Israël en guerre - Jour 539

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Le gouvernement est « captif » des extrémistes, déplore un allié de Netanyahu

Dans une attaque cinglante, le maire de Modiin, Haim Bibas, estime que le Likud va vers l'abîme, avec une coalition qui a emprunté la mauvaise pente dans tous ses projets

Le maire de Modiin et président de la Fédération des Autorités locales Haim Bibas, à gauche, avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu pendant un événement organisé pour Rosh Hashanah qui réunissait les autorités municipales à Airport City, le 30 août 2018. (Crédit : Flash90)
Le maire de Modiin et président de la Fédération des Autorités locales Haim Bibas, à gauche, avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu pendant un événement organisé pour Rosh Hashanah qui réunissait les autorités municipales à Airport City, le 30 août 2018. (Crédit : Flash90)

Haim Bibas, le chef d’une organisation-cadre regroupant les communautés locales et une personnalité de premier plan du parti du Likud au pouvoir, a vivement critiqué son allié de longue date, le Premier ministre Benjamin Netanyahu, dans des propos qui ont été publiés mercredi, éreintant les politiques actuelles du gouvernement et disant qu’elles pourraient signer l’arrêt de mort du Likud.

Bibas, le maire de Modiin et le président de la Fédération des autorités locales, est depuis des années un proche de Netanyahu et il est l’une des voix les plus fortes de la puissante Commission centrale du Likud.

Mais il avait rapidement perdu ses illusions dans le gouvernement formé, fin décembre, par le Premier ministre avec des partenaires d’extrême-droite et ultra-orthodoxes et il s’oppose depuis à l’initiative unilatérale de réforme du système israélien de la justice, qui affaiblirait fortement le système judiciaire, un projet qui a été depuis mis en pause dans un contexte de manifestations nationales. Cette suspension a par ailleurs permis le lancement de négociations avec l’opposition.

Et cette semaine, Bibas a été à l’origine d’un mouvement de grève majeur des municipalités en signe de mécontentement contre l’intention du gouvernement de prélever un pourcentage des taxes foncières dans le but de les redistribuer aux localités plus défavorisées et d’encourager la construction de nouveaux logements. Un plan qui, selon l’opposition, s’apparente à « un vol » et qui bénéficiera en premier lieu aux électeurs des partis de la coalition.

Dans un entretien féroce qu’il a accordé au quotidien Yedioth Ahronoth , Bibas a déclaré que « le Likud est captif des factions extrémistes et elles finiront par tuer le parti ».

Des propos probablement tenus en référence à Otzma Yehudit et à Hatzionout HaDatit, des formations d’extrême-droite, et au Shas et à Yahadout HaTorah, des partis ultra-orthodoxes, qui se sont tous assurés d’obtenir une réponse positive à leurs revendications politiques et budgétaires pour entrer dans un gouvernement qui est largement considéré comme le plus à droite de toute l’Histoire d’Israël.

« Ce n’est pas un gouvernement large, de droite et sioniste. C’est plutôt un gouvernement qui, depuis le début, a lancé toutes ses initiatives en prenant la mauvaise pente », a dit Bibas, selon des extraits de l’entretien dont l’intégralité sera publiée vendredi.

« Si les extrémistes veulent continuer à enfoncer le Likud et qu’ils veulent imposer le plan de réforme du système judiciaire de manière unilatérale – ce sera notre arrêt de mort », a continué Bibas. Il a rendu hommage aux manifestants qui s’opposent à ce projet de refonte en disant qu’ils étaient « le sel de la terre » et il dit être satisfait que le processus législatif ait été mis en pause « juste avant de chuter dans l’abîme ».

Le président de la Fédération des autorités locales et maire de Modiin, Haïm Bibas, assistant à une réunion de la commission des Finances de la Knesset, à Jérusalem, le 17 janvier 2023. (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)

Bibas est maire de Modiin depuis 2008 – élu sous l’étiquette du Likud – et il est à la tête de la Fédération des Autorités locales depuis 2004. Il a dirigé la campagne des primaires du Likud, sous Netanyahu, de 2007 à 2015. Il avait néanmoins commencé à critiquer ouvertement Netanyahu dès 2020.

