Israël en guerre - Jour 375

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Le « marteau » et le « scalpel »

L'attaque supposée de l'Armée de l'air contre des armes du Hezbollah marque une nouvelle étape dans le jeu périlleux qui se déroule à la frontière nord d'Israël

Mitch Ginsburg est le correspondant des questions militaires du Times of Israel

Un jet F15 israélien, novembre 2013 (Crédit : Ofer Zidon/Flash90)
Un jet F15 israélien, novembre 2013 (Crédit : Ofer Zidon/Flash90)

En janvier, lors de son discours annuel à l’Institut Fisher pour la recherche en stratégie spatiale et aérienne, le général de division Amir Eshel, commandant de l’Armée de l’air, a évoqué la « guerre parmi les guerres. »

Eshel faisait référence au « travail digne d’un scalpel » que doit réaliser l’Armée de l’air, qualifié par le commandant de « marteau-pilon. »

C’est ce qui semble s’être produit lundi soir. Selon des sources libanaises, « quatre avions de guerre de l’ennemi israélien » volant au sud-ouest de la mer, sont entrés dans la zone aérienne libanaise à 21h50, filant vers la plaine de la Bekaa. Trente-cinq minutes plus tard, les avions ont quitté le Liban en passant par Nakoura, et ont survolé la mer.

Les frappes aériennes se sont déroulées au nord de la plaine de la Bekaa, « où les combattants [du Hezbollah] sont recrutés et s’entraînent » et à proximité « d’une route reconnue comme itinéraire de contrebande d’armes entre le Liban et la Syrie, » selon le quotidien libanais Daily Star.

L’agence de presse Al Arabiya suggère que la cible était un convoi de missiles à longue portée, mais cela n’a pas été confirmé. Ce qui est clair en revanche, selon le général de division Eyal Ben-Reuven, c’est que     « le Liban et la Syrie constituent aujourd’hui un seul et même front, sous la tutelle de l’Iran. »

D’ordinaire, les dizaines de milliers de roquettes que possède le Hezbollah proviennent des stocks de l’armée syrienne.

Mais aujourd’hui le centre du pouvoir s’est déplacé. Les succès de Bashar al-Assad à Qusayr et à Damas n’auraient pas été possibles sans l’aide des combattants du Hezbollah sur le terrain et des forces iraniennes aux commandes.

Selon un article paru en 2013 dans le New Yorker, le commandant iranien Qassem Suleimane, à la tête des forces Al-Qods, « mène la guerre à lui tout seul. »

L’Iran, qui a fait un prêt de plus de 5 milliards d’euros au régime en 2013, envoie chaque jour des troupes et des armes à Damas.

Le transfert d’armes au Hezbollah est à la base de son implication en Syrie. Les troupes du Hezbollah conservent un grand nombre de dépôts d’armes en Syrie.

Il est possible qu’ils les protègent des rebelles ou qu’ils les gardent en attendant l’ordre de déplacer les armes vers le Liban.

Une grande partie du matériel est transportée « pièce par pièce » vers le Liban, selon un rapport de janvier du Wall Street Journal.

Lundi soir, après des semaines de cieux calmes, le Hezbollah a peut-être tenté de profiter du mauvais temps pour agir, selon le spécialiste en affaires militaires Ron Ben-Yishai.

Si tel était le cas, les calculs de l’organisation étaient erronés. Le général Asaf Agmon, qui dirige l’Institut Fisher, a indiqué que les conditions météorologiques sont un facteur majeur, mais que les forces aériennes israéliennes ont des radars thermiques très performants « pour agir dans ce genre de climat. »

Eshel n’est pas entré dans les détails sur la difficulté de tracer des armes dans une zone frontalière montagneuse et cernée par le brouillard.

En revanche, il a confié que la répétition des conflits de faibles intensité était un « problème quotidien » que seule l’Armée de l’air était à même de gérer.

Reconnaissant néanmoins que certaines opérations pouvaient, comme en 2006, déclencher un conflit grandeur nature, il a estimé que chaque décision prise devait avoir une efficacité immédiate et ne pas mener à la guerre.

Jusqu’à présent, les estimations israéliennes se sont révélées exactes, mais, comme l’a fait remarquer Ben-Reuven, le Moyen-Orient a une logique qui lui est propre.

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