Israël en guerre - Jour 466

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Le mont du Temple, bourbier des religions

L'étincelle a été déclenchée dimanche par un groupe de militants d'extrême-droite, dirigé par le ministre de l'Agriculture Uri Ariel, montés sur le site

Avi Issacharoff est notre spécialiste du Moyen Orient. Il remplit le même rôle pour Walla, premier portail d'infos en Israël. Il est régulièrement invité à la radio et à la télévision. Jusqu'en 2012, Avi était journaliste et commentateur des affaires arabes pour Haaretz. Il enseigne l'histoire palestinienne moderne à l'université de Tel Aviv et est le coauteur de la série Fauda. Né à Jérusalem , Avi est diplômé de l'université Ben Gourion et de l'université de Tel Aviv en étude du Moyen Orient. Parlant couramment l'arabe, il était le correspondant de la radio publique et a couvert le conflit israélo-palestinien, la guerre en Irak et l'actualité des pays arabes entre 2003 et 2006. Il a réalisé et monté des courts-métrages documentaires sur le Moyen Orient. En 2002, il remporte le prix du "meilleur journaliste" de la radio israélienne pour sa couverture de la deuxième Intifada. En 2004, il coécrit avec Amos Harel "La septième guerre. Comment nous avons gagné et perdu la guerre avec les Palestiniens". En 2005, le livre remporte un prix de l'Institut d'études stratégiques pour la meilleure recherche sur les questions de sécurité en Israël. En 2008, Issacharoff et Harel ont publié leur deuxième livre, "34 Jours - L'histoire de la Deuxième Guerre du Liban", qui a remporté le même prix

Un garde-frontière au mont du Temple, dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 15 septembre 2015. (Crédit : Flash90)
Un garde-frontière au mont du Temple, dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 15 septembre 2015. (Crédit : Flash90)

Les rapports et les images de violence des trois derniers jours sur le mont du Temple à Jérusalem ne sont pas trompeurs.

Au risque d’énoncer un morne cliché, cette poudrière menace encore d’aggraver la situation sécuritaire et d’endommager les liens diplomatiques entre Israël et ses voisins.

Si la Cisjordanie a jusqu’à présent refusé d’imiter Jérusalem-Est, les affrontements violents – néanmoins vus, par exemple, mardi à Tulkarem – croissent.

Plus que cela, cependant, la violence prend un tournant diplomatique. À Amman, le roi Abdallah II a déclaré mardi que si les « provocations » israéliennes continuent, il réexaminera les relations entre le Royaume hachémite et Israël.

Selon la majorité de l’opinion publique et la position officielle israélienne, les troubles à Jérusalem sont délibérément fomentés par des organisations extrémistes palestiniennes. Mais la réalité est plus compliquée que cela.

Une série de mesures israéliennes de ce dernier mois ont contribué à accroître les tensions, avant même l’étincelle déclenchée dimanche par un groupe de militants d’extrême-droite, dirigé par le ministre de l’Agriculture Uri Ariel, qui a annoncé son intention d’aller prier sur le mont du Temple, en dépit des réglementations contre le culte juif sur le site.

Cela a suffi à alimenter la pyromanie côté palestinien, à commencer par des appels à la population musulmane de venir défendre Haram al-Sharif, nom du site sacré dans l’islam.

De là, il n’en fallait plus beaucoup pour déclencher les affrontements actuels entre manifestants et policiers qui ont dominé l’actualité des trois derniers jours.

Des conversations avec des résidents palestiniens de Jérusalem-Est montrent que ce dernier mois, les conditions d’entrée des fidèles musulmans au site sont devenues plus strictes, notamment laissant dehors certains fidèles pendant les heures du matin, un fait sans précédent, selon eux.

La chaîne des événements est un peu compliquée. Pendant de nombreuses années, les non-musulmans ont été autorisés à visiter le mont du Temple pendant certaines heures, en particulier le matin et une heure l’après-midi.

Toutefois, ces derniers mois, il y a eu une augmentation du nombre d’incidents dans lesquels des femmes islamistes, pour la plupart des membres du groupe Murabitat désormais interdit, ont attaqué des visiteurs non-musulmans sous prétexte de préserver la sainteté du lieu.

En conséquence, la police de Jérusalem a commencé à bloquer l’entrée aux femmes musulmanes durant les heures des Juifs et des étrangers. Plus tard, elle a également tenu à l’écart des hommes de moins de 50 ans.

Ces mesures augmentent les tensions et donnent aux musulmans de Jérusalem le sentiment qu’Israël essaye de changer le statu quo sur le site sensible. Après cela, il suffisait d’une seule étincelle – la visite d’Ariel et de sa clique.

Depuis dimanche, lorsque des affrontements ont éclaté, les Palestiniens affirment que la police a bloqué toute entrée de musulmans pendant les heures de visite des Juifs.

Et récemment, environ une demi-heure avant l’ouverture des portes aux non-musulmans (avant 7 h), la police a fait irruption dans l’enceinte du mont du Temple et confronté les Palestiniens déjà présents. La police a déclaré mardi qu’elle était intervenue suite à des informations du renseignement, pour contrecarrer une émeute et des attaques préméditées sur des Juifs. La police a précisé qu’elle a trouvé des bombes artisanales, des cocktails Molotov et d’autres armes.

Les Palestiniens, dont de nombreux mineurs, se sont barricadés dans mosquée Al-Aqsa et ont jeté des pierres, des pétards et divers autres objets sur les forces de police.

Ces jeunes ne sont pas membres d’un groupe palestinien spécifique. Ils représentent diverses organisations – Jihad islamique, Hamas, Fatah, et d’autres groupes, même non religieux comme le Front populaire pour la Libération de la Palestine – et ils savent c’est leur grande heure.

Les Palestiniens voulaient créer des conflits et ils ont exaucé leurs vœux ces trois derniers jours, tandis que des photos du mont du Temple sont diffusées sur toutes les grandes chaînes arabes, éclipsant les rapports sur la Syrie, l’Irak et le Yémen.

Et cela a créé une pression dans les pays arabes, où les dirigeants se sont empressés d’émettre leurs condamnations des « violations israéliennes ».

L’Arabie saoudite et l’Egypte ont averti d’une détérioration de la situation sur le mont. Abdallah de Jordanie s’est entretenu au téléphone sur la question, y compris avec le président égyptien Abdel Fattah el-Sissi et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Est-ce un soubresaut ou un changement réel dans les liens ? Cela reste à voir.

Ce qui est certain, cependant, c’est la satisfaction d’Ariel de sa visite au mont dimanche. Dans des clips de YouTube, le ministre est vu debout dans le complexe du mont du Temple, bénissant le peuple d’Israël de vœux de bonne et heureuse année, tandis que dans l’arrière-plan des bruits de tirs et d’explosions résonnent.

La police de Jérusalem n’a pas fait de commentaires.

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