du nouveau gouvernement ».

Lapid a ajouté qu’il n’était pas possible que les ministres et les députés approuvent la violation, par les soldats, des ordres donnés par leurs commandants.

« Leurs vies et les nôtres dépendent d’une armée forte, avec une chaîne de commandement claire et une discipline de combat. Ces incitations, qui se cachent sous la forme d’un ‘soutien’ apporté aux contrevenants, sont dangereuses, irresponsables et elles compromettent la puissance de Tsahal », a poursuivi Lapid.

Dans ses premiers propos sur cette affaire, le Premier ministre désigné Benjamin Netanyahu a appelé mercredi à ne pas impliquer l’armée dans les querelles politiques.

Le chef du parti du Likud Benjamin Netanyahu en séance plénière de la Knesset, le parlement israélien, le 21 novembre 2022. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

« L’armée israélienne est l’armée du peuple. J’appelle tout le monde, à droite et à gauche, à la laisser à l’écart des conflits politiques », a-t-il écrit sur Twitter.

Alfasi a condamné une nouvelle fois le soldat à dix jours d’emprisonnement dans la journée de mardi « suite à la découverte d’une faille dans la procédure disciplinaire », avait expliqué l’armée.

Pour sa part, le militaire incarcéré a écrit une lettre au général Yehuda Fuchs — qui, en tant que chef du Commandement central, est en charge des forces israéliennes en Cisjordanie – ainsi qu’au commandant de la Brigade Givati, Eliad Maor. Il s’est excusé dans son courrier et il a demandé que sa sanction soit réduite ou tout simplement levée.

« J’ai dit quelques mots sans avoir l’intention d’humilier l’armée israélienne ou de commettre un délit, et je me retrouve aujourd’hui dans une prison militaire », a écrit le soldat. « La pression qui me pesait sur les épaules était forte pendant l’incident et je demande seulement que mon cas soit reconsidéré. »

Yehuda Fuchs, le commandant du Commandement central de Tsahal, sur une photo non-datée. (Crédit : Armée israélienne)

« Je demande pardon. J’ai compris mon erreur », a-t-il noté.

L’armée a fait savoir qu’une éventuelle réduction de sa peine serait examinée.

Fuchs a exprimé son soutien à Alfasi et il a déclaré mercredi que « salir le nom [d’Alfasi], qui est un officier qui a de l’éthique et qui est un excellent commandant, est inacceptable ».

De plus, au cours du même incident survenu à Hébron, un autre militaire appartenant à la même unité du soldat avait été aperçu, sur une vidéo, en train de pousser un activiste au sol et de le frapper au visage. S’il a été immédiatement suspendu après l’agression, il n’a pas encore été sanctionné.

Un soldat israélien frappe un activiste de gauche à Hébron, en Cisjordanie, le 25 novembre 2022. (Crédit : Breaking the Silence)

Une enquête initiale lancée par Fuchs et dont les conclusions ont été rendues publiques mercredi a décelé « un certain nombre d’erreurs » dans le comportement des soldats présents sur les lieux.

« La première d’entre elles, c’est que les militaires ont eu un jugement médiocre face à la situation et qu’ils ont adopté une conduite à l’encontre de celle qui était attendue de la part, en utilisant une violence physique qui n’était pas nécessaire et en se prêtant à des violences verbales. De plus, la décision prise par les soldats de placer en détention le civil, sans que l’approbation du commandant ait été préalablement obtenue, a été une erreur », a fait savoir Tsahal.

« Le comportement violent à l’encontre d’un civil est inacceptable… et un soldat n’a pas l’autorisation de s’exprimer avec agressivité en faisant part de son affiliation politique », a ajouté l’armée.

Les investigations ont aussi révélé que des forces de police spécialisées auraient été plus en mesure de prendre en charge la situation. Fuchs a ordonné que la police soit mise en alerte dans les secteurs « où le risque d’altercation est élevé ».

La famille et les amis pleurant pendant la procession funéraire de Tiran Fero, à Daliyat al-Karmel, dans le nord d’Israël, le 24 novembre 2022. (Crédit : Shir Torem/Flash90)

Les militaires de la brigade Givati ont été impliqués dans plusieurs incidents à Hébron qui ont entraîné des suspensions.

Un haut-responsable de Tsahal a averti les soldats israéliens, lundi, qu’ils devraient répondre des conséquences de leurs éventuelles actions contraires à l’éthique de Tsahal – comme ça a été le cas à Hébron – et après que trois soldats ont été arrêtés lundi, soupçonnés d’avoir lancé un explosif vers une habitation palestinienne.

Les troupes impliquées dans cet incident sont toutes issues de la communauté druze, et L’armée soupçonne un incident lié à l’enlèvement de la dépouille de Tiran Fero, un adolescent de la communauté druze, dans un hôpital de Cisjordanie par trois Palestiniens armés. Le jeune homme avait succombé à ses blessures après un accident de voiture, la semaine dernière.

Les tensions ont été fortes en Cisjordanie au cours de l’année passée, alors que l’armée a lancé une offensive antiterroriste majeure en Cisjordanie – en particulier dans le nord de la région – après une série d’attentats palestiniens qui ont fait 31 morts du côté israélien au sein de l’État juif et en Cisjordanie depuis le début de l’année. Hébron se trouve au sud du territoire.

Une opération qui a entraîné plus de 2 000 arrestations, la majorité des raids s’effectuant la nuit. Elle a aussi fait 125 morts du côté palestinien, un grand nombre d’entre eux – mais pas tous – tués alors qu’ils commettaient des attentats ou pendant des affrontements avec les forces de sécurité.

Il y a eu aussi une augmentation nette des attaques des partisans du mouvement pro-implantations contre les Palestiniens et les forces de sécurité.

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