« Mort à Israël, mort aux Etats-Unis » lors des funérailles solennelles de Samir Kuntar
Le terroriste druze libanais est salué comme "un martyr" ; des internautes fustigent la supposée complicité russe

Le Hezbollah a organisé lundi d’imposantes funérailles dans le sud de Beyrouth pour Samir Kantar, tué dimanche près de Damas lors d’un raid imputé à Israël. Il était en charge du front du Golan.
« Les Israéliens n’ont toujours pas appris qu’avec toutes ces tentatives d’assassinat de leaders, ils sont en train de commettre une énorme bêtise », a lancé un haut responsable du Hezbollah, Hachem Safieddine.
« Mort à Israël, mort aux Etats-Unis », scandait une foule compacte derrière le cercueil de Samir Kantar.
Tandis que les deux adversaires ont échangé dimanche roquettes et obus à la frontière libano-israélienne, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, dont les hommes combattent en Syrie aux côtés du régime, doit intervenir dans la soirée pour réagir à cette mort.
La ministre de la Justice israélienne s’est félicitée de la mort de Kantar mais sans revendiquer la responsabilité du raid perpétré samedi. Cependant, un haut responsable de la sécurité israélienne avait averti en 2008, peu après la libération du Libanais d’une prison israélienne, qu’il restait une « cible pour Israël ».
Dans le quartier de Ghobeiri, fief du Hezbollah, des barrages ont été dressés et des partisans en habit militaire portaient des drapeaux de leur parti. Son cercueil a été lui aussi recouvert du drapeau du Hezbollah.
« Pendant ses sept ans de liberté, Samir s’est impliqué dans la résistance (contre Israël) au Liban et quand sont apparus les premiers signes de la résistance sur le front du Golan occupé, il a été le premier à le rejoindre. Israël a essayé six fois de l’assassiner au Liban et en Syrie », a affirmé son frère Bassam dans un article publié lundi par le quotidien libanais Al-Akhbar.
Pour Waddah Charara, expert du Hezbollah, « Samir Kantar représentait l’emblème d’un projet (…) de constitution d’un front de résistance dans le sud druze syrien (…) Et quand Nasrallah a annoncé qu’on verrait bientôt une résistance syrienne aussi efficace que la résistance chiite au Liban-sud, Kantar faisait partie de l’équation ».
« Kantar a essayé de jouer de son appartenance à la communauté druze pour être une tête de pont et pour chercher à ébranler la loyauté des druzes à l’État hébreu. Israël ne pouvait pas l’accepter », a souligné l’auteur du livre « l’Etat hezbollah ».
Les quelque 20.000 druzes qui vivent sur le Golan ont dans leur immense majorité refusé la nationalité israélienne après l’annexion en 1981 du plateau par l’Etat hébreu.
Originaire d’Aabey, dans la région druze au sud-est de Beyrouth, Kantar a appartenu à la frange de la jeunesse libanaise qui s’était engagée dans les années 70 aux côtés des terroristes palestiniens au Liban.
Ainsi le chef druze Walid Joumblatt lui a rendu hommage.
« Malgré nos différences dans nos positions politiques sur la crise syrienne, nous condamnons la mort du militant Samir (…) qui a dédié sa vie à la lutte contre l’occupation israélienne (…) Il restera un symbole de lutte, de la résistance et de la liberté », a-t-il dit dans un communiqué.
Sur les réseaux sociaux, les critiques pleuvent sur l’inaction des Russes, alliés du Hezbollah contre les rebelles en Syrie, qui disposent au sol d’un système de radars ultra-performants et de missiles de longue portée S-400.
« Peut-on dire que l’opération menée par les avions israéliens a été coordonnée dans la chambre des opérations commune russo-israélienne ? », écrit ainsi un internaute.
Les médias sympathisants du Hezbollah, manifestement gênés, ont justifié l’inaction russe par le fait que les avions israéliens n’étaient jamais entrés dans l’espace aérien syrien pour viser Kantar mais avaient tiré quatre missiles à partir du lac de Tibériade, situé en Israël.
Pour M. Charara, professeur de sociologie à l’université libanaise, « dès le départ, la Russie a tenu à marquer le fait que sa défense du régime syrien ne concernait pas le conflit syro-israélien ».