Le nouvel avocat de Trump, défenseur de cause juives, pense qu’Epstein a été tué
David Schoen, un juif orthodoxe d