Israël en guerre - Jour 429

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Exclusif'Israël n'est pas un modèle auquel ses voisins doivent aspirer'

Le gouvernement israélien « s’est égaré », déclare la chef de la diplomatie de Corbyn

Emily Thornberry, le choix du Parti Travailliste britannique comme ministre des Affaires étrangères, fustige la "stupide" Priti Patel, appelle à la reconnaissance de la Palestine, n’achètera pas de produits d’implantations illégales mais s’oppose au boycott

Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Emily Thornberry (à droite) avec l'ancienne juge de la Cour suprême, Dalia Dorner, à Jérusalem, le 9 novembre 2017 (Crédit : autorisation de Labor Friends of Israel)
Emily Thornberry (à droite) avec l'ancienne juge de la Cour suprême, Dalia Dorner, à Jérusalem, le 9 novembre 2017 (Crédit : autorisation de Labor Friends of Israel)

Le gouvernement israélien actuel « s’est égaré », a déclaré jeudi Emily Thornberry, qui serait la ministre des Affaires étrangères si le Parti Travailliste venait à arriver au pouvoir, citant « l’occupation » continue et la « misère » des Palestiniens.

Dans un entretien exclusif avec le Times of Israël, la femme qui espère devenir le prochain plus haut diplomate de Grande-Bretagne a expliqué en détail pourquoi elle reconnaîtrait unilatéralement un état palestinien juste après avoir pris ses fonctions, pourquoi elle pense qu’Israël n’est pas un modèle à suivre pour les autres pays de la région, et pourquoi elle n’achètera pas de produits en provenance des implantations de Cisjordanie.

Thornberry, qui effectue un voyage de quatre jours en Israël et dans les Territoires palestiniens, s’est également exprimée au sujet du scandale qui a conduit à la démission mercredi d’une ministre britannique après la découverte de ses rencontres avec des officiels israéliens, au sujet de sa position en ce qui concerne le mouvement de Boycott, Désinvestissement de Sanctions (BDS) et les accusations d’antisémitisme formulées contre son parti Travailliste et son chef Jeremy Corbyn.

« Nous critiquons le gouvernement israélien. Nous critiquons très fermement le gouvernement israélien. Jeremy serait extrêmement critique du gouvernement israélien. Mais devinez quoi ? Beaucoup d’Israéliens sont également très critiques du gouvernement israélien, dit Thornberry. C’est cela aussi être amis. Nous pouvons nous dire la vérité. Nous pensons que le gouvernement israélien s’est égaré ».

Tout en reconnaissant qu’Israël est la seule démocratie ouverte d’esprit à l’occidentale du Moyen-Orient, le pays ne devrait pas être un modèle pour ses voisins, a-t-elle déclaré avec fermeté.

« J’aime la démocratie libérale qu’est Israël. Et c’est un contraste avec de nombreux autres pays dans la région. Mais Israël n’est pas parfait. Et au moins une des raisons est l’occupation continue de la Palestine, et la misère des Palestiniens. Il s’agit d’un problème quotidien qui doit être traité ».

Thornberry, qui est originaire de Surry dans le sud-est de l’Angleterre et qui est élue dans le district de Islington South et Finsbury de Londres depuis 2005, a réitéré avec vigueur son appel, soutenu par Corbyn la semaine dernière, pour que le gouvernement britannique reconnaisse unilatéralement un état palestinien, citant le besoin de relancer le processus de paix en panne.

« Clairement, nous avons besoin d’une certaine forme de nouveau dynamisme, et évidemment la reconnaissance d’un état n’est pas suffisante en soi, mais cela peut s’inscrire dans le processus de création d’un état », a-t-elle déclaré.

« Nous voulons reconnaître un état palestinien. Nous ne voulons pas qu’il y ait de ‘si’ ou de ‘mais’ ; nous voulons avancer sur ce dossier ».

Thornberry, âgée de 57 ans, a visité Israël à plusieurs reprises dans les années 1970 et au début des années 1980. Son père travaillait comme conseiller politique aux Nations unies à Jérusalem. Lors de sa visite actuelle, elle a rencontré plusieurs députés de l’Union sioniste, des activistes de la paix et l’ancienne juge de la Cour Suprême Dalia Dorner.

