Le maire de Jérusalem revient sur son soutien au développement du site naturel de Givat HaTanakh
Suite à une large opposition publique, la municipalité rejette un plan de construction d'un hôtel et d'un centre commercial dans cette zone qui surplombe la Vieille Ville
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
La municipalité de Jérusalem a décidé de retirer son soutien à un projet de construction d’un grand hôtel et d’un centre commercial dans une zone naturelle superbe connue sous le nom de Givat HaTanakh.
Remplie de fleurs sauvages en automne et au printemps, avec des paysages panoramiques ouvrant sur la Vieille Ville et sur le Désert de Judée, la colline, située au sud-est de Jérusalem, est un lieu de rencontre privilégié pour les habitants de la capitale qui s’y retrouvent pour se promener, pour pique-niquer ou pour promener leurs chiens.
La parcelle qui était promise au développement est située rue David Remez, entre l’église Saint-André, qui a ouvert ses portes en 1930 et le théâtre Khan, qui occupe un hôtel datant de l’époque ottomane, qui a été transformé.
Avec six étages en sous-sol et six étages surplombant la surface, le complexe, de 20 000 mètres-carrés, devrait comprendre deux ailes hôtelières – avec un total de 96 chambres – et un centre commercial.
Ces bâtiments modernes devraient s’enrouler autour d’une tour, la Forteresse Eyal, qui daterait du 17e siècle. Elle fait partie d’un bâtiment ayant servi pendant soixante ans comme consulat britannique, un bâtiment qui avait été construit au 19e siècle.
Des dizaines d’arbres ont d’ores et déjà été arrachés.
Givat HaTanakh est l’une des rares collines dans la ville à ne pas avoir fait l’objet de développement urbain, dans un secteur de Jérusalem promis à des constructions résidentielles et commerciales massives, avec notamment des hôtels. Le projet comprend aussi la construction d’une gare (un prolongement de la ligne reliant Tel Aviv à Jérusalem), d’un tramway et d’une télécabine – un autre plan très controversé. Cette dernière devrait traverser la vallée historique d’Hinnom, sous la Vieille Ville. L’un de ses pylônes sera édifié dans un autre secteur de Givat HaTanakh.
La Commission de planification locale a approuvé le projet concernant l’hôtel. Aucune date n’a encore été fixée pour que la Commission de planification de district puisse entendre les objections des opposants à ce plan de développement.
Mais dans un communiqué, la municipalité de Jérusalem a fait savoir que « le maire ne soutient pas le projet qui a été soumis à la Commission de district, notamment au vu de son caractère sensible et des nombreuses objections qui ont été présentées ».
Le Conseil « continuera, en accord avec la vision du maire, de placer la protection des espaces verts et naturels à la tête de l’ordre du jour des actions municipales », a noté le communiqué.
Parmi ceux qui se sont opposés au plan, l’ambassade et le consulat-général britanniques. Dans une initiative très inhabituelle, ils ont déclaré que le projet ignorait le bail de l’église et le droit de cette dernière à avoir un renouvellement de ce bail sur les terres allouées à la construction, invoquant aussi le droit de l’église à bénéficier d’une voie d’accès, actuellement unique.
Le projet « aurait d’importantes conséquences » sur la circulation, le long de la seule route menant à l’église et il « entraverait de manière significative » le fonctionnement du lieu saint et de sa chambre d’hôtes adjacente.
Ils concluent enfin que l’hôtel envisagé « sera complètement disproportionné » dans cet environnement, à Givat HaTanakh, et qu’il porterait atteinte de manière permanente à la ligne d’horizon.
Parmi les autres opposants, l’Association des architectes, Le Conseil de Conservation des sites du patrimoine en Israël et des groupes environnementaux comme Jerusalem Green, une organisation fondée par l’ancienne adjointe au maire Naomi Tzur.
Tous protestent contre la construction d’un complexe privé, à but lucratif, sur une terre allouée à des constructions publiques, mettant aussi en cause la taille, le volume et le style du projet, ainsi que la nécessité de protéger un site naturel de plus en plus rare en milieu urbain pour le mettre à disposition du public.
Le site avait été acquis auprès de l’église grecque orthodoxe par Kronty Investments Ltd., dont l’actionnaire majoritaire est David Sofer, un homme d’affaires juif israélien qui vit à Londres.
Les entreprises de Sofer ont acquis d’importantes parcelles immobilières auprès de l’église, en particulier à Jérusalem, il y a quelques années. Certaines tentatives livrées par Sofer en faveur du développement de ces terrains n’ont encore débouché sur rien.