Le jour d’après au marché Sarona : retour à une normalité plus triste que d’habitude
Les commerçants étaient déterminés à revenir sur la scène de la fusillade, et ont été rejoints par des journalistes et des politiciens
Moins de 12 heures après qu’une attaque terroriste palestinienne a fait quatre morts israéliens dans la nuit de mercredi, le matin suivant, le café Max Brenner du marché Sarona et les cafés alentours souhaitaient la bienvenue à leurs premiers clients avec un café matinal et un petit-déjeuner.
L’atmosphère calme, presque sereine, cache les horreurs de l’attaque de la nuit précédente, quand deux Palestiniens ont ouvert le feu sans cible précise sur les clients qui profitaient d’une soirée à l’extérieur. Le sol a été frotté pour en enlever le sang ; le verre brisé a été balayé ; les affaires des personnes qui sont mortes ici et celles de ceux qui ont couru pour sauver leurs vies ont également disparu. Près d’une douzaine de commerçants sont assis calmement dans des chaises en osier, commandant des petits-déjeuners israéliens et écoutant le rock doux de la playlist musicale.
Tout autour de la plaza de gazon, les gens promènent leurs chiens, des mères sont allongées sur des couvertures avec leurs bébés, et des employés arrivent pour leur journée de travail dans les restaurants et commerces.
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Au café Landver, face à Max Brenner, une gérante rassemble son équipe de quatre serveurs pour une session d’information brève après l’ouverture de l’échoppe.
« Merci d’être venus aujourd’hui. Nous ne savons pas ce que le futur nous réserve mais je veux que vous sachiez que je suis là et que nous nous sortirons de cela ensemble », leur a-t-elle dit.
« Si vous avez besoin de quoi que ce soit, dites-le moi. Je vous aime et je suis avec vous », a-t-elle ajouté.
A l’intérieur de Max Brenner, la serveuse porte un autocollant sur lequel on peut lire, « Tel Aviv respire profondément ». Elle refuse d’être interviewée par la douzaine de journalistes locaux et internationaux qui se tiennent à l’intérieur et autour de l’établissement.
« Aucun d’entre nous n’était de service la nuit dernière et on veut juste retourner à la normale », est tout ce qu’elle peut dire, alors qu’elle apporte une commande de thé gingembre-cacao.
Le ministre de la Défense Avigdor Liberman, le ministre de la Construction Yoav Galant, le ministre des Infrastructures Yuval Steinitz et le député du Parti travailliste Erel Margalit font partie de la parade de politiciens qui viennent au café, et s’arrêtent au mémorial artisanal de bougies et de fleurs à l’extérieur.
Margalit affirme aux journalistes qu’il attend une action décisive de la part des Palestiniens afin de mettre un terme au terrorisme, et qu’il a également demandé à Google, Facebook et Twitter de bloquer les messages d’incitation à la haine sur leurs réseaux.
« Les gens voient les photos et c’est ce qui en inspire d’autres à sortir et à agir », a-t-il affirmé. « L’Autorité palestinienne doit fermer tous ces sites. Si vous voulez contrôler le terrorisme sur le terrain, contrôlez-le sur les réseaux sociaux ».
A l’intérieur du marché Sarona, la propriétaire d’un stand de boulangerie emballe une tarte aux amandes caramélisée pour un client avant de décrire la terrible épreuve de mercredi soir.
« Je n’étais pas là, mais une de nos employées s’est cassée l’épaule. Quand la fusillade a eu lieu, tout le monde a commencé à courir, et elle a été piétinée ».
« C’est notre vie »
Charles Peguine, le propriétaire du Palais des thés, un magasin gourmet de thés du marché, raconte que c’est la troisième attaque terroriste à Tel Aviv à laquelle lui et sa famille ont échappé de peu. Le 1er janvier, quand le terroriste arabe israélien Nashat Milhelm a ouvert le feu près du carrefour Dizingoff et Gordon, son épouse et sa fille se trouvaient dans l’autre magasin familial, de l’autre côté de la rue, et se sont cachées dans les toilettes avec leurs clients. Le 8 mars, sa fille faisait de l’exercice dans le parc Charles Clore lorsqu’elle a vu un terroriste palestinien courir le long du bord de mer et poignarder tous les gens alentours.
« C’est notre vie », a ajouté Peguine, qui a grandi en Belgique. « Malheureusement quatre personnes sont mortes ; mais il n’y a pas eu moins de clients aujourd’hui. Nous avons l’habitude ».
Pour Dimitri, père d’un garçon de 6 ans qui profite d’avoir l’une des nombreuses aires de jeux de la plaza rien que pour lui, l’attaque constitue un autre rappel que « même si nous ne pouvons pas fuir cette réalité, nous devons continuer de vivre. La vie est magnifique et nous devons la vivre ».
Ayant émigré depuis Moscou il y a juste trois mois, il dit qu’il a une idée claire de ce que vivre en Israël implique.
« Il y a la guerre ici mais en Russie, c’est bien pire ; nous avons beaucoup plus de problèmes. Le terrorisme, la violence, les troubles économiques, donc non, nous n’avons pas peur », raconte-t-il au Times of Israel.
« Israël va gagner », ajoute-t-il, avec un sourire et en croisant les doigts.
Dans une autre zone de gazon de l’autre côté du café Brenner, un groupe de 40 adolescents a formé une large ronde et chante doucement “Shir Lamaalot” (une chanson d’ascension) issue des Psaumes.
C’est le morceau d’ouverture d’une cérémonie non-officielle pour les morts et les blessés.
Le groupe est constitué de membres d’un programme pré-armée basé à Nahal Oz, dans le sud d’Israël, près de la bande de Gaza. Ils racontent qu’ils ont écourté une randonnée à Kiryat Shmona dans la haute Galilée afin de venir à Tel Aviv pour montrer leur solidarité.
« Nous devons être forts. Nous survivons en tant qu’Israéliens parce que des gens se réveillent (d’une telle attaque) le jour d’après et font ce qui doit être fait », affirme Revi Eliovson, 19 ans.
Originaire du New Jersey, Eliovson va débuter son service militaire dans deux mois et espère devenir assistant médical.
« Je n’ai aucune inquiétude pour le début de mon service. Des événements comme celui-ci me rappellent combien il est important que je serve dans l’armée », a-t-il ajouté.
Un rabbin du Habad-Loubavitch se tient près du mémorial improvisé et essaie d’inciter les passants à mettre des tefillin.
« Mon avis sur l’attaque terroriste est que nous nous trouvons dans les derniers moments du long exil juif et que l’on peut s’attendre à voir l’arrivée du Messie à n’importe quel moment », a-t-il affirmé au Times of Israel.
« Pour cela, nous devons tous faire le bien, créer un effet en chaîne dans notre entourage, parmi notre famille, nos amis et au travail et devenir de meilleures personnes. Si nous faisons tout ce que nous pouvons pour faire le bien, cela va hâter notre rédemption. »
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