Le seul représentant officiel du gouvernement israélien qu’elle doit rencontrer est le ministre de la Coopération Régionale Tzachi Hanegbi. Elle doit égalemnt visiter le kibboutz Nir Or, situé à la frontière d’Israël avec Gaza, et elle aura un briefing sécuritaire de l’armée israélienne.

S’exprimant avec le Times of Israël depuis l’Hôtel King David de Jérusalem, Thronberry a déclaré qu’elle est opposée au BDS mais que personnellement, elle n’acheterait pas de produits israéliens fabriqués en Cisjordanie afin de ne pas promouvoir l’entreprise illégale des habitants des implantations.

« Les territoires occupés ne devraient pas être occupés. C’est illégal selon le droit international. Donc, pour moi, si j’avais le choix, je n’acheterais pas de produits venant des implantations, parce que je pense que c’est mal, a-t-elle ajouté. Je ne veux pas encourager la violation du droit international. Mais dans le même temps, je veux soutenir Israël. J’achèterais des produits israéliens, sans aucun doute ».

Priti Patel, le 8 novembre 2017 (Crédit : AFP/Adrian Dennis)

Thornberry a également fustigé l’ancienne secrétaire britannique au développement international Priti Patel, qui a été forcée de démissionner mecredi après un scandale au sujet de rencontres non autorisées qu’elle a eues avec des officiels israéliens lors d’un séjour de vacances privées cet été.

« Je pense qu’elle s’est comportée comme une femme stupide qui travaillait en dehors de son mandat et pas en professionnelle, a déclaré Thornberry. C’est un manquement grave à la discipline de base. N’importe quel dirigeant digne de ce nom virerait un ministre qui se comporte de la sorte ».

Thornberry a ajouté : « Franchement, c’est juste un très bon exemple de pourquoi les ministres ne devraient pas être en freelance et pourquoi ils devraient se faire conseiller et comprendre ce que leur travail implique, ce qu’ils peuvent faire et ce qu’ils ne peuvent pas faire, plutôt que de le faire à la légère, comme elle l’a fait. C’est honteux. Ce n’est pas professionnel. Et si on ne se comporte pas professionnellement, on doit partir ».

Affirmant que les Travaillistes et les Conservateurs ont des positions très similaires sur le Moyen Orient, Thornberry, qui est à la fois membre du groupe des Amis Travaillistes d’Israël et des Amis Travaillistes de Palestine, a déclaré que les liens entre Londres et Jérusalem « resteront forts » probablement même si Corbyn arrive au pouvoir.

Selon la plupart des sondages, Corbyn remporterait facilement la victoire contre la Première ministre Theresa May si des élections avaient lieu maintenant. Etant donné qu’avec Patel, les Conservateurs ont perdu leur deuxième ministre en une semaine, l’actuel gouvernement est très instable.

Le chef du parti d’opposition du Labour Jeremy Corbyn lors d’un discours pour les élections législatives à Londres, le 29 avril 2017 (Crédit : Niklas Hallen/AFP)

« La politique du gouvernement britannique envers Israël est directement en ligne avec la politique du Parti Travailliste, même en ce qui concerne la reconnaissance de la Palestine, a-t-elle déclaré. C’est notre politique qui devrait être mise en place plutôt bientôt que plus tard. C’est la seule différence par rapport à ce que le gouvernement dit : la Palestine devrait être reconnue mais nous ne dirons pas quand ».

Thornberry a reconnu que l’antisémitisme existait au sein du Parti Travailliste, mais elle a déclaré que le problème dans son parti n’est pas pire que dans la société britannique en général. Corbyn, qu’elle a qualifié d’ami, a combattu toute sa vie contre le racisme et l’antisémitisme, a-t-elle dit, et elle est profondément blessée par la suggestion qu’il pourrait avoir des sentiments antisémites.

