Le musée d’Auschwitz critique la décision de Musk de limiter la fonction « blocage » sur X
L'incapacité à bloquer les propos antisémites et la négation de la Shoah "serait un mauvais service" rendu aux victimes des camp de la mort nazis, déplore le musée

Ce vendredi, l’homme d’affaires et milliardaire Elon Musk a déclaré son intention de limiter au maximum l’utilisation de la fonction blocage des utilisateurs sur sa plate-forme de réseaux sociaux, plus connue sous le nom de Twitter, ce qui lui a valu le mécontentement du musée d’Auschwitz.
En réponse à un message publié sur X d’un compte géré par les propriétaires de Tesla, sa société de véhicules électriques, Musk a déclaré que la fonction « blocage » serait supprimée, sauf en ce qui concerne les messages directs.
« Cela n’a aucun sens », a-t-il écrit, sans plus de précisions.
Cette annonce a été critiquée par le Mémorial et Musée d’Auschwitz-Birkenau, estimant que le blocage « permettait de protéger la mémoire des personnes qui ont souffert et ont été assassinées » dans les camps de concentration et d’extermination nazis. Evoquant « un outil pratique », le musée a ajouté que ses plaintes concernant des comptes hostiles étaient restés lettre morte.
« Ne pas réagir aux propos antisémites et négationnistes qui apparaissent sous nos messages en mémoire des victimes d’Auschwitz serait rendre un très mauvais service à leur mémoire », a déclaré le musée.
« Nous avons choisi de bloquer les utilisateurs qui promeuvent le déni et la haine. Cette décision est l’expression de notre profond dévouement à ce qui est notre mission quotidienne. Nous avons besoin d’un espace sécurisé pour le faire. »
En réaction aux arguments tenant à la liberté d’expression, le musée a fait savoir que l’échange avec ceux qui « manquent de respect à la mémoire des victimes » allait à l’encontre de ses valeurs.
« Ces individus ne veulent pas échanger, ils ne cherchent qu’à faire du mal. Dans leur cas, le blocage est nécessaire pour s’assurer que leur voix, nuisible à la mémoire de la Shoah, ne se fasse plus entendre », a-t-il déclaré, ajoutant que les réseaux sociaux avaient « une responsabilité morale importante » « contre les discours de haine et leur normalisation ».
« Les réseaux sociaux qui se désintéressent de la défense de la mémoire des victimes montrent leur mépris envers l’avènement d’un environnement en ligne respectueux et empathique. »

Cette décision d’Elon Musk est la dernière en date à susciter la colère des organisations juives, quelques semaines seulement après la réintégration du rappeur Ye, précédemment connu sous le nom de Kanye West, suspendu pour antisémitisme il y a de cela huit mois.
Depuis que Musk a acheté Twitter pour 44 milliards de dollars en octobre dernier, il a licencié des milliers d’employés et revu à la baisse la modération des contenus.
En décembre, il a rétabli le compte Twitter de l’ex-président américain Donald Trump, mais ce dernier n’est pas encore revenu sur la plate-forme.
Le mois dernier, Musk et sa nouvelle directrice générale, Linda Yaccarino, ont annoncé le nouveau nom de Twitter – X – et déclaré qu’il deviendrait une « application holistique » permettant à ses utilisateurs de gérer leurs finances en plus de se socialiser.
Musk a également changé le logo Twitter, remplaçant l’oiseau bleu connu dans le monde entier, par un X blanc.