Le haut conseiller de Zelensky évoque ses racines juives
Le chef d'état-major Andriy Yermak a révélé que des proches avaient été tués à Babi Yar, avant de donner quelques détails sur la routine de Zelensky en ces temps de guerre
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Le conseiller principal du président ukrainien Volodymyr Zelensky a longuement parlé de son propre héritage juif lors d’une conversation jeudi avec des journalistes israéliens.
Andriy Yermak, le chef de cabinet de Zelensky, a dirigé le briefing d’une heure en ukrainien, avec l’aide d’un interprète. Jusqu’à ce qu’on l’interroge sur son héritage juif.
Yermak est passé à l’anglais uniquement pour cette réponse, s’adressant directement aux Israéliens.
« Mon père est Juif, il est né à Kiev », a déclaré l’homme de 50 ans, vêtu de la veste militaire que les dirigeants ukrainiens portent régulièrement depuis le début de la guerre avec la Russie.
« Certains de mes proches ont été tués à Babi Yar », a-t-il souligné, faisant référence au ravin de Kiev dans lequel plus de 33 000 Juifs ont été massacrés par l’Allemagne nazie et ses alliés locaux en septembre 1941.
« Ce fut un choc quand l’un des premiers obus a frappé la ville d’Ouman, et la semaine suivante, quand un autre obus a tué une famille avec des enfants qui visitait le mémorial de Babi Yar », a poursuivi Yermak. « Les millions de personnes qui sont mortes ne méritent pas que leur mémoire soit brûlée. »

« Le slogan ‘Never Again’ [plus jamais] est très pertinent », a-t-il souligné.
Plus tôt ce mois-ci, Yermak a écrit sur l’histoire des Juifs d’Ukraine dans une tribune pour le Times of Israel et a comparé les Ukrainiens attaqués par la Russie aux Juifs assassinés par les nazis.
« Le peuple juif ne connaît que trop bien la menace d’être éradiqué », a-t-il écrit. « Aujourd’hui, l’Ukraine, c’est Israël. »
Au cours de la conversation de jeudi, Yermak a également parlé de Borys Romanchenko, le survivant de la Shoah de 96 ans tué par une frappe aérienne russe à Kharkiv. « Il a réussi à survivre dans l’enfer des camps de concentration nazis, puis est mort à 96 ans sous une bombe russe. C’est une réalité surréaliste. Cela ne peut pas se justifier. »

Yermak a ajouté que sa famille maintenait des contacts avec des proches juifs en Israël, aux États-Unis et en Belgique.
Zelensky, le patron de Yermak, est également Juif et a perdu ses arrière-grands-parents dans la Shoah.
Tout au long du briefing, Yermak a cherché à établir des parallèles entre l’Ukraine et Israël, arguant que leur proximité devrait rendre Jérusalem plus fermement pro-ukrainienne.
« Je pense que nous avons tellement de choses en commun », a-t-il déclaré. « Il y a tellement de lieux sacrés pour les Juifs en Ukraine. Tant d’endroits liés aux grandes tragédies du siècle précédent qu’il serait très étrange qu’Israël reste à l’écart. »
« Israël est très étroitement lié en termes de famille, en termes d’histoire et dans d’autres aspects de nos vies. »
Zelensky en guerre
Yermak a révélé des détails sur la routine de Zelensky pendant les combats.
Lorsque l’invasion a commencé, a déclaré le conseiller principal du président, « je me suis précipité pour rejoindre Zelensky ». « À 6 heures du matin, j’étais déjà au bureau. Quand je suis arrivé, le président était déjà là et depuis lors, nous sommes au même endroit, dans le bureau présidentiel. »

Zelensky ne dort que 4 à 5 heures par jour, selon Yermak.
Malgré des journées de travail de 20 heures, a déclaré Yermak, Zelensky maintient sa concentration. « Il reste très énergique. Il dynamise les autres personnes qui l’entourent. »
Le président ukrainien s’entretient avec jusqu’à dix dirigeants mondiaux par jour et rencontre quotidiennement des responsables militaires et des renseignements, et le président remet régulièrement des décorations aux soldats.
Malgré la peur omniprésente d’être assassiné par les Russes, Zelensky se fait un devoir de rendre visite aux soldats blessés dans les hôpitaux, a déclaré Yermak.
« Je n’ai jamais vu le président être désemparé. Je ne l’ai pas vu effrayé, je ne l’ai pas vu hésitant sur ce qu’il doit faire », a souligné Yermak.
« C’est un vrai leader et une source d’inspiration. »

Yermak s’est également confié sur ses propres émotions alors que son pays est en guerre : « Je n’ai jamais ressenti de peur, parce que je sais que je fais cela pour mon pays, pour ma famille, pour l’avenir de notre terre. Pour notre peuple. »
« Bien sûr, le soir, je me sens très attristé quand je vois les villes détruites », a-t-il poursuivi. « Parfois, nous devons cacher nos émotions et faire ce que nous devons faire. »
L’assistant principal de Zelensky a décrit la période précédant l’invasion russe comme une période de tolérance marquée entre les différentes ethnies et religions.
Bien que les circonstances soient maintenant bien plus sombres, cette unité a persisté, a soutenu Yermak. « Peu importe – les Juifs ukrainiens, les Russes ukrainiens, les Ukrainiens d’origine, les autres – tout le monde est ensemble. Tout le monde est uni autour du président. Tout le monde se bat tous les jours. »
« [L’Ukraine] est une grande nation au centre de l’Europe, et c’est une grande nation qui veut être libre, indépendante », a-t-il poursuivi. « Et je suis sûr que notre histoire sera si grande, aussi grande que l’histoire d’Israël, et les relations entre nos pays, les relations entre nos peuples, seront plus fortes, et nous pourrons toujours dire que nous sommes de vrais amis. »
C’est vous qui le dites...