« Indubitablement, il y a beaucoup de travail à faire là-dessus, entre le Parti Travailliste et la communauté juive britannique, a-t-elle déclaré. Et je suis prête à faire tout ce qu’il faut pour ouvrir d’autres voies de dialogue et pour voir ce qui en sort. Nous avons besoin d’un peu de mouvement des deux côtés ».

Voici une retranscription éditée de l’interview :

Times of Israël : Parlons de Priti Patel. Devait-elle démissionner ?

Emily Thornberry : Bien sûr qu’elle devait démissionner. C’est un travail d’équipe. Donc, si vous êtes un ministre avec des responsabilités importantes, vous vous exprimez au nom de tout le gouvernement. Si vous allez à l’étranger et que vous rencontrez d’autres gouvernements, que vous le faites en tant que ministre du gouvernement, vous devez en parler au ministère des Affaires étrangères.

J’espère et j’aspire à devenir le prochain ministre des Affaires étrangères. Je ne tolèrerais pas cela. Je n’aurais pas de ministre voyageant dans le monde, en freelance sans passer par le ministère des Affaires étrangères. En fait, il y avait là-bas un responsable du ministère des Affaires étrangères au même moment que Priti Patel.

Il était ici en visite officielle, alors qu’elle se trouvait ici pour une visite non officielle dont personne n’avait connaissance, s’exprimant sur des sujets qui étaient en dehors de sa compétence. Et franchement, différents de la politique du gouvernement. C’est un manquement grave à la discipline de base.

La Première ministre britannique Theresa May lors d’un discours prononcé à l’occasion d’un déjeuner organisé par les Amis conservateurs d’Israël, le 12 décembre 2016. (Crédit : CFI)

N’importe quel dirigeant digne de ce nom virerait un ministre qui se comporte de la sorte. Voilà comment les choses devraient être, et il ne devrait pas y avoir de « si » ou de « mais » à ce sujet. Elle devait partir. Et je pense que si Theresa May avait un minimum d’autorité, elle se serait également débarassée de Boris Johnson ».

Il y a des informations selon lesquelles May, elle-même, en savait plus au sujet de ces rencontres qu’elle ne l’avait admis au début. Pensez-vous que la démission de Patel est suffisante, ou pensez-vous que plus de têtes doivent tomber ?

Non, je pense que Priti Patel est responsable de son comportement. Et que [le ministre des Affaires étrangères] Boris Johnson est aussi responsable de son comportement. [Un commentaire inexact qu’il a fait au sujet d’une citoyenne britannique détenue en Iran pour des accusations qu’elle essayait de renverser le régime aurait fortement compliqué sa situation]

Si les gens passaient un peu plus de temps sur leur briefing quotidien, comme Prita Patel ou Boris Johnson, et passaient un petit plus de temps à réfléchir à ce que leur travail implique réellement, contrairement à ce qu’ils aspirent à faire, ils seraient meilleurs dans leur travail. Et s’ils n’ont pas la discipline pour le faire, ils devraient partir.

Vous attaquez Priti Patel pour avoir violé un protocole, pour des formalités. Son intention – d’aider Israël à financer les soins qu’il donne aux réfugiés syriens – vous semblait-elle correcte ?

De ce que je comprends, elle voulait utiliser le budget du DFID [le Département pour le Développement International] pour aider Israël. Et cela sort du cadre du DFID. Le DFID est supposé s’occuper des personnes les plus pauvres. C’est le Département du Développement International, alors ce n’est pas pour les interventions de crise. C’est pour le développement international, c’est là le problème.

Le budget ne doit pas être utilisé pour les réfugiés syriens qui viennent en Israël ?

Vous dites qu’ils viennent en Israël. Il y a également la question de savoir où cette assistance est donnée, et ce n’est pas dans le territoire qui est reconnu par la communauté internationale comme étant Israël. [Thornberry fait référence au plateau israélien du Golan].