Bibas est le dernier d’une longue série d’anciens proches de Netanyahu qui se sont distanciés du Premier ministre. Selon de nombreux anciens politiciens de son parti et selon les dirigeants de formations qui étaient autrefois des alliées du Likud, le chef de gouvernement emploie des tactiques politiques qui sont excessivement clivantes, réclamant également une pleine loyauté et zéro critique à son égard.

« Je prononce ces mots de manière claire et je n’ai pas peur de les prononcer mais au moment même où vous dites la vérité, ça y est, vous êtes devenu un ‘gauchiste’. A la seconde où vous dites quelque chose, tout le monde va vous attaquer », a déclaré Bibas, qui a ajouté qu’un grand nombre de membres du parti au pouvoir étaient secrètement d’accord avec lui.

« Au Likud, les gens ont peur et ils ne disent rien en public pour ne pas avoir de problème. Mais ils parlent avec moi et dans 60 % des cas, ils pensent comme moi », a-t-il affirmé.

Des Israéliens protestant contre les projets du gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu visant à réformer le système judiciaire israélien, à Tel Aviv, Israël, le 18 mars 2023. (Crédit : AP Photo/Ohad Zwigenberg)

Bibas a ajouté que contrairement aux déclarations faites par les membres de la coalition de la ligne dure, il pensait que la réforme judiciaire ne sera pas adoptée, même en cas d’échec des discussions de compromis actuellement en cours et qui sont dans l’impasse.

« Je ne vois pas comment Netanyahu pourrait revenir à la réforme, il le comprend très bien et elle l’intéresse moins maintenant », a-t-il déclaré. « Les ministres et des députés du Likud me parlent beaucoup et ils m’ont dit : « C’est une très bonne chose d’avoir arrêté cette réforme parce qu’elle nous détruira tous. Nous avons fait une erreur ; nous devons stopper cela ».

S’en prenant au projet de redistribution des impôts locaux – le « Fonds Arnona » – Bibas a déclaré que « le modus operandi de ce gouvernement est de diviser les autorités locales. Il a tenté de présenter le projet comme une bataille entre les Israéliens privilégiés et les Israéliens marginalisés, mais les faits, c’est que le gouvernement crée un fonds qui volera l’argent des résidents de l’État. C’est un vol systématique et avec un système comme celui-là, le pays va s’effondrer ».

Il a affirmé que son organisation avait trouvé des accords avec le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, au mois de mars – des accords qui prévoyaient l’annulation de ce fonds de redistribution des taxes foncières et que la réapparition de la mesure, la semaine dernière, avait été une « sanction » à l’égard de Bibas qui avait rejoint la grève en signe de mécontentement contre la refonte du système judiciaire, à la fin du mois de mars, avant que Netanyahu ne prenne la décision de le geler.

Le ministre des Finances Bezalal Smotrich lors d’une conférence de presse au ministère des Finances de Jérusalem, le 14 mai 2023. (Crédit : Noam Revkin Fenton/Flash90)

Smotrich avait déclaré que Bibas était revenu sur les accords conclus la semaine dernière sur le Fonds Arnona controversé – qui a été approuvé lundi par la Commission des finances de la Knesset après une réunion orageuse et qui sera présenté avec le budget 2023-2024 devant la Knesset.

Le plan prévoit de prélever un pourcentage sur les taxes foncières prélevées aux entreprises par les autorités municipales, de l’argent qui sera placé dans un fonds qui soutiendra les localités dont les activités commerciales sont plus modestes et qui sont situées en périphérie.

Les partisans de cette mesure affirment qu’elle aidera les municipalités moins riches à favoriser l’immobilier résidentiel plutôt que les entreprises – bien que ces dernières paient plus d’impôts et soient donc actuellement plus attrayantes pour les autorités municipales – et ont mis l’accent sur le fait que le fonds aidera à construire des communautés dans la périphérie d’Israël.

Ses détracteurs affirment qu’en plus de faire des discriminations entre les municipalités, elle sanctionne les communautés qui ont déjà investi pour justement attirer des employeurs, et qu’il prend de l’argent qui serait autrement consacré à l’amélioration des services, tels que l’éducation et la culture.

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