Le colonel britannique finalement enterré avec ses soldats en Israël
Lors de la Première Guerre mondiale, John Henry Patterson commandait le Corps de Sion et la Légion juive, la première unité juive depuis 2000 ans

MOSHAV AVICHAIL, Israël (JTA) – Par un petit matin frais de février, dans cette communauté proche de la mer Méditerranée, le son du drapeau d’Israël flottant dans le vent aurait certainement fait plaisir à l’âme de John Henry Patterson, dont les cendres ont été enterrées quelques mètres plus loin.
Patterson était lieutenant colonel dans l’armée britannique, et, durant la Première Guerre mondiale, il a commandé le Corps de Sion et la Légion juive, la première unité militaire juive depuis 2000 ans.
Même s’il était chrétien, Patterson avait formulé un intérêt particulier pour être enterré en Israël à côté de ses hommes, dont beaucoup sont morts avant la création d’Israël. Patterson avait été éduqué avec la bible et l’amour pour le peuple juif et sa terre. Mais sa famille n’a pas pu se permettre de payer le transport du corps en Israël lorsqu’il est mort il y a 67 ans à Los Angeles.
En décembre, ses vœux ont finalement été honorés : sa dépouille et celle de sa femme, Frances ont été transférés au cimetière d’Avichail, un moshav fondé par beaucoup de ses soldats.
La cérémonie marquant le transfert des dépouilles a duré plusieurs heures avec l’intervention de plusieurs personnalités, parmi lesquelles Jerry Klinger, un historien enthousiaste de Washington, Myrna Strapp, une avocate civile de Los Angeles recrutée l’année dernière après que plusieurs avocats ont refusé de s’occuper de la gestion nécessaire pour faciliter le transfert, Karen Washington, une femme afro-américaine qui a travaillé avec le cimetière de Los Angeles où les restes de Patterson étaient enterrés à l’origine, et le Premier ministre Benjamin Netanyahu qui a parlé au cimetière et au musée de la Légion juive situé juste à côté.
La cérémonie d’enterrement a eu lieu seulement quelques jours avant le 22 mars, centenaire de la nomination par le Bureau de guerre britannique de Patterson comme chef du Corps de Sion qui allait combattre à Gallipoli, en Turquie.
L’unité a été dissoute en 1916, mais a ensuite été reconstituée, comme la Légion juive (aussi appelée les 38ème Fusiliers royaux) que Patterson a commandée jusqu’en 1918.
« L’objectif général de la Légion juive était quelque chose qui n’est pas très connu », a déclaré Yossi Ahimeir, le directeur général de l’Institut Jabotinsky, dans son bureau de Tel-Aviv. C’est cette année que nous devrions faire connaître Patterson et la légion juive, et devrions éduquer les Israéliens à comprendre que tous les non-Juifs n’étaient pas contre Israël. Il y avait des Britanniques qui aidaient la nation juive, et Patterson se distinguait vraiment. »
Le chemin conduisant à la cérémonie s’est avéré semé d’embûches.
Strapp, représentant le petit-fils de Patterson, a dû surmonter une loi locale qui permet seulement à l’enfant du défunt d’autoriser le déplacement de la dépouille. Un juge a statué contre elle, mais Strapp a remporté l’appel l’été dernier. Elle, Klinger et Chizki Sivak, un avocat résidant à Avichail qui est marié à la petite-fille d’un officier du Corps de Sion, avait aussi besoin d’autorisations d’agences comme le Département de Santé publique de Los Angeles et le rabbinat de Netanya en Israël.
Le 13 août, Klinger, Strapp et Sivak, avec des officiels consulaires et un assistant de Netanyahu, ont collecté les urnes au mausolé du cimetière d’Angelus-Rosedale. Un linceul a été placé sur les urnes. Le psaume 23 a été récité.
Avec cela, « le colonel était sous la protection du gouvernement israélien », explique Klinger.
Strapp, qui a pris l’affaire comme son dernier cas avant de prendre sa retraite, n’a pas pu être présente en Israël pour l’enterrement parce qu’elle se prépare à faire son alyah à la fin du mois.
Mais elle a regardé la transmission de la cérémonie, qui comportait un discours de Netanyahu rappelant que son père décédé, Ben-Zion, a travaillé en Angleterre et aux Etats-Unis avec le chef sioniste Vladimir Jabotinsky et Patterson, afin de plaider en faveur de la création d’une armée juive pour combattre les nazis.
Lorsque le frère ainé de Benjamin Netanyahu est né en 1946, Ben Zion a accordé à Patterson l’honneur d’être sandak, parrain.
L’enfant, Jonathan, a été nommé pour Patterson et le grand-père de Jonathan, Nathan Mileikowsky. Jonathan « Yoni » Netanyahu allait devenir un lieutenant colonel comme son homonyme. Il a été tué dans l’opération de sauvetage à Entebbe en 1976.
Patterson « peut être qualifié de grand-père de l’armée israélienne » a déclaré le Premier ministre à l’assemblée alors qu’il se tenait devant un écran où l’on pouvait lire en anglais : « Lieutenant Colonel Patterson : Nous vous saluons. »
« En faisant ce que nous faisons aujourd’hui, nous rendons une grande dette historique et personnelle à un grand ami de notre peuple, un grand champion du sionisme et un grand croyant de l’Etat juif et du peuple juif », a déclaré Netanyahu.
Comme un clin d’œil de l’histoire, l’appartement des Strapp, au centre de Jérusalem, se situe à trois kilomètes de la rue Patterson, nommée en l’honneur de l’homme qui a rapproché les chrétiens et les juifs en 1915. Il continue à le faire.