Le Danemark veut une réponse européenne au projet d’attentat imputé à l’Iran
L'UE a réagi et "déplore" le projet d'attentat; Téhéran pourrait se voir infliger des sanctions économiques
Le Danemark cherchait mercredi le soutien de ses partenaires européens pour des sanctions contre l’Iran qu’il accuse d’avoir fomenté une opération sur son sol visant des opposants, tout en défendant l’accord international sur le nucléaire avec Téhéran.
Copenhague accuse Téhéran d’avoir préparé un « attentat » contre trois Iraniens résidant dans le pays scandinave, membres présumés du Mouvement arabe de lutte pour la libération d’Ahvaz tenu en partie responsable par Téhéran d’un récent attentat meurtrier dans le sud-ouest du pays.
Le ton monte entre les deux pays depuis les révélations mardi de ce projet d’attaque malgré les dénégations de l’Iran qui accuse ses « ennemis » d’ourdir un complot en usant de « rapports biaisés » pour nuire à ses relations avec l’Europe.
Le Danemark de son côté laisse entendre qu’il ne nourrit aucun doute sur l’implication du régime iranien. « C’est le gouvernement iranien, c’est l’Etat iranien qui est derrière », assure le chef de la diplomatie danoise Anders Samuelsen.
Mercredi le Premier ministre Lars Løkke Rasmussen a indiqué en marge d’une réunion de dirigeants d’Europe du nord à Oslo que son gouvernement avait pris les premiers contacts avec les 27 autres membres de l’Union européenne (UE) pour « engager une action commune ».
Pour la première fois dans cette affaire, l’UE a réagi mercredi par la voix d’une porte-parole de la commission qui a « déploré » le projet d’attentat.
« Nous déplorons toute menace contre la sécurité de l’Union européenne et nous prenons cette affaire au sérieux », a-t-elle déclaré.
Spectre de sanctions économiques
Selon une source diplomatique à Copenhague, les éventuelles sanctions décidées au niveau européen seraient d’ordre économique.
Mardi à Oslo, la locataire du 10 Downing Street, Theresa May, avait exprimé la solidarité du Royaume-Uni mais les partenaires européens du Danemark se voulaient d’abord prudents.
« Nous suivons [le dossier] de près avec nos amis danois et lorsque nous en saurons plus nous nous prononcerons sur d’éventuelles mesures » de rétorsion, a réagi Stefan Löfven, Premier ministre de Suède, pays dans lequel a été arrêté le 21 octobre l’agent présumé chargé de la préparation des attaques au Danemark, un Iranien d’origine norvégienne.
« Nous travaillons à une réponse concrète. Nous avons dit que nous réagirions », a de son côté indiqué la chef du gouvernement norvégien Erna Solberg, soulignant qu’elle attendait les conclusions d’une enquête de police en cours dans son pays, non membre de l’UE.
Sur Twitter, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo avait « félicité » mardi le Danemark, membre de l’Otan, pour l’arrestation « d’un assassin du régime iranien ».
Maintenir l’accord nucléaire
Américains et Européens sont néanmoins divisés sur leur politique iranienne.
Alors que les Européens entendent le préserver, les États-Unis se sont retirés en mai de l’accord international sur le nucléaire iranien et ont rétabli une première série de sanctions contre Téhéran en août. Une deuxième vague doit suivre le 5 novembre.
« Nous souhaitons le maintien de l’accord sur le nucléaire », a martelé Lars Løkke Rasmussen, avertissant Téhéran qu’il ne s’agissait pas d’un blanc-seing pour dissimuler « le type d’activités dont nous avons été témoins ».
Même tonalité à Bruxelles où la porte-parole de la commission a appelé à distinguer entre les sujets de friction.
« Les autres sujets d’inquiétude sont examinés, mais en dehors du traité (…). Notre soutien (à l’accord) continue tant que l’Iran respecte ses engagements », a-t-elle dit.
Le Danemark a rappelé son ambassadeur à Téhéran, convoqué mercredi, avant son départ, au ministère des Affaires étrangères dans la capitale iranienne. L’ambassadeur iranien à Copenhague avait lui aussi été convoqué la veille par la chancellerie danoise.
Selon les services du renseignement danois, au moins un individu lié au renseignement iranien, arrêté le 21 octobre, projetait un attentat contre trois membres présumés du Mouvement arabe de lutte pour la libération d’Ahvaz résidant au Danemark.
Ce mouvement est soupçonné par Téhéran d’avoir participé à un attentat contre un défilé militaire qui avait fait 24 morts le 22 septembre à Ahvaz, capitale de la province iranienne du Khouzestan à majorité arabe, près de la frontière irakienne.
L’Iran a depuis mené plusieurs opérations en Irak et en Syrie en représailles.