Le FMI salue l’économie « remarquable » mais craint « l’incertitude » en Israël
L'organisation reconnaît les bonnes performances mais s'attend à un ralentissement, tout en citant l'inflation élevée et la refonte controversée, et demande une solution politique
Le Fonds monétaire international a salué jeudi « les résultats économiques remarquables » d’Israël tout en mettant en garde les autorités contre « l’incertitude » induite par le projet de réforme judiciaire qui divise le pays et pourrait nuire à la croissance.
Après avoir augmenté de 6,5 % en 2022, « la croissance économique (israélienne) devrait ralentir cette année à mesure qu’elle revient vers son potentiel de moyen terme », écrit le Conseil des gouverneurs du FMI dans un communiqué publié à l’occasion de l’examen annuel de l’économie du pays.
Selon les prévisions du Fonds, le PIB israélien devrait croître de 2,5 % en 2023.
Ce ralentissement économique découle entre autres d’une inflation élevée (5 % en 2022) qui pèse sur le pouvoir d’achat des ménages, et pourrait être amplifié par « l’incertitude créée par le projet de réforme judiciaire », qui « pourrait avoir un impact négatif sur l’économie », avertit le Conseil des gouverneurs du FMI, en appelant de ses vœux « une solution politique viable ».
Les deux principaux chefs de l’opposition israélienne, Yaïr Lapid et Benny Gantz, ont suspendu mercredi leur participation aux négociations censées permettre de trouver un terrain d’entente sur la réforme ayant donné lieu à l’un des plus grands mouvements de contestation de l’histoire d’Israël.
Cette décision a été prise à l’issue d’une session dramatique de la Knesset visant à élire deux représentants à la commission de sélection des juges, que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a tenté de retarder d’un mois en rejetant tous les candidats.
La candidate de l’opposition, la députée de Yesh Atid Karine Elharrar, a été élue comme l’un des deux représentants à la Knesset, tandis que le seul autre nom sur le bulletin de vote, celui de Tally Gotliv, du Likud au pouvoir, a été battu à plate couture après avoir mis la coalition dans l’embarras en refusant de retirer sa candidature de franc-tireur. La victoire d’Elharrar a constitué un embarras politique majeur pour le bloc au pouvoir et pour Netanyahu, car au moins quatre membres de la coalition ont rompu les rangs pour voter en sa faveur.
Gantz et Lapid ont maintenu que Netanyahu s’était engagé, lors des négociations, à convoquer le comité de sélection des juges en juin et que l’incapacité à pourvoir le deuxième siège de la Knesset au sein du comité signifiait que celui-ci ne pourrait pas se réunir pendant au moins un mois, jusqu’à ce que le vote de rattrapage ait lieu.
Le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu assure que la réforme est nécessaire pour assurer un meilleur équilibre des pouvoirs, notamment en diminuant les prérogatives de la Cour suprême, que l’exécutif juge politisée.
Ses détracteurs y voient une menace pour la démocratie israélienne et ses garde-fous institutionnels.
Des personnalités israéliennes économiques de premier plan se sont exprimées contre la réforme et des acteurs de la high-tech, secteur phare de l’économie israélienne, prennent une part importante dans le mouvement de protestation.