Le Crif accuse la ville de Grenoble d’unilatéralité avec ses actions pro-Palestine
Le Crif appelle le maire écologiste, qui a récemment visité Ramallah et Bethléem et qui a suspendu le jumelage de la ville avec celle de Rehovot, à "réinstaurer le dialogue"
Le maire de Grenoble, Éric Piolle, écologiste, s’est rendu du 7 au 9 mai à Ramallah avec une délégation municipale composée d’Emmanuel Carroz, adjoint aux Coopérations internationales, et Anne-Sophie Olmos, vice-présidente métropolitaine.
Ce voyage s’inscrivait dans le cadre du programme porté par le gouvernement et le réseau Cités Unies France des assises de la coopération décentralisée franco-palestinienne. Il était une prémisse au « mois de la Palestine », organisé sur l’ensemble du mois de juin.
Ainsi, sur ces deux jours, ils ont participé aux Assises franco-palestiniennes et se sont rendus à Bethléem, ville palestinienne avec laquelle Grenoble est liée par une convention de coopération décentralisée depuis 2009.
Suite à ce déplacement, le Crif Grenoble-Dauphiné a publié un communiqué dans lequel il a indiqué « ne pouvoir que se réjouir du rayonnement de la ville à l’international et prendre acte de la volonté de son maire de marquer son ‘attachement au règlement définitif de la question israélo-palestinienne’ ».
Cependant, « le chemin de la paix est exigeant, non seulement pour ceux qui n’en n’ont pas le choix, mais encore et surtout pour ceux qui ont la prétention de l’accompagner », a ajouté l’organisation représentative juive. « Cette exigence, c’est celle de l’ouverture permanente avec toutes les parties, seule condition possible pour se dire en capacité d’accompagner le dialogue. »
En effet, lors de son voyage, le maire français n’est pas passé par Rehovot, ville israélienne avec laquelle Grenoble est officiellement jumelée.
« De fait, en ayant renoncé depuis son élection à faire vivre le jumelage institutionalisé par ses prédécesseurs entre la ville de Grenoble et la ville israélienne de Rehovot, le maire a installé durablement un déséquilibre significatif entre les parties et crée de fait un obstacle au rapprochement des peuples et des communautés », a expliqué le Crif.
« La ville de Grenoble apporte aux territoires palestiniens, elle pourrait aussi recevoir de ses échanges avec Israël, sur le terrain culturel, économique, scientifique et écologique. En réalité, en choisissant une partie plutôt qu’une autre, le maire appauvrit la ville de Grenoble. »
L’organisation explique ainsi que cette position « fait écho avec la volonté de quelques-uns, dont l’ancienne première adjointe devenue députée, de délégitimer Israël sur le terrain politique, notamment au terme d’une résolution parlementaire largement rejetée le 4 mai dernier à l’Assemblée nationale et qui contribue indirectement, en important une vision à sens unique d’un conflit complexe, à nourrir une nouvelle forme d’antisémitisme ».
Le Crif appelle ainsi la municipalité à « réinstaurer le dialogue » et l’invite en conséquence, « à la date qu’il lui plaira, en voyage en terre d’Israël, avec une délégation d’élus de la ville ».
« Grenoble, a la chance d’être ville jumelée avec Bethléem et Rehovot. En tant que telle, elle devrait prendre l’initiative, sur place, d’être au centre du dialogue entre ces deux villes », a conclu le Crif.
L’accord de jumelage entre la ville alpine et la ville universitaire de Rehovot a été signé en 1984, en particulier pour réaliser des échanges entre les pôles scientifiques des deux villes, l’Institut Weizmann et l’Université Joseph-Fourier. Des échanges culturels et sportifs ont ensuite été mis en place entre les deux villes.
Le Comité de jumelage Grenoble-Rehovot est présidé par Claude Feuerstein depuis les premiers échanges.
Depuis des années, des organisations anti-Israël, notamment le BDS Grenoble et Isère Palestine, appellent à la fin du jumelage avec la ville israélienne. Des rassemblements en ce sens ont même été organisés devant la mairie il y a quelques années.