Le Koweït va durcir l’octroi de visas aux Libanais
Près de 50 000 expatriés libanais vivent dans le pays du Golfe et craignent les répercussions de la crise alors que Beyrouth s'enfonce dans une crise socio-économique inédite
Les autorités koweïtiennes vont durcir les conditions d’obtention de visas pour les Libanais, dans un contexte de crise diplomatique entre Beyrouth et plusieurs pays arabes du Golfe, a indiqué mercredi à l’AFP une source de sécurité dans l’émirat.
Comme l’Arabie saoudite, le Koweït a rappelé son ambassadeur à Beyrouth à la suite de propos du ministre de l’Information libanais critiquant l’intervention militaire de Ryad dans la guerre au Yémen et soutenant les rebelles appuyés par l’Iran.
Le Koweït, où vivent quelque 50 000 Libanais, a également demandé au chargé d’affaires libanais, plus haut diplomate dans l’émirat, de partir.
« Il y a une décision orale d’être plus stricts dans l’octroi de visas touristiques ou commerciaux aux Libanais », a indiqué cette source qui a requis l’anonymat.
Elle a cependant souligné qu’il n’y avait pas encore de décision officielle et que le Koweït n’avait pas interrompu la délivrance de visas aux Libanais.
Des centaines de milliers de Libanais travaillent dans les Etats du Conseil de coopération du Golfe – Arabie saoudite, Emirats, Qatar, Bahreïn, Koweït et Oman -, et apportent un soutien financier précieux à leurs familles au pays.
Ces expatriés craignent les répercussions de la crise diplomatique alors que le Liban s’enfonce dans une crise socio-économique inédite, qualifiée par la Banque mondiale d’une des pires dans l’histoire du monde depuis 1850.

Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a implicitement appelé le ministre de l’Information George Kordahi à démissionner, afin d’amorcer un règlement de la crise. Mais ce dernier, soutenu par le Hezbollah chiite pro-iranien, refuse catégoriquement.
Le sort des expatriés
Mercredi, les ambassadeurs libanais à Ryad et à Bahreïn ont exprimé, lors d’un entretien avec M. Mikati, « leur crainte de voir cette crise s’aggraver et se répercuter sur les intérêts des Libanais dans le Golfe », selon l’Agence nationale d’information (ANI, officielle).
L’Arabie saoudite a déjà interdit les importations en provenance du Liban, alors que l’économie du pays est déjà à genoux.
Le royaume saoudien est le troisième marché d’exportation du Liban, représentant 6 % des exportations du pays en 2020, d’une valeur d’environ 217 millions de dollars, selon la Chambre de commerce.
L’affaire prend l’allure d’un bras de fer au sujet du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, poids lourd de la politique libanaise, qui est armé et financé par l’Iran chiite, grand rival régional de l’Arabie saoudite sunnite.

Le chef de la diplomatie saoudienne, Fayçal ben Farhan, avait déclaré que « le problème allait bien au-delà des simples commentaires d’un ministre » et dénoncé « l’hégémonie du Hezbollah sur le Liban ».
La décision du Koweït intervient alors que les services de sécurité interrogent 16 Koweïtiens « soupçonnés de financer le Hezbollah » selon des médias locaux. Les chiites constituent une importante communauté au Koweït.
En 2015, les autorités koweïtiennes avaient démantelé une cellule qu’elles avaient accusée de collusion avec l’Iran et le Hezbollah. Elles avaient affirmé que le parti pro-iranien avait entraîné ses membres, ce que ce dernier avait démenti.