Le leader de Bahreïn appelle à la libération des otages du Hamas
Dans un discours prononcé lors d'une conférence, Salman bin Hamad Al Khalifa a condamné l'assaut du Hamas et appelé les pays internationaux à travailler sur la paix entre Israël et le Hamas
Le prince héritier et Premier ministre du Bahrein, Salman bin Hamad Al Khalifa, est devenu le tout premier leader arabe à condamner ouvertement l’assaut lancé par le Hamas sur le sol israélien, le 7 octobre, au cours d’un Sommet consacré à la sécurité et à la défense qui a eu lieu ce week-end au Moyen-Orient.
Au cours d’un discours déterminant prononcé lors du Sommet annuel du Dialogue de Manama de l’International Institute for Strategic Studies (IISS), le leader bahreïni a indiqué qu’il condamnait « sans équivoque » le Hamas suite à l’intrusion en Israël de milliers de terroristes qui avaient franchi la frontière avec Gaza, massacrant au moins 1200 personnes, des civils en majorité, et enlevant environ 240 personnes qui sont actuellement retenues en otage dans la bande.
Qualifiant « d’intolérable » la situation à Gaza, Khalifa a souligné que dans l’islam et le judaïsme, « la protection de la vie des innocents est un devoir et une responsabilité morale ».
S’adressant aux participants du sommet – parmi lesquels des responsables de la diplomatie et de la sécurité venus de tout le Moyen-Orient, des États-Unis et d’Europe – le dirigeant a déclaré se tenir « aux côtés des civils et des innocents, pas aux côtés des postures politiques. Les attaques du 7 octobre ont été barbares, elles ont été horribles. Elles n’ont fait aucune distinction. On a tué des femmes, des enfants, des personnes âgées ; cela n’a eu aucune importance ».
« Ils frappent des institutions civiles et ils frappent des cibles militaires », a-t-il continué. « Et par dessus tout le reste, il semble que cela ne pose dorénavant plus aucun problème d’enlever des otages, de les emmener et d’évoquer un tel fait sous la forme d’un acte de guerre. C’est quelque chose que nous condamnons ».
Le prince a aussi critiqué avec force Israël et l’opération en cours à Gaza – qui a pour objectif, a dit Israël, de ramener les otages et d’éliminer le Hamas qui gouverne l’enclave côtière depuis 2007.
Le ministère de la Santé dirigé par le Hamas a fait savoir que plus de 13 000 personnes avaient perdu la vie à Gaza depuis le début de la guerre. Des chiffres qui ne peuvent pas être vérifiés de manière indépendante et qui ne font pas la différence entre les civils et les membres du groupe terroriste, et qui comptent aussi les victimes des roquettes défaillantes qui, lancées vers le territoire israélien, sont retombées dans la bande.
« Je condamne sans ambiguïté aucune la campagne aérienne qui a entraîné la mort de plus de 11 000 personnes à Gaza, dont 4 700 enfants », a déclaré Khalifa. « Aujourd’hui, ces deux actions ont entraîné la mort d’innocents… Les deux sont répréhensibles et elles doivent s’arrêter ; il faut que nous nous y attaquions à l’une comme à l’autre avec le plus grand soin à l’avenir, parce qu’il est nécessaire que nous brisions ce cercle vicieux ».
Et pour commencer à aller de l’avant, a-t-il continué, le Hamas doit avant tout libérer les otages qui se trouvent en captivité depuis plus de six semaines. En échange, a-t-il recommandé, Israël doit libérer les femmes et les enfants « non-combattants, innocents ». Parmi les Palestiniens emprisonnés en Israël pour des délits sécuritaires, il y a des mineurs et des femmes.
« C’est, je pense, l’une des conséquences susceptibles d’être entraînées par une pause dans les hostilités – si vous voulez appeler cela un cessez-le-feu, vous pouvez aussi parler d’une pause, vous pouvez aussi utiliser l’expression que vous voulez », a dit Khalifa. « L’intention, c’est de faire une pause. De manière à ce que les gens puissent s’approvisionner, qu’ils puissent inhumer les défunts, qu’ils puissent enfin commencer leur deuil ».
Le leader bahreïni a appelé toutes les parties à autoriser l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza dans le but de garantir que les malades et les blessés seront pris en charge, que les civils pourront avoir accès à des produits alimentaires, et il a ajouté qu’il était convaincu que le meilleur moyen de permettre cela était que le Hamas accepte de libérer les otages.
« Je ne pense pas qu’un seul dirigeant arabe ait appelé le Hamas à libérer les otages », a-t-il déclaré. « Et il est temps de parler franchement. Notre méthodologie ne peut plus être aujourd’hui le simple positionnement politique, la perpétuation de narratifs empoisonnés et contradictoires ».
Khalifa a souligné qu’il fallait que la communauté internationale se rassemble et qu’elle redynamise les efforts visant à mettre en œuvre a solution à deux États pour les Israéliens et pour les Palestiniens, disant que sans cela, « aucune réelle sécurité ne pourra jamais se concrétiser »
« Nous sommes tous ici pour mettre un terme à cette guerre. Qui l’a commencée m’indiffère et qui la terminera m’indiffère aussi », a-t-il expliqué. « Ce qui m’intéresse, c’est que nous puissions travailler tous ensemble pour nous assurer qu’elle prendra fin aussi vite que possible ».