Le Fatah et le Hamas s’accusent mutuellement de saboter les élections
A l'approche des élections d'octobre, chaque faction palestinienne emprisonne le personnel de l'autre
Dov Lieber est le correspondant aux Affaires arabes du Times of Israël
Un porte-parole du Fatah a accusé jeudi le Hamas de « sabotage » des élections municipales à venir en arrêtant le personnel de son parti dans la bande de Gaza.
Le Hamas et le Fatah ont convenu le mois dernier d’organiser des élections municipales à Gaza et en Cisjordanie en octobre, pour la première fois depuis 11 ans.
Dans une déclaration à la presse, le porte-parole du Fatah Oussama Qawasmi a dit que les services de sécurité du Hamas avaient arrêté et emprisonné quatre responsables du Fatah dans la bande de Gaza : Le général Sami Nasman, qui est conseiller du chef du renseignement de l’AP pour Gaza; Ibrahim al-Madoun ; Ibrahim Abd al-A’L ; et Ai’ed Abu Qamer. Les quatre ont été accusés d’espionnage au profit de Ramallah, selon le communiqué.
Nasman a été condamné à sept ans de prison tandis que les trois autres ont été condamnés à des peines de cinq ans.
Les mêmes responsables du Fatah avaient été arrêtés par le Hamas il y a près de deux ans sur des soupçons d’incitation à des troubles dans la bande de Gaza, mais avaient été libérés peu après en raison d’un manque de preuves, a ajouté Qawasami.
Le porte-parole du Fatah a affirmé que les arrestations visaient à « saboter » les élections, et a montré « l’insistance » du Hamas à maintenir une atmosphère tendue.
Le Hamas a également accusé mercredi le Fatah d’essayer d’influencer les élections en arrêtant son personnel en Cisjordanie.
L’organisation islamiste contrôlant la bande de Gaza – considérée comme un groupe terroriste par Israël et la plupart des gouvernements occidentaux – a déclaré dans un communiqué sur son site que le Fatah avait arrêté cinq de ses membres au cours des derniers jours.
Bassem Zara’ir, un fonctionnaire du Conseil législatif du Hamas dans le district de Hébron, a prétendu que l’arrestation des membres du Fatah était conçue pour « dissuader » les islamistes de se présenter aux élections.
Zara’ir a déclaré que les élections « prouveraient la confiance du peuple dans la résistance, le service et le programme politique du Hamas. »
Le Hamas contrôle la bande de Gaza depuis un coup d’Etat sanglant de 2007 qui a évincé de l’enclave côtière le mouvement Fatah du président de l’AP Abbas.
L’organisation terroriste critique fréquemment le Fatah en raison de la coopération de l’Autorité palestinienne avec Israël en matière de sécurité. Les forces de sécurité palestiniennes arrêtent souvent des membres du Hamas en Cisjordanie, où le Fatah est une puissance dominante, empêchant les efforts du Hamas d’y accroître son influence.
Abbas a déclaré la semaine dernière que les factions palestiniennes rivales tiendraient une autre série de pourparlers de réconciliation dans les semaines à venir, après près d’une décennie d’hostilité. Dans une interview avec une chaîne de télévision soudanaise, Abbas a déclaré que les deux partis se rencontreraient pour les modalités en vue de la tenue d’élections générales pour élire un président et des membres du Parlement et en vue de la mise en place d’un gouvernement d’unité.
Selon les sondages d’opinion locaux et les experts politiques, le Hamas – qui jouit d’une popularité inhabituelle en Cisjordanie et conserve un grand soutien à Gaza – devrait obtenir des gains politiques importants lors des prochaines élections municipales.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.