Le mort de Hamza Ben Laden, un coup contre Al-Qaïda à relativiser – experts
Les experts estiment que le groupe jihadiste continuera à travailler pour remplir le vide laisser par le groupe EI, malgré l'annonce de la mort du défunt chef terroriste

La mort de Hamza Ben Laden, fils préféré d’Oussama Ben Laden, représenterait une perte limitée pour le réseau Al-Qaïda, si elle est confirmée, car il semblait encore peu actif dans les tentatives de résurgence de l’organisation pionnière du jihad global, estiment des experts interrogés par l’AFP.
Son décès, annoncé par des responsables américains à des médias mais pas encore confirmé officiellement, laisserait la direction d’Al-Qaïda intacte sous la direction de l’Egyptien Ayman Al-Zawahiri.
« Il semble qu’Al-Qaïda n’ait fait que le placer au centre de sa mission de propagande, pendant qu’il se familiarisait avec les bases du commandement d’Al Qaïda », a estimé Barak Mendelsohn, professeur associé à l’université Haverford, en Pennsylvanie.
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« Mais son accession à des tâches opérationnelles significatives reste incertaine », a-t-il ajouté.
Présenté comme l’héritier du fondateur d’Al-Qaïda, Hamza Ben Laden aurait été tué dans un raid aérien, selon le New York Times, mais les circonstances de son décès comme le rôle joué par les Etats-Unis restent imprécises. Il serait mort au cours des deux dernières années et aurait séjourné en Afghanistan dans un passé récent.

Pour l’ONU et le gouvernement américain, Hamza Ben Laden était une personnalité dangereuse, susceptible de participer à la reconstruction d’une organisation affaiblie par la guerre contre le terrorisme menée par les Etats-Unis après le 11-Septembre et plus récemment concurrencée par le groupe Etat islamique (EI).
Un million de dollars
Washington avait offert en février une récompense pouvant atteindre un million de dollars pour toute information permettant de le retrouver.
Le comité des sanctions de l’ONU contre le groupe Etat islamique (EI) et Al-Qaïda avait de son côté ajouté le nom de « Hamza Oussama Muhammad Ben Laden », né le 9 mai 1989 à Djeddah (Arabie Saoudite), à la liste des personnes soumises à un gel international de leurs avoirs et à une interdiction de voyager.
« Il a été désigné » (en août 2015) par le chef actuel d’Al-Qaïda, l’Egyptien Ayman al-Zawahiri, « comme étant officiellement membre d’Al-Qaïda » et « est considéré comme son successeur le plus probable », avait ajouté l’ONU, également en février de cette année.
Al-Qaïda n’a fait aucun commentaire sur l’annonce du décès du fils d’Oussama Ben Laden.
« Il faut attendre l’éloge funèbre d’Al-Qaïda. Il est très, très rare qu’Al-Qaïda ne fasse pas l’éloge d’un dirigeant disparu », a estimé Katherine Zimmerman, experte sur le terrorisme à l’American Enterprise Institute.
Pour elle aussi, « il était d’une certaine manière devenu une voix de la direction d’Al-Qaïda, qui s’exprimait sur le jihad global et sur ce que les musulmans devaient faire pour soutenir ce combat ».
Mais rien ne prouve qu’il ait accédé à des fonctions supérieures à celles d’un messager susceptible de séduire les jeunes générations de jihadistes potentiels dans un contexte de concurrence avec le groupe EI, selon les experts.
Séjour iranien
Hamza Ben Laden est souvent considéré comme le « prince héritier du jihad ». Des documents, dont des lettres révélées par l’AFP en mai 2015, montrent qu’Oussama Ben Laden le destinait à lui succéder à la tête du jihad mondial anti-occidental.
Quinzième de la vingtaine d’enfants d’Oussama Ben Laden, fils de sa troisième femme, Hamza a été depuis son enfance préparé pour suivre ses pas. A ses côtés en Afghanistan avant le 11-Septembre, il apprend le maniement des armes.
Parmi des archives du chef jihadiste saisies lors du raid américain de 2011 au cours duquel il a été tué au Pakistan, et dévoilées fin 2017 par la CIA, figure par ailleurs une vidéo du mariage de Hamza, apparemment en Iran.
Il y a été envoyé pour sa sécurité après le 11-Septembre. Il y a passé une dizaine d’années et a été placé sous la responsabilité de Saif al-Adel, un haut responsable d’Al-Qaïda, selon Ali Soufan, un ancien agent du FBI devenu expert en contre-terrorisme et auteur d’une biographie de Hamza Ben Laden.
Bruce Hoffman, un expert en contre-terrorisme au Council on Foreign Relations, estime également qu’Al-Qaïda ne devrait pas souffrir outre mesure de l’éventuelle disparition du fils de son fondateur.
Selon lui, le réseau a entrepris sous la direction d’Ayman Al-Zawahiri un patient travail de reconstruction au travers de « franchises » en Asie ou en Afrique de l’Ouest, afin de combler le vide créé par la désintégration du groupe Etat islamique.
« C’était un personnage important du fait de son ascendance familiale mais aussi de son âge », dit-il. Mais « Al-Qaïda a survécu à la mort du père. Je suis sûr qu’elle peut gérer cette situation et survivre à la mort du fils », affirme cet expert.
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