Des Syriens blessés reçoivent des premiers soins après être arrivés à un point de rencontre avec des soldats israéliens sur le mont Hermon, sur le plateau du Golan israélien, avant d’être transférés vers un hôpital israélien pour y être soignés, le 26 octobre 2017. (Crédit : AFP / MENAHEM KAHANA)

Il y a toute une série de différents problèmes. Franchement, c’est juste un très bon exemple de pourquoi les ministres ne devraient pas être en freelance et pourquoi ils devraient se faire conseiller et comprendre ce que leur travail implique, ce qu’ils peuvent faire et ce qu’ils ne peuvent pas faire, plutôt que de le faire à la légère, comme elle l’a fait. C’est honteux. Ce n’est pas professionnel. Et si on ne se comporte pas professionnellement, on doit partir.

Comment l’épisode avec Patel va influencer les relations entre le Royaume-Uni et Israël ? Est-ce simplement un petit impair ou cela pourrait avoir des conséquences plus sérieuses ?

Je ne pense pas que cela aura de l’influence. Je crois que les relations britannico-israéliennes ont été assez stables. Et notre politique étrangère a été assez claire. Nous travaillons en étroite collaboration, nous avons une longue histoire en commun, et nous continuerons ainsi.

Je pense qu’elle s’est comportée comme une femme stupide qui travaillait en dehors du cadre de son mandat et qui n’a pas été professionnelle. Cela n’aurait pas pu se produire ailleurs.

Qu’avez-vous pensé des récents événements marquant le centenaire de la Déclaration Balfour à Londres ?

La première chose est que la Déclaration Balfour a été marquée à Londres. Il y a eu tellement de débats autour de tout cela. On m’a demandé pourquoi on a marqué plutôt que célébré la Déclaration. J’ai dit que c’était un tournant dans l’Histoire. Et que c’était un début important à la création d’Israël, même si évidemment ce n’était pas une création en elle-même. Je veux dire que la création d’Israël est arrivée par la motivation d’un grand nombre de gens qui ont beaucoup travaillé pour cela. Mais c’était un tournant important.

Au sein du Parti Travailliste, nous avons été en faveur de la création d’Israël. Nous pouvons trouver des preuves documentées que le Parti Travailliste appelait à un foyer pour les Juifs avant la Déclaration Balfour. Cela fait partie de notre politique depuis longtemps. La raison pour laquelle nous ne célébrons pas, comme l’a dit le gouvernement, est qu’il s’agit d’un « travail inachevé ».

Dans son discours de jeudi dernier, la Première ministre May a déclaré que c’était ‘un des moments les plus importants dans l’histoire’ et que, même si cela reste un ‘travail inachevé’, il y a beaucoup de raisons d’en être fier. Partagez-vous ce sentiment ?

Je dirais que c’est un travail inachevé. Et je dirais que c’est important que nous, à un moment où nous nous souvenons des 100 ans passés après la Déclaration Balfour, [nous rappelions] que c’est encore un projet qui doit être achevé.

Et c’est important. Il s’agit d’un moment important pour évaluer la situation et se demander : Où en sommes-nous arrivés ? Que se passera-t-il ensuite ? Où en sera Israël dans 10 ans, où en sera la Palestine dans 10 ans ? Allons-nous dans la bonne direction, sommes-nous perdus ?

Vous avez dit que le prochain gouvernement Travailliste reconnaîtra un état palestinien. Pourquoi pensez-vous qu’une telle mesure aiderait à un processus de paix ?

Je crois que nous avons clairement besoin d’avoir une forme de nouveau dynamisme, et évidemment la reconnaissance d’un état n’est pas suffisante en soi, mais peut faire partie de la construction d’un état.

Maintenant, il y a beaucoup de travail à faire en terme de construction d’un état en Palestine : ils n’ont pas eu d’élections depuis 10 ans ; les Palestiniens sont divisés. Je suis consciente de tous les problèmes.

Mais nous devrions travailler à l’unification du système politique en Palestine, où ils seront capables de travailler d’une seule voix. Il serait extrêment important d’avoir des élections dans toute la Palestine, cela serait quelque chose d’énorme. Avoir une liste de qui a voté ou non, avoir une sorte de photographie démocratique, est très important.

Le travail qu’il faut faire en terme de construction de nation, de capacité de construction des individus, de développement d’individus, est un élément très important. C’est ce qu’il faut faire, selon moi.

