Le G7 plaide pour des « pauses et couloirs humanitaires » à Gaza
Les ministres des Affaires étrangères ont demandé la libération des otages, exhorté l'Iran à ne plus soutenir le terrorisme au Moyen-Orient et ils ont réaffirmé leur soutien à l'Ukraine

Les ministres des Affaires étrangères du G7 ont plaidé mercredi à Tokyo pour la mise en place de « pauses et couloirs humanitaires » à Gaza pour protéger les civils, tout en affirmant le droit d’Israël de « se défendre » contre le Hamas.
Ils n’ont pas appelé au cessez-le-feu.
Ces « pauses et couloirs » humanitaires, une terminologie moins forte qu’un cessez-le-feu ou une trêve, doivent permettre l’acheminement « urgent » de l’aide humanitaire sur le territoire palestinien, l’évacuation des civils menacés par les combats et la libération des otages détenus par le Hamas, selon la déclaration commune des ministres du G7.
« Nous soulignons le besoin d’un passage urgent à l’action pour s’attaquer à la crise humanitaire qui ne cesse de se détériorer à Gaza… Nous soutenons l’idée de pauses et de corridors humanitaires pour faciliter l’entrer d’une assistance nécessaire, pour permettre le déplacement des civils et nous demandons la libération des otages », a dit un communiqué conjoint.
« Nous avons réussi à trouver notre unité sur les principaux éléments qu’il faut pousser pour éviter un engrenage hors de contrôle et apaiser un des éléments de tension qui est l’accès humanitaire, actuellement très loin des besoins », a déclaré dans la soirée la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna.
Les chefs de la diplomatie du G7 ont par ailleurs exhorté l’Iran à ne pas soutenir le Hamas et le Hezbollah libanais, et à ne rien faire qui puisse « déstabiliser le Moyen-Orient ».
Ils ont reconnu le droit d’Israël de « se défendre dans le respect du droit international » après l’incursion sanglante et sans précédent du Hamas sur son territoire le 7 octobre, une attaque qu’ils ont condamnée « sans équivoque ».

Mais ils ont aussi jugé « inacceptables » les violences commises par des partisans du mouvement pro-implantation israélien à l’encontre de Palestiniens en Cisjordanie.
Après l’attaque du groupe terroriste islamiste palestinien en Israël qui a fait plus de 1 400 victimes le 7 octobre, les représailles massives de l’armée israélienne à Gaza y ont fait plus de 10 000 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas. Ces chiffres ne peuvent être vérifiés de manière indépendante et incluent à la fois des civils et des membres du Hamas tués à Gaza, y compris à la suite de tirs de roquettes ratés par le groupe terroriste lui-même. Israël affirme avoir tué quelque 1 500 terroristes du Hamas à l’intérieur du pays le 7 octobre et après cette date.
En dépit des appels de l’ONU et de nombreuses ONG, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a exclu tout « cessez-le-feu général » à Gaza tant que les quelque 240 otages détenus par le Hamas depuis le 7 octobre n’auront pas été libérés.
Interrogé sur de possibles « pauses tactiques » dans les combats, option que lui avait suggérée le président américain Joe Biden, M. Netanyahu avait affirmé lundi dans un entretien à la chaîne américaine ABC News que « nous les avons déjà eues ».

La Premier ministre israélien avait aussi déclaré que son pays aurait la « responsabilité globale de la sécurité » de la bande de Gaza pour une durée indéterminée une fois que la guerre avec le Hamas aura pris fin.
Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a toutefois déclaré mercredi qu’Israël ne devait pas « réoccuper » Gaza. Washington avait déjà exprimé mardi son opposition à un tel scénario.
De son côté, le Qatar négocie la libération d’une dizaine d’otages détenus par le Hamas palestinien en échange d’un court cessez-le-feu dans la bande de Gaza, a affirmé à l’AFP une source proche des discussions.
De plus, les ministres des Affaires étrangères du G7 ont souligné mercredi qu’une solution à deux Etats, avec un Etat palestinien « viable » au côté d’Israël et leur reconnaissance mutuelle, restait « la seule voie pour une paix juste, durable et sûre ».
L’autre sujet prioritaire de la réunion ministérielle du G7 à Tokyo était l’Ukraine, dont le ministre des Affaires étrangères Dmytro Kuleba a d’ailleurs assisté en visioconférence à une session mercredi.

Le groupe des sept pays industrialisés (Etats-Unis, Japon, France, Royaume-Uni, Allemagne, Italie et Canada) a ainsi promis que son soutien à l’Ukraine ne faiblirait « jamais », alors que Kiev redoute que la lassitude ne gagne ses alliés devant la lenteur des résultats de sa contre-offensive lancée en juin et la perspective d’une longue guerre d’usure.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué mercredi la « déclaration forte » du G7, dans un message posté sur X (ex-Twitter), à l’issue d’un entretien avec le Premier ministre japonais Fumio Kishida.
Le G7 compte « renforcer (sa) coordination sur les sanctions contre la Russie pour limiter son accès à des biens et technologies critiques » et « prendre de nouvelles mesures pour éviter que Moscou ne contourne ces restrictions », selon la déclaration finale des ministres des Affaires étrangères, qui ont par ailleurs appelé la Chine à « ne pas aider » la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine.
Mais pour le reste, le G7 a relativement ménagé Pékin dans sa déclaration finale, en préférant insister sur son souhait de bâtir des relations « constructives et stables » avec la Chine.
Joe Biden doit notamment rencontrer son homologue chinois Xi Jinping dans quelques jours à San Francisco, et une meilleure coopération avec la Chine est aussi perçue comme nécessaire pour tenter de faire de la prochaine conférence des Nations unies sur le climat (COP28) un succès.