Le ministère de l’Agriculture veut inciter les chômeurs à travailler dans le secteur
Le ministère promet de doubler les salaires des ouvriers agricoles dans les champs proches des frontières de Gaza et du Liban, afin de pallier une grave pénurie de main-d'œuvre
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Dans un contexte de pénurie importante d’ouvriers agricoles pendant la guerre contre le Hamas, le ministère de l’Agriculture s’associe à l’Agence pour l’emploi afin de mettre en relation des chômeurs israéliens avec des agriculteurs qui manquent de main-d’œuvre.
Jeudi, le ministère a diffusé un formulaire à remplir par les agriculteurs souhaitant embaucher des employés, ainsi qu’un lien permettant aux Israéliens à la recherche d’un tel emploi de s’inscrire.
Le gouvernement s’est engagé à verser aux Israéliens qui débutent dans le travail agricole 3 000 shekels par mois pour un minimum de deux mois, et 4 000 shekels pour le troisième mois, en plus du salaire qu’ils recevront des agriculteurs.
Dans les fermes situées à proximité de la frontière de Gaza, au sud, et de la frontière libanaise, au nord, où les habitants ont été évacués, le gouvernement doublera le salaire des ouvriers agricoles.
Le directeur-général du ministère de l’Agriculture, Oren Lavi, a déclaré que le secteur agricole israélien, qui comprend environ 2 000 exploitations agricoles, connaît actuellement sa pire crise de main-d’œuvre depuis la création de l’État.
Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, à la suite du carnage perpétré par le groupe terroriste palestinien dans le sud d’Israël, le secteur manque cruellement de main-d’œuvre, en raison du danger que représente le travail près des frontières, de l’exode de milliers d’ouvriers étrangers et de la mobilisation massive des réservistes de Tsahal.

Avant la guerre, un peu moins de 30 000 ouvriers agricoles étrangers – pour la plupart originaires de Thaïlande – travaillaient en Israël, dont quelque 5 000 dans des fermes proches de la bande de Gaza, où sont produits 75 % des légumes israéliens.
Le 7 octobre, 32 ouvriers agricoles thaïlandais ont été assassinés et 23 ont été enlevés, selon les chiffres du gouvernement thaïlandais, parmi les plus de 1 400 personnes tuées par les terroristes et au moins 240 otages qui ont été enlevés pour être emmenés dans l’enclave contrôlée par le Hamas.
Depuis lors, le gouvernement thaïlandais a rapatrié par avion environ 8 500 de ses travailleurs, et d’autres ont été déplacés vers des régions plus sûres du pays, comme la vallée du Jourdain et le désert de l’Arava, à l’extrême sud.
Les pénuries ont également été exacerbées par le manque d’ouvriers palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza sous restrictions sécuritaires imposées par Israël, qui travaillent normalement à travers le pays, notamment dans le secteur de l’agriculture.

En attendant que le gouvernement intervienne, une pléthore de groupes de la société civile se sont lancés dans le recrutement d’Israéliens de tous âges pour participer bénévolement à la récolte des fruits et légumes dans le sud du pays.
Leket Israel qui, en temps normal, compte entre 50 000 et 60 000 volontaires – principalement issus d’entreprises – récoltent des produits pour les distribuer aux pauvres. Elle envoie actuellement des bus remplis de volontaires pour aider les agriculteurs.
D’autres organisations recrutent des volontaires, notamment HaShomer HaHadash, créée à l’origine pour aider les agriculteurs à faire face au vol, à la violence et au harcèlement ; Achim Lemeshek – qui signifie « Frères pour l’économie » et rime en hébreu avec le nom de son groupe parent, le groupe de protestation contre la restructuration Achim Leneshek (Frères d’armes) ; et Tzav 8.
Mercredi, les ministères de l’Agriculture et des Finances et la commission des Finances de la Knesset, ainsi que l’Association des agriculteurs israéliens, se sont mis d’accord sur un cadre d’indemnisation des pertes subies par les agriculteurs, que la Knesset doit encore approuver.

Les exploitations situées à moins de neuf kilomètres de la frontière avec le Liban ou à moins de sept kilomètres de la frontière avec Gaza seront intégralement indemnisées pour leur manque à gagner. Celles qui se trouvent à une distance de 7 à 20 kilomètres de l’une ou l’autre frontière pourront prétendre à un dédommagement maximal de 3 millions de shekels par mois.
D’autres dispositions seront prises pour les agriculteurs situés à plus de 40 kilomètres de l’une ou l’autre frontière.
Le plan devra encore être ancré dans la législation de la Knesset.
Pour faire face à une pénurie de camions et de chauffeurs routiers depuis le début de la guerre – les deux ayant été mobilisés pour l’effort de guerre – le ministère s’est associé à Truck Net, une plateforme de transport numérique que les agriculteurs peuvent utiliser gratuitement et qui met en relation les besoins et les véhicules disponibles.
Le ministère a également encouragé les hommes et les femmes des académies pré-armées – connues sous le nom de mehinot – à se porter volontaires dans les fermes, et contrôle une ligne d’assistance téléphonique pour les agriculteurs au *6016.