Le Kirghizstan, pays musulman, va encadrer la religion pour lutter contre l’extrémisme
La nouvelle législation prévoit l'interdiction des partis politiques à base religieuse, des activités de prédication de porte-à-porte et la régulation des associations religieuses
Les autorités du Kirghizstan vont légiférer pour encadrer plus strictement la religion et notamment l’islam, inquiètes de la montée de l’extrémisme religieux dans cet État laïque d’Asie centrale à majorité musulmane.
Les députés ont adopté mardi en première lecture des amendements initiés par le gouvernement kirghiz pour modifier la loi « sur la liberté de religion et les associations religieuses », selon un communiqué du Parlement, dominé par le parti présidentiel.
Ces deux dernières années, les autorités ont fermé une centaine de mosquées, principalement dans le sud du pays, plus religieux, et annoncent régulièrement l’arrestation de membres supposés de différents groupes jihadistes ou encore le rapatriement de familles de jihadistes ayant combattu au Moyen-Orient.
En novembre, le président Sadyr Japarov avait convoqué les principaux chefs religieux du pays, les appelant à participer à la « lutte contre les éléments radicaux » et à « guider ceux qui se sont écartés du droit chemin ».
Les amendements à la loi prévoient notamment l’interdiction des partis politiques fondés sur une base religieuse, des activités de prédication de porte-à-porte, tandis que des « organes centraux » seront créés pour réguler les associations religieuses.
De plus, chaque personne souhaitant recevoir un enseignement religieux à l’étranger devra obtenir une autorisation préalable, pour « empêcher l’influence destructrice d’un enseignement religieux à l’étranger ».
Après des décennies d’athéisme, l’effondrement de l’URSS a permis un retour de la religion en Asie centrale ex-soviétique, région grande comme l’Union européenne.
Des milliers de personnes originaires des ex-républiques soviétiques d’Asie centrale – Kirghizstan, Kazakhstan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan – avaient rejoint, en particulier dans les années 2013-2015, différentes organisations jihadistes en Syrie et en Irak, dont le groupe État islamique (EI).
Mi-octobre, l’Organisation de la coopération de Shanghaï – regroupant notamment des pays centrasiatiques, la Russie, l’Iran et la Chine – avaient fait état de combattants originaires d’Asie centrale dans les rangs de groupes islamistes en Syrie, qui ont fait tomber début décembre le régime de Bashar al-Assad.
En France, le Parlement avait adopté à l’été 2021 une loi dite sur le « séparatisme » impliquant un contrôle étatique plus fort notamment sur les associations pour lutter contre l’islamisme radical et renforcer la laïcité.