Nous devons dire sérieusement que nous voulons un Etat de Palestine viable, indépendant et qui fonctionne. Et nous le reconnaissons, nous allons le faire fonctionner, et beaucoup de travail doit être fait. Ce n’est pas suffisant en soi ; en effet, cela doit faire partie d’un processus plus large. Et jusqu’à ce que cela se produise, nous n’aurons pas une solution à deux états.

Le 30 octobre, alors que vous vous exprimiez à la Chambre des Communes, vous avez demandé au gouvernement de le faire maintenant, affirmant que le centenaire de la Déclaration Balfour était une opportunité parfaite pour reconnaître un état palestinien. Si le gouvernement conservateur actuel n’est pas prêt à prendre cette mesure, « le gouvernement Travailliste le sera », avez-vous déclaré. Si vous devenez ministre des Affaires étrangères dans les semaines ou les mois à venir, vous le feriez tout de suite, comme votre première, ou peut-être deuxième décision, ou bien vous attendrez le moment opportun ? Comme Boris Johnson vous a répondu à ce moment-là, reconnaître la Palestine est une carte que l’on ne peut jouer qu’une seule fois ?

C’est une bonne question. Si je suis honnête, je ne peux pas vous dire si cela aurait lieu après 3, 30 ou 90 jours. Je ne sais pas. Mais le principe est là. Le principe est que le gouvernement a dit qu’il reconnaîtra l’Etat de Palestine à un moment donné qu’il choisira dans le futur. Ils ont dit ça il y a six ans ; et nous continuons d’attendre.

Ce n’est pas ce que nous [au Parti Travailliste] faisons. Nous voulons reconnaître un état palestinien. Nous ne voulons pas de « si » ou de « mais », nous voulons avancer sur le sujet.

Il y aura beaucoup de priorités. Evidemment, quand nous le ferons, nous le ferons de la manière la plus efficace qu’il soit. Donc, pas trois minutes après notre entrée au gouvernement, non.

Israël dit que reconnaître unilatéralement un état palestinien ne permettra non seulement de rien obtenir, mais cela serait en réalité contre-productif. Une reconnaissance unitatérale de l’état, selon ces arguments, n’inciterait pas les Palestiniens à venir à la table de négociations. Comment répondez-vous à cet argument ?

Eh bien, c’est tout simple faux. Les Palestiniens n’ont pas besoin d’un état pour être reconnus. Ils ont besoin d’un état pour disposer d’une zone géographique clairement identifiable, pour avoir un contrôle total de la zone avec leurs frontières, pour se déplacer sans être bloqués par des barrages, pour faire fonctionner correctement leur économie, pour s’occuper de leur propre terre, et ils n’ont pas ça pour le moment.

Nous aspirons tous à une solution à deux états. Si nous aspirons à une solution à deux états, pourquoi ne reconnaissons-nous pas le deuxième état ?

Ils ont besoin de vivre en paix, tout comme Israël. Ils ont besoin d’avoir des opportunités pour que leurs enfants réussissent mieux qu’eux, tout comme les Israéliens. L’existence d’un état n’est pas une question de voir la Grande-Bretagne reconnaître un état palestinien. Il s’agit d’être capable d’aller de l’avant. Et les politiques sur ce sujet continuent à entraver le chemin.

Nous aspirons tous à une solution à deux états. Si nous aspirons à une solution à deux états, pourquoi ne reconnaissons-nous pas le deuxième état ? Et ensuite, nous pourrions honnêtement regarder la situation et dire, pourquoi cela ne fonctionne pas comme un état. Il y a beaucoup de raisons pour lesquelles cela ne fonctionne pas correctement comme un état. Regardons tout cela, réglons tout cela.

En quoi cela contredit l’argument qu’une reconnaissance unilatérale découragera les Palestiniens de négocier avec Israël ?

Devenir un état ce n’est pas seulement être reconnu internationalement. L’incitation pour devenir un état est que vous travaillez comme un territoire, vous disposez d’une territoire reconnu, vous contrôlez vos propres zones, vous avez votre propre sécurité qui travaille pour vous, vous avez des élections, vous avez vos propres tribunaux, vous n’avez pas de barrages sur le routes, vous n’avez pas un autre pays qui occupe votre terre. Tout cela, c’est l’objectif d’un état. Il ne s’agit pas de dire ‘Oh, les Suédois et les Britanniques nous reconnaissent’. Il ne s’agit pas de cela.

