Le « gahwa » ou café arabe, symbole « d’hospitalité » au Qatar
En 2015, à l'initiative des Emirats arabes unis, de l'Arabie saoudite, d'Oman et du Qatar, le "gahwa" a fait son entrée au patrimoine culturel immatériel de l'humanité
A la maison, au travail, dans les administrations… Servir du café arabe est une tradition omniprésente au Qatar et chez ses voisins du Golfe, érigée en symbole de « l’hospitalité » revendiquée par l’hôte de la Coupe du monde de foot.
« Je ne savais même pas qu’il y avait des grains de café là-dedans. Ca n’a pas le goût du café que nous connaissons », s’étonne Lanka Perera, Sri Lankaise de 29 ans expatriée depuis trois ans dans le petit émirat du Golfe.
Cette boisson jaunâtre au fort goût d’épices, « on en boit presque tous les jours, nos collègues qataris l’amènent et nous la font goûter, mais je ne savais pas ce qu’il y avait dedans ou quelles en étaient les origines », confie-t-elle après une séance consacrée au fameux « gahwa » chez Embrace Doha, une maison de la culture indépendante.
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De l’introduction du café éthiopien dans la région il y a 600 ans (la légende veut que les propriétés des grains aient été découvertes par un berger du Yémen), en passant par la composition de la boisson (grains de café clairs grillés puis bouillis, cardamome et safran) ou encore l’étiquette entourant sa préparation et son service, tout est évoqué comme une porte d’entrée dans la culture qatarie.
« Le café italien est très connu mais saviez-vous qu’il vient d’ici, dans le monde arabe ? Nous en sommes très fiers, c’est peut-être pourquoi beaucoup de personnes l’utilisent, mais c’est aussi un excellent moyen de débuter une conversation », explique Shaima Sherif, directrice générale d’Embrace Doha, située au cœur du souq Al Wakrah, au sud de la capitale qatarie.
« Symbole de générosité »
Dans les majlis (pièces de réception des habitations et lieux centraux de la sociabilité, masculine essentiellement), c’est le chef de famille qui prépare le « gahwa » devant ses invités et les plus jeunes de ses fils font le service.
On le sert de la main gauche avec une cafetière traditionnelle appelée « dallah », qu’il faut remonter en versant pour refroidir la boisson.
On boit de la main droite dans de petites tasses baptisées « finjans », qu’on ne remplit qu’au quart pour ne pas se brûler les doigts, et on déguste son café accompagné de dates.
Quand on en a eu assez, après deux ou trois tasses, on agite son « finjan » sur les côtés plutôt que de dire « non, merci » – vestige d’une époque où des sourds servaient dans les majlis pour éviter que ne fuitent les sujets sensibles, politiques et guerriers, qui y étaient discutés.
« Le symbole du café lui-même fait partie de notre histoire. Depuis des centaines d’années, le pays a changé mais pas le café », remarque Shaima Sherif.
En 2015, à l’initiative des Emirats arabes unis, de l’Arabie saoudite, d’Oman et du Qatar, le « gahwa » a fait son entrée au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. « Servir du café arabe est un aspect important de l’hospitalité dans les sociétés arabes qui est considéré comme un symbole de générosité », développe l’Unesco.
Une « chaleureuse hospitalité » que les organisateurs du Mondial-2022, qui débute le 20 novembre, ne cessent de vanter, en réponse notamment aux inquiétudes concernant l’accueil des spectateurs LGBTQ+.
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