Le Middlebury College accusé de discrimination à l’encontre des étudiants juifs
La plainte déposée par SCLJ pour violation du Titre VI de la loi sur les droits civils indique que l’établissement du Vermont a exercé des représailles à l'encontre de victimes présumées
Des étudiants juifs se sont vu dire qu’il serait trop controversé de brandir des drapeaux israéliens lors d’une veillée en hommage aux victimes de l’assaut terroriste du Hamas du 7 octobre. De plus, ils ont reçu l’instruction de retirer le mot « Juif » de toute documentation affiliée à l’événement, étant fortement encouragés à l’appeler plutôt « Veillée pour les vies perdues », selon une plainte pour violation des droits civils récemment déposée contre le Middlebury College dans le Vermont.
Ces allégations ne sont que quelques-unes de celles contenues dans la plainte au Titre VI déposée le 16 février par l’organisation à but non lucratif StandWithUs Center for Legal Justice (SCLJ), qui fait état de discrimination institutionnelle et d’antisémitisme.
Bien que l’accusation porte uniquement sur l’université du Vermont, il s’agit d’un énième cas où une université est critiquée pour sa gestion de l’antisémitisme, en particulier dans le sillage de la guerre entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas.
Selon la plainte, l’administration a nié l’existence de l’antisémitisme sur le campus et a pris des mesures de représailles contre les étudiants juifs qui affirmaient le contraire. Elle a également demandé aux étudiants juifs de minimiser et de cacher les symboles associés à leur identité juive, n’a pas appliqué les politiques existantes pour protéger les Juifs et s’est rendue complice de la discrimination, a déclaré Yaël Lerman, directrice du SCLJ, qui a déposé la plainte.
« Le Middlebury College a échoué de manière flagrante à fournir une protection adéquate aux étudiants juifs qui cherchent à remédier au sectarisme antisémite persistant sur le campus », a souligné Lerman. « Ce faisant, l’université a violé ses obligations en vertu du Titre VI et doit être tenue pour responsable. »
En vertu du Titre VI de la loi sur les droits civiques de 1964, les établissements d’enseignement supérieur et les universités recevant des fonds fédéraux doivent protéger les étudiants contre toute discrimination fondée sur la race, la couleur ou l’origine. Cela inclut les Juifs, les musulmans et d’autres groupes ethniques ou religieux ayant une « ascendance commune ».
Une déclaration publiée par le Middlebury College n’aborde pas les points spécifiques de la plainte. « Nous sommes au courant d’une plainte déposée auprès du Bureau des droits civils [OCR] du Département de l’Éducation », a écrit l’établissement.
« Si l’OCR nous contacte, nous coopérerons bien sûr pleinement. Entre-temps, l’important travail d’éducation – sensibilisation à l’histoire, engagement au-delà des différences, initiatives novatrices dans le domaine de la transformation des conflits et garantie de soutien à nos étudiants – se poursuit chaque jour. Nous sommes fiers de la manière dont nos étudiants, notre corps enseignant et notre personnel s’engagent pacifiquement, ouvertement, de manière constructive, régulièrement et rigoureusement sur des questions profondément préoccupantes telles que l’antisémitisme, l’islamophobie et la guerre entre Israël et le Hamas. »
Le conflit en cours a éclaté le 7 octobre lorsque quelque 3 000 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut la frontière avec Israël, tuant près de 1 200 personnes – pour la plupart des civils – et en enlevant 253 autres dans une orgie de violence comprenant des actes de viol, de mutilation, de torture et d’autres crimes de guerre.
Le 20 février, le Middlebury College a lancé une nouvelle page web intitulée « Educational Approaches to the War in Israel and Gaza » (Approches éducatives de la guerre en Israël et à Gaza). Elle présente les normes communautaires de l’université et énumère les services d’éducation et de soutien disponibles pour les personnes touchées par la guerre entre Israël et le Hamas, notamment le Davis Collaborative in Conflict Transformation, la Coalition for Dismantling Antisemitism at Middlebury et le Scott Center for Spiritual and Religious Life.
En outre, le Middlebury College a déclaré qu’il continuait à organiser des dialogues à long et à court terme « entre nos communautés juives et musulmanes dynamiques, des formations intensives et régulières pour les membres de la communauté sur l’antisémitisme et l’islamophobie, les préjugés anti-Israël et anti-palestiniens, l’engagement actif par le biais de notre initiative de transformation des conflits et de nombreux autres événements ».