Vous avez mentionné que les Palestiniens auront un état sur une « zone clairement identifiable géographiquement ». Allez-vous, ou le prochain gouvernement travailliste, reconnaître la Palestine dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme sa capitale, ce qui signifierait que la Grande-Bretagne considère le mur Occidental comme faisant partie de l’Etat de Palestine ?

Nous reconnaîtrons la Palestine dans les frontières de 67. Et nous savons qu’il faudra nécogier pour Jérusalem, et qu’il y a un certain nombre de solutions proposées. De notre point de vue, la totalité de Jérusalem ne peut pas, dans le futur et dans le contexte d’une solution à deux états, appartenir soit à Israël ou à la Palestine. Nous le savons tous.

Donc la question est : comment [réglons-nous cela] ? Dans le passé, les gens ont évoqué l’idée d’une ville internationale, et qu’il y aurait une institution internationale pour gérer Jérusalem.

Cela fait clairement partie des négociations, et cela n’a pas encore été résolu. Mais quand je parle à des politiciens, en privé, ils savent toujours ce à quoi une solution à deux états ressemble. Les gens sont honnêtes. On en parle depuis de décennies. Et ils connaissent la réalité.

Il y a quelques problèmes, et Jérusalem en est un. Il y a quelques éléments qui doivent encore être réglés. Nous avons besoin de gens pour développer le capital politique, pour être réactif, pour faire avancer les choses. C’est ce dont nous avons besoin, si vous me demandez. Ce n’est pas mon pays, mais c’est ce qui doit se produire, de mon point de vue.

Que pensez-vous de l’exigence du Premier ministre Benjamin Netanyahu de voir Israël reconnu comme l’état nation du peuple juif ?

Je pense qu’Israël est le foyer juif. C’est très important et c’est ce que [le Premier ministre fondateur d’Israël David] Ben Gourion voulait. Ben Gourion voulait également que ce soit un pays qui reconnaisse et protège les droits des minorités importantes qui vivent également en Israël.

Netanyahu serait d’accord avec cela : il est en faveur de droits politiques et civiques complets pour les citoyens non juifs. Les droits nationaux, pourtant, sont exclusivement pour le peuple juif de son point de vue. Est-ce une position que vous pouvez soutenir ?

Non. Ma position est ce que je viens d’expliquer.

Quelle est votre position sur le BDS ?

Je ne suis pas en faveur du boycott d’Israël.

Comprenez-vous les gens qui boycottent les implantations ?

Les territoires occupés ne devraient pas être occupés. C’est illégal selon le droit international. Donc, pour moi, si j’avais le choix, je n’achèterais pas de produits en provenance des implantations, parce que je pense que c’est mal. Je ne veux pas encourager la violation du droit international. Mais dans le même temps, je veux soutenir Israël. J’achèterais des produits israéliens, sans aucun doute.

Plus tôt cette semaine, la députée Joan Ryan, le chef des Amis Travaillistes d’Israël, a déclaré la phrase suivante lors d’une rencontre du Comité de Défense et des Affaires étrangères à la Knesset : « Pour moi, Israël est un phare de démocratie et d’état de droit au Moyen-Orient, un modèle auquel ses voisins devraient aspirer ». Êtes-vous d’accord avec sa déclaration ?

Je ne pense pas qu’Israël soit un modèle auquel ses voisins devraient aspirer.

Je pense qu’il y a beaucoup de choses positives en Israël. Je suis ravie d’avoir la chance de rencontrer [l’ancienne juge de la Cour Suprême Dalia Dorner] plus tard dans la journée. Vous avez une industrie florissante en Israël. J’aime le fait que la gay pride à Tel Aviv soit aussi vivante.

