Le Hezbollah demande la restitution du contrôle d’un tunnel ferroviaire au Liban
Cette demande faite par un ministre proche du groupe terroriste viserait à compliquer, voire anéantir, les négociations sur les frontières maritimes entre Israël et le Liban
Un ministre libanais affilié au groupe terroriste du Hezbollah a demandé lundi qu’Israël redonne au Liban le contrôle d’un tunnel ferroviaire, fermé depuis longtemps, qui part de la ville frontière israélienne de Rosh Hanikra, au nord du pays, et qui s’étend sur le territoire libanais sur quelques centaines de mètres.
« Notre droit souverain s’exerce dans notre décision de retrouver chaque centimètre de ce tunnel occupé, sans compromis de notre décision de retrouver nos terres et nos frontières maritimes également », a déclaré Ali Hamieh au cours d’une visite du côté libanais de la frontière, a fait savoir la Douzième chaîne.
Creusé en 1941 par les gouvernants britanniques, ce tunnel de 695 mètres de long faisait partie de la ligne ferroviaire qui reliait autrefois l’Égypte à la Turquie, et qui traversait la Palestine sous mandat britannique et le Liban. Il avait été fermé lors de la guerre d’Indépendance de 1948. En l’an 2000, quand Israël avait quitté le sud du Liban, l’État juif avait scellé la sortie du tunnel grâce à une barrière en béton et ce dernier était resté placé sous contrôle israélien, désigné comme zone militaire fermée.
Hamieh a aussi demandé que la barrière en béton soit détruite.
Des sources israéliennes qui ont été citées par la Douzième chaîne auraient déclaré qu’abandonner le contrôle du tunnel serait une menace pour le Kibbutz Rosh Hanikra qui est situé le long de la frontière.
Les observateurs estiment que les propos tenus par Hamieh entrent dans le cadre d’une initiative visant à saborder les pourparlers en cours entre Israël et le Liban, qui tentent de résoudre un conflit portant sur leurs frontières maritimes respectives en vue de l’exploitation de réserves de gaz offshore.

Même si les autorités libanaises n’avaient pas émis de demande concernant le tunnel depuis de nombreuses années, la question avait été abordée par l’équipe de négociation libanaise dans le cadre des pourparlers maritimes, a noté la chaîne.
Elle a ajouté que le Hezbollah considérait le tunnel comme un moyen de gagner de l’influence dans les négociations. Toutefois, les opposants politiques du Hezbollah, à Beyrouth, affirment que cette demande ne vise qu’à détourner l’attention avec pour objectif de rendre les négociations en cours plus compliquées.

Moshe Davidovich, chef du Conseil régional de Mateh Asher, a indiqué dans un communiqué que « les demandes illusoires du gouvernement libanais sont, au mieux, une plaisanterie qui a raté son but et, au pire, une tentative insensée de saper les faits au sujet de l’État d’Israël ».
Le Hezbollah a récemment durci sa rhétorique et ses actions dans ce contexte de conflit frontalier, après qu’Israël a dépêché une plateforme flottante d’exploitation de gaz naturel dans le champ de Karish, un champ revendiqué par le Liban qui dit qu’il se trouve dans ses eaux territoriales. Le Liban a dénoncé la présence de la plateforme et le Hezbollah, pour sa part, a menacé d’attaquer la réserve de ressources énergétiques. Le Hezbollah a ainsi envoyé trois drones vers Karish en date du 2 juillet, des drones qui ont tous été interceptés par l’armée israélienne.
La semaine dernière, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a menacé l’État juif d’une guerre, disant que les drones lancés vers Karish n’étaient « que le début ».
« Écrivez bien cette équation – nous atteindrons Karish et nous atteindrons tout ce qui est au-delà de Karish, et encore tout ce qui est au-delà… Si vous voulez empêcher le Liban d’exercer son droit à se sauver lui-même en exploitant du pétrole et du gaz, alors personne ne sera jamais en mesure d’exploiter ce pétrole et ce gaz », a-t-il dit lors d’un discours télévisé prononcé pour le 16e anniversaire de la Seconde guerre du Liban.
Le mois dernier, l’envoyé spécial américain à l’énergie, Amos Hochstein, a discuté avec l’équipe israélienne chargée des négociations d’une proposition libanaise visant à résoudre le conflit maritime.
Selon Hochstein, le Liban a accepté de renoncer à ses revendications sur une partie du champ de Karish, demandant en échange d’avoir le contrôle total du champ de gaz de Qana qui chevauche également les zones économiques offshore des deux pays.
Israël déclare que le champ de Karish fait partie de sa zone maritime exclusive reconnue par les Nations unies et le pays cherche à le développer alors qu’il tente de se positionner en tant que fournisseur de gaz naturel vers l’Europe.
Au début du mois de juin, Israël, l’Egypte et l’Union européenne ont signé un protocole d’accord, au Caire, qui prévoit l’exportation du gaz naturel israélien à destination du bloc européen pour la toute première fois.
Le discours prononcé mercredi dernier par Nasrallah a coïncidé avec la toute première visite depuis qu’il est à la Maison Blanche du président américain Joe Biden dans la région. Hochstein, le négociateur américain, l’a accompagné lors des étapes israélienne et saoudienne de ce déplacement.