Le grand rabbin néerlandais réagit au mea culpa des églises pendant la Shoah
Admettant sa culpabilité, l'église protestante reconnaît son inaction pendant et avant la Seconde Guerre mondiale ; une contrition non-nécessaire, selon le rabbin Binyomin Jacobs

AMSTERDAM, Pays-Bas (JTA) – Six églises néerlandaises ont émis ce qu’elles ont qualifié de « reconnaissance de culpabilité » pour ne pas avoir fait davantage pour sauver des Juifs ou protester contre les massacres commis pendant la Shoah.
Mais Binyomin Jacobs, grand rabbin des Pays-Bas, a confié au site d’information CIP que s’il « appréciait » ce geste de l’église protestante néerlandaises et de cinq autres instances épiscopales, il était également non-nécessaire.
« Des enfants ne doivent pas être amenés à reconnaître la culpabilité de leurs parents ou à en assumer la responsabilité », a dit Jacobs.
« Nous avons échoué à dénoncer les événements et nous avons gardé le silence, dans les faits et dans les actes, dans nos attitudes et dans nos pensées », a indiqué un communiqué qui a été émis mercredi par l’église protestante des Pays-Bas, la deuxième église la plus importante du pays qui compte 1,6 million de membres. Le communiqué a aussi fait savoir que l’église souhaitait « reconnaître, sans équivoque possible, que l’église a préparé ce terreau qui a permis à la semence de l’antisémitisme de croître », a rapporté Reformatorisch Dagblad.
Un sentiment qui a ensuite été partagé dans les déclarations de cinq autres églises protestantes : l’église réformée chrétienne, l’association réformée au sein de l’église protestante aux Pays-bas, les églises réformées des Pays-Bas (libérées), les Eglises réformées néerlandaises et l’église réformée restaurée.
Environ 15 % de la population néerlandaise – soit environ 2,5 millions de personnes – sont protestantes, selon le Bureau central des statistiques qui dépend du gouvernement.
Ces déclarations surviennent en amont de l’anniversaire de la nuit de Cristal de 1938, le 8 novembre.
Trois-quarts des Juifs des Pays-Bas ont été tués pendant la Shoah – le taux le plus élevé de tous les pays d’Europe occidentale occupés. De nombreux citoyens, ainsi que la police et la compagnie des chemins de fer néerlandaises, avaient travaillé, de manière active, avec les nazis pour déporter les Juifs dans les camps de la mort.
Parmi les victimes du génocide aux Pays-Bas, la jeune écrivaine Anne Frank, qui a été arrêtée en 1944 après avoir vécu deux ans dans la clandestinité et qui est morte, à l’âge de 15 ans, au camp de Bergen-Belsen, juste avant la fin de la guerre.
Cette reconnaissance de la part des églises suit la toute première présentation officielle d’excuse de ce type dans le contexte de la persécution des Juifs aux Pays-Bas de la part du gouvernement. Le Premier ministre Mark Rutte avait demandé pardon à la communauté pour les atrocités auxquelles les Pays-Bas avaient pris part pendant la Shoah au début de l’année.
L’ex-Premier ministre Wim Kok avait, pour sa part, présenté ses excuses en l’an 2000 pour « l’accueil glacial » réservé aux survivants des camps nazis lors de leur retour dans le pays – qui avait été occupé par l’Allemagne de 1940 à 1945.
L’équipe du Times of Israël et l’AFP ont contribué à cet article.