Le grand rabbin d’Argentine grièvement blessé lors d’un cambriolage « antisémite »
Les groupes juifs ont condamné l'attaque contre Gabriel Davidovich et sa femme à Buenos Aires ; les agresseurs ont crié "Nous savons que vous êtes le rabbin d'AMIA"
Le grand rabbin d’Argentine a été hospitalisé dans un état grave lundi après avoir été passé à tabac par des personnes entrées à son domicile par effraction lundi.
L’agression contre le rabbin Gabriel Davidovich, dans le quartier de Once, à Buenos Aires, a été vivement condamnée par les groupes juifs qui l’ont qualifiée d’attaque antisémite.
Les agresseurs, qui sont entrés chez Davidovich peu avant l’aube ont crié « Nous savons que vous êtes le rabbin d’AMIA », et l’ont frappé, selon les médias locaux.
La femme de Davidovich a été ligotée et les agresseurs ont pris de l’argent et des biens, avant de prendre la fuite, précise la presse locale.
Il a été admis à l’hôpital avec plusieurs côtes fracturées et un poumon perforé, selon La Nacion. Les médias israéliens ont fait savoir que son état était « grave ».
AMIA a déclaré dans un communiqué que les propos tenus par les agresseurs étaient « alarmants ».
CONDENAMOS EL VIOLENTO ATAQUE SUFRIDO POR EL GRAN RABINO GABRIEL DAVIDOVICH, Y EXIGIMOS ESCLARECIMIENTOhttps://t.co/xFbn05CAGJ pic.twitter.com/CifTap2Xr5
— AMIA (@InfoAMIA) February 25, 2019
DAIA, l’organisation représentant la communauté juive argentine a qualifié l’attaque d’antisémite et appelé les autorités à prendre des mesures, associant cette agression à la vague d’antisémitisme qui frappe actuellement l’Europe.
Le groupe local travailliste sioniste Avoda a également retenu le caractère antisémite de l’agression.
« La communauté est en état de choc, très préoccupée. Il faut que les autorités fassent en sorte que cela ne se reproduise pas », a déclaré à l’AFP Tomy Saieg, un ancien président de l’AMIA, l’Association mutuelle israélite argentine. Il n’a pas caché son étonnement car les juifs d’Argentine vivent habituellement à l’abri de l’antisémitisme existant dans d’autres pays.
« Ils étaient bien renseignés, ils savaient qu’il était revenu de voyage trois jours plus tôt. Ils l’ont vu et ont commencé à le frapper, relève Tomy Saieg. Nous savons que l’Argentine n’est pas un pays antisémite, mes enfants vont à l’école avec la kippa et, dans la rue, personne ne leur dit rien. Mais il y a un sous-monde où l’antisémitisme est vif ».
L’ancien président de l’Amia exprime un paradoxe entre la quiétude du quotidien des juifs argentins et des faits indiscutables. « Il ne faut pas oublier que l’Argentine a reçu des nazis en fuite et que deux attentats ont été commis sur son sol ».
Sergio Blanck, un chef d’entreprise de 60 ans vivant à Buenos Aires, se dit « surpris » par l’agression du rabbin. « Des cas d’antisémitisme isolés, il y en a, mais je n’ai jamais eu la sensation qu’il y avait de l’antisémitisme en Argentine, ni à l’école, ni au service militaire, ni avec mes ouvriers à l’usine. Les attentats, ils étaient plus dirigés contre Israël ».
« Nous dénonçons l’attaque dont le grand rabbin Gabriel Davidovich a été victime à son domicile », a déclaré sur Twitter le président argentin Mauricio Macri. « Nous sommes avec lui alors qu’il se rétablit et il a notre soutien pour une enquête visant à trouver les responsables ».
Le vice-président du Congrès juif mondial, Robert Singer, a déclaré que le fait que Davidovich ait été pris pour cible en raison de sa judéité était « troublant et inquiétant ».
« On ignore encore s’il s’agit d’une agression haineuse antisémite ciblée ou d’un acte barbare criminel, mais nous avons confiance dans l’idée que les autorités feront ce qu’il est en leur pouvoir pour déterminer les mobiles de l’attaque et traduire leurs auteurs en justice. »
« J’adresse mes voeux de prompt rétablissement au grand rabbin argentin Gabriel Davidovich et à son épouse, violemment agressés. Nous ne devons pas laisser l’antisémitisme refaire surface. Je condamne fermement les récents actes antisémites et appelle la communauté internationale à prendre les mesures nécessaires pour le combattre, » a déclaré mardi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.
« Je vous appelle pour savoir comment vous allez et pour exprimer mon inquiétude pour la sécurité de la grande communauté juive que vous dirigez », a déclaré le président israélien Reuven Rivlin au rabbin, ajoutant que « l’État d’Israël fera tout ce qui est nécessaire pour protéger les Juifs, où qu’ils se trouvent. choisir de vivre et prendra toutes les mesures pour nous protéger du danger. Nous ne permettrons pas à ceux qui cherchent à nous nuire de nous poursuivre ».
Le président a adressé ses salutations au rabbin, et par son intermédiaire à la communauté juive, en déclarant: « Nous espérons que vous irez mieux et que vous retournerez à vos nombreuses responsabilités en tant que rabbin de votre communauté, et vous adresserons une chaleureuse accolade de la part d’Israël. »
« Nous souhaitons au rabbin Davidovich de se remettre complètement de l’attaque brutale que lui et sa femme ont subie dans leur maison à Buenos Aires. Nous devons combattre sans relâche cette haine dégoûtante. L’Agence juive, ainsi que le gouvernement israélien et d’autres organisations juives, vont se lancer dans une bataille contre la montée alarmante de l’antisémitisme à travers le monde, » a déclaré le président de l’Agence juive, Isaac Herzog.
Sharon Nazarian, de la Ligue Anti-Diffamation (ADL) a appelé « les autorités du gouvernement à rapidement enquêter sur cette attaque haineuse et appelé les dirigeants religieux et aux responsables à condamner cette acte haineux judéophobe. »
We condemn the #antisemitic violent attack against #AMIA Rabbi Gabriel Davidovich in Argentina. We urge government authorities to swiftly investigate this heinous assault and call on faith leaders and other officials to condemn this judeophobic hate crime https://t.co/meU8cuIdgB
— Sharon S. Nazarian Ph.D. (@sharon_nazarian) February 26, 2019
L’Argentine compte près de 200 000 Juifs, dont la plupart vivent à Buenos Aires.
Durant le week-end, des pierres tombales du cimetière juif de San Luis, dans la capitale, ont été vandalisées. Les responsables ont déclaré qu’ils ignoraient si l’acte était de nature antisémite.
En novembre, des fans de football argentins ont scandé « tuer des Juifs pour faire du savon » durant un match d’une équipe historiquement associée à la communauté juive et ont protesté lors de la victoire de l’équipe invitée.