Le gouvernement Trump accuse Harvard d’antisémitisme, menace de couper ses subventions
Le gouvernement fédéral accuse la plus vieille université américaine de ne pas avoir protégé les étudiants juifs et israéliens pendant les manifestations contre la guerre Israël-Hamas

L’administration Trump a accusé lundi Harvard de violer les droits de ses étudiants juifs ou israéliens et menacé l’université de mettre fin aux subventions du gouvernement fédéral si elle ne prenait pas des mesures « immédiates ».
Dans une lettre transmise au président de la plus vieille université américaine, le gouvernement fédéral accuse Harvard, au terme d’une enquête, de ne pas avoir protégé ces étudiants pendant les manifestations contre la guerre que mène Israël contre le groupe terroriste islamiste palestinien du Hamas dans la bande de Gaza, voire d’avoir été « indifférent ».
Harvard, qui est l’une des universités les mieux classées au monde, avait déjà perdu plus de trois milliards de dollars en subventions fédérales ces derniers mois malgré des mesures prises, selon sa direction, pour s’assurer que ses étudiants et son personnel juifs ou israéliens ne se sentent ni exclus, ni intimidés sur le campus.
« L’échec de l’université à mettre en œuvre immédiatement les changements requis mènera à la perte de toutes ressources financières fédérales et continuera d’affecter les relations de Harvard avec le gouvernement fédéral », souligne la lettre adressée à Alan Garber, le président de l’institution basée à Cambridge, dans le Massachusetts.
Dans cette lettre, la « task force » mise en place par l’administration pour combattre l’antisémitisme soutient que « la majorité des étudiants juifs ont fait état d’expérience négative ou de discrimination sur le campus », certains disant avoir été la cible de « crachats », ou avoir eu « peur » de s’afficher avec une kippa.
Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump mène la charge contre les universités qu’il accuse de propager une idéologie « woke », terme utilisé de manière péjorative par les conservateurs pour dénoncer ce qu’ils perçoivent comme un excès de militantisme en faveur notamment des minorités.

Dans cette bataille idéologique, la lettre accuse Harvard de soutenir une « hiérarchie raciale » par laquelle « les individus sont triés et jugés en fonction de leur appartenance à un groupe identitaire opprimé et non à leur mérite personnel ce qui a permis à l’antisémitisme de se développer sur le campus ».
Négociations en coulisses
Interrogée par l’AFP, la direction de Harvard a indiqué que « l’antisémitisme est un problème grave et demeure inacceptable peu importe le contexte » tout en affirmant être « en désaccord profond avec les conclusions du gouvernement ».
« Harvard a pris des mesures concrètes et proactives pour s’attaquer aux causes profondes de l’antisémitisme sur son campus (…) et a fait des progrès significatifs dans la lutte contre le sectarisme, la haine et les préjugés », a ajouté l’université en lutte aussi contre Donald Trump sur la question des étudiants internationaux.

Fin mai, la ministre de la Sécurité intérieure, Kristi Noem, avait révoqué la certification de Harvard au programme Sevis (Student and Exchange Visitor), principal système par lequel les étudiants étrangers sont autorisés à étudier aux Etats-Unis.
Harvard, qui accueillait lors de l’année académique 2024-2025 quelque 6.700 étudiants internationaux, soit 27 % de ses effectifs, a obtenu un sursis de la part d’une juge d’un tribunal fédéral.
L’université conteste en justice le gel de ses subventions et la révocation de sa certification Sevis, tout en refusant de se plier à des demandes du gouvernement, notamment en lien avec le contenu de ses formations.
Selon la presse américaine, Harvard et l’administration Trump mènent en parallèle des négociations afin de trouver un accord sur ces questions.
« La lettre envoyée ce matin à Harvard était très directe. Comme vous le savez, des négociations ont lieu derrière des portes closes », a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, sans lever le voile sur l’état de ces pourparlers.