« Nous ne tolérerons pas et n’avons pas toléré de comportement discriminatoire sur notre campus », est-il précisé.
Étant donné que le Middlebury College perçoit des fonds fédéraux, il est légalement tenu de veiller à ce que les étudiants juifs soient traités comme tous les autres étudiants, conformément au Titre VI. Cela signifie que les étudiants juifs ont le droit d’accéder à tous les aspects du campus et que l’université protégera ce droit.
Cependant, selon les étudiants juifs qui ont contribué à la plainte, le 12 octobre, la branche de l’université des Students for Justice in Palestine (SJP) a organisé une « journée de résistance résistance [nom que se donnent les groupes terroristes islamistes anti-Israël] » au cours de laquelle des membres du groupe ont bloqué les portes d’un réfectoire de Middlebury.
« Bien qu’elle ait reçu des articles sur ce harcèlement, l’administration de Middlebury n’a pas appliqué ses propres politiques interdisant les comportements qui entravent la capacité d’un autre étudiant à communiquer ou à se déplacer librement et n’a offert aucun soutien alternatif aux étudiants concernés. Au lieu de cela, l’administrateur a nié tout acte répréhensible de la part de SJP et n’a pris aucune mesure à l’encontre des contrevenants », peut-on lire dans la plainte.
Les étudiants juifs se sont vus interdire d’organiser la veillée du 7 octobre à l’intérieur et ont été informés que les administrateurs ne prendraient pas la parole lors de l’événement et n’y assisteraient pas. En revanche, lorsque l’association des étudiants musulmans a organisé une « veillée pour la Palestine » spécifiquement axée sur les personnes tuées à Gaza, il y avait une présence policière visible et la veillée a été autorisée à se tenir à l’intérieur de la chapelle de Middlebury.
L’association des étudiants musulmans n’a pas répondu aux demandes de commentaires.
La plainte allègue également qu’un surveillant d’un dortoir de Middlebury a affiché sur la porte extérieure de sa chambre une pancarte portant le slogan « De la rivière à la mer, la Palestine sera libre », largement reconnu comme un appel au génocide des Juifs. Lorsqu’un étudiant juif résidant à cet étage l’a signalé à la présidente de Middlebury, Laurie Patton, l’université a déclaré qu’elle engageait une procédure disciplinaire à l’encontre de l’étudiant juif, manifestement pour avoir signalé l’incident.
Elle s’est également s’insurgée contre le rejet répété des demandes des étudiants juifs visant à faire reconnaître une maison Habad comme deuxième organisation étudiante juive sur le campus. Actuellement, Hillel est le seul groupe d’étudiants juifs officiellement reconnu sur le campus de Middlebury. Sans le statut de club officiel, les étudiants affiliés au mouvement Habad Loubavitch ne peuvent pas obtenir de financement ni organiser d’événements juifs sur le campus, tels que des dîners de Shabbat et des offices de fêtes.
Présentes sur près de 900 campus universitaires dans le monde, la plupart des branches Habad aux États-Unis sont officiellement reconnues comme des groupes d’étudiants sur les campus.
Outre la plainte, SCLJ a récemment mis en ligne un recours public pour encourager Middlebury à protéger ses étudiants juifs. Le recours demande à l’école d’adopter la définition de l’antisémitisme de l’IHRA (International Holocaust Remembrance Alliance) et de s’y référer lors de l’examen d’éventuels actes antisémites et lors de la formation du personnel chargé d’examiner les plaintes pour discrimination et harcèlement.
En attendant, les étudiants juifs ne bénéficieront d’aucune protection au-delà des politiques déjà en place, a souligné Lerman.
« C’est la raison pour laquelle nous avons déposé une plainte en vertu du Titre VI, afin d’amener l’établissement à changer et de la forcer à protéger les étudiants juifs. Le recours consiste pour les étudiants à continuer à documenter et à rapporter les plaintes de harcèlement et de discrimination antisémites à l’université et à les rapporter également à StandWithUs, afin que nous puissions leur apporter notre soutien et les aider à naviguer dans une administration indifférente », a expliqué Lerman.