Samedi, dans la bande de Gaza, quelques minutes après des frappes de l’aviation israélienne sur une liste de cibles appartenant pour la plupart au Hamas, l’aile militaire du groupe terroriste a publié un communiqué affirmant que ses équipes de défense aérienne avaient fait fuir « les avions lâches de l’ennemi », prétendant que des missiles anti-aériens avaient été tirés dans leur direction.
Ce ne serait pas les premiers ni les derniers tirs anti-aériens dirigés contre les avions israéliens à Gaza. Depuis des années, l’armée de l’air israélienne opère en ayant conscience que le Hamas dispose de missiles anti-aériens relativement peu sophistiqués.
Ce n’est pas non plus la première fois que le Hamas se vante de capacités anti-aériennes qu’il ne possède probablement pas.
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Mais cette fois-ci, suite au crash d’un jet israélien F-16 abattu il y a plus d’une semaine par l’armée syrienne dans le nord du pays, ces commentaires avaient une autre signification.
En d’autres termes, le Hamas s’efforce d’être – ou d’être perçu comme – militairement comparable à l’armée syrienne, ou au moins au Hezbollah.
Indépendamment des tentatives – parfois pathétiques – du Hamas de se rapprocher du Hezbollah, qui est devenu l’une des forces les mieux armées du monde, le groupe sunnite palestinien au pouvoir à Gaza qui menace Israël par le sud et le groupe chiite libano-iranien qui menace Israël par le nord sont devenus remarquablement proches au cours des derniers mois.
Malgré l’inimitié naturelle entre les deux organisations en raison de leur appartenance religieuse opposée, les choses ont évolué depuis 2011, quand un conflit manifeste opposait la direction du Hamas, alors basée à Damas et dirigée par Khaled Meshaal, et « l’axe du mal » dirigé par l’Iran.
Le chef politique adjoint du Hamas Saleh al-Arouri lors d’une rare rencontre publique avec le chef du groupe terroriste libanais Hassan Nasrallah à Beyrouth, au Liban, le 31 octobre 2017 (Capture d’écran : PalInfo )
Plusieurs dirigeants du Hamas à l’étranger, tels Saleh al-Arouri, chef-adjoint du bureau politique, et Osama Hamdan, chef des affaires étrangères, vivent actuellement au Liban sous la protection du Hezbollah.
Arouri vit à Dahieh, le quartier chiite du Hezbollah à Beyrouth. Hamdan opère dans tout le monde arabe, mais principalement au Liban. Il publie quasi quotidiennement des photos de ses réunions au Liban et à l’étranger, y compris avec des membres et des associés du Hezbollah. Il y a quelques mois, le frère de Hamdan a été blessé dans une mystérieuse explosion dans le sud du Liban – une présumée tentative d’assassinat dirigée par des agents du Mossad.
Ce réchauffement des relations soulève à nouveau la possibilité d’une coopération entre le Hamas et le Hezbollah en cas de guerre avec Israël, ouvrant ainsi la voie à un conflit multi-fronts.
Des déclarations dans ce sens ont récemment été exprimées par plusieurs personnalités palestiniennes non seulement du Hamas mais aussi du Jihad islamique. Ils ont ainsi suggéré qu’en cas de guerre entre le Hezbollah et Israël au nord, les Palestiniens de Gaza se joindraient à eux.
Un tel scénario ne peut évidemment pas être pris à la légère et l’establishment sécuritaire d’Israël peut le craindre. Mais, une fois encore, Gaza n’est pas le Liban et le Hamas n’est pas le Hezbollah.
Des véhicules militaires israéliens en flamme après l’attaque du Hezbollah le 28 janvier 2015. (Crédit : AFP/MARUF KHATIB)
Les dégâts militaires causés au Hamas et à Gaza seraient beaucoup plus graves que les dégâts causés au Hezbollah et au Liban. Les capacités militaires du Hamas sont bien plus faibles que celles du Hezbollah et, plus important encore, l’économie de Gaza ne dispose pas des ressources nécessaires pour faire face à une autre guerre similaire à celle de l’été 2014. Les dirigeants du Hamas à Gaza le savent aussi ; par conséquent, la probabilité d’une guerre multi-fronts contre Israël reste faible.
Samedi, nous avons assisté à une reconnaissance du Hamas de sa position de faiblesse. Une bombe placée par des « manifestants » palestiniens près de la barrière frontalière, sous un drapeau palestinien, a blessé quatre soldats israéliens.
L’attaque a probablement été commise par ces groupes qualifiés de « voyous » à Gaza – ce qui signifie qu’elle n’a pas été commise par le Hamas ou le Jihad islamique. Cependant, étant donné qu’elle a été commise lors de manifestations organisées par le Hamas à la frontière, le groupe terroriste est en partie responsable de l’incident. Un tel scénario n’aurait pas été possible au Liban, où aucun groupe n’aurait pu mener une attaque contre les soldats israéliens à l’insu du Hezbollah.
La réaction israélienne face à l’attaque a été rapide et plusieurs sites du Hamas ont été ciblés dans tout Gaza. Le Hamas, ayant reconnu sa faiblesse et le danger d’une escalade des tensions avec Israël, a opté pour la retenue – une retenue masquée par une grandiose déclaration concernant son armement anti-aérien capable de « chasser » les avions israéliens.
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