J’aime la démocratie libérale qu’est Israël. Et c’est un contraste avec de nombreux autres pays dans la région. Mais Israël n’est pas parfait. Et au moins une des raisons est l’occupation continue de la Palestine, et la misère des Palestiniens. Il s’agit d’un problème quotidien qui doit être traité. Et je veux que mon ami Israël aide [à traiter ce problème].

S’exprimant à la BBC dimahche, Netanyahu a dit espérer la « continuité » des relations britannico-israélienne si Jérémy Corbyn devenait le Premier ministre. Comment voyez-vous l’avenir des relations bilatérales avec l’arrivée au pouvoir de votre chef de parti ?

Je pense que les liens resteront forts. La politique du gouvernement britannique envers Israël est directement en ligne avec la politique du Parti Travailliste, même en ce qui concerne la reconnaissance de la Palestine. C’est notre politique qui devrait être appliquée plutôt bientôt que plus tard.

La seule différence par rapport à ce que le gouvernement dit : la Palestine devrait être reconnue mais nous ne dirons pas quand. Je crois que la politique du Parti Travailliste à l’égard d’Israël est totalement cohérente et dans la lignée des politiques précédentes envers Israël.

Nous critiquons le gouvernement israélien. Nous critiquons très fermement le gouvernement israélien. Jeremy serait extrêmement critique du gouvernement israélien. Mais devinez quoi ? Beaucoup d’Israéliens sont également très critiques du gouvernement israélien, dit Thornberry. C’est cela aussi être amis. Nous pouvons nous dire la vérité. Nous pensons que le gouvernement israélien s’est perdu.

Emily Thornberry à Yad Vashem, le 9 novembre 2017 (Crédit : autorisation de Labor Friends of Israel)

Pour finir, parlons de l’antisémitisme, qui est une préoccupation en Grande Bretagne généralement et dans le Parti Travailliste en particulier.

Il y a de l’antisémitisme dans la société britannique. Et l’antisémitisme change de nature au fil des ans. Le Parti Travailliste vient directement du cœur de la société britannique. Et nous avons de l’antisémitisme. Je ne pense pas que l’antisémitisme dans le Parti Travailliste soit pire que dans la société en général.

Je veux que mon Parti Travailliste défende des standards plus élevés que le reste de la société britannique. Un parti politique de la gauche progressive ne devrait laisser aucune place pour ce genre de choses. Et nous venons d’un peuple qui a combattu toute son existence contre le racisme. Jeremy est l’un d’entre eux.

Certaines choses qui sont dites au sujet de Jeremy, des gens croient vraiment que Jeremy est antisémite, tout cela est totalement faux. Le problème est qu’il est tellement gêné par cette accusation qu’il a du mal à y répondre.

Quand vous le qualifiez de raciste ou d’antisémite – cela l’offense profondément. Et c’est comme cela que l’on se retrouve dans une impasse idiote.

Mais il ne fait rien pour changer la perception qu’il nourrirait des sentiments antisémites. Pourquoi n’est-il pas venu au dîner Balfour par exemple ?

Il ne va pas aux dîners. Quand il y a eu le dîner pour le roi d’Espagne, j’y suis allée. Pour le président de Colombie, qui est un ami de longue date, j’y suis allée. Il a obtenu le prix du « Politicien de l’Année » du magazine Spectator, il a envoyé Diane [Abbott] [qui serait la ministre de l’Intérieur en cas de victoire des Travaillistes]. Il ne va pas aux dîners.

Il refuse également de donner des interviews à des journaux juifs, ou d’entrer dans un dialogue constructif avec les dirigeants de la communauté juive. On peut difficilement accepter l’argument qu’il est offensé par sa réputation quand il ne fait rien de concret pour changer les choses.

Il y a clairement beaucoup de travail à faire, entre le Parti Travailliste et la communauté britannique juive.

Les choses ont commencé à se compliquer sous [l’ancien chef du parti Travailliste] Ed Miliband, ce dont je suis vraiment triste. Et cela a empiré, je le comprends bien. Je suis prête à faire tout ce qu’il faut pour ouvrir d’autres voies de dialogue et pour voir ce qui en sort. Nous avons besoin d’un peu de mouvement des deux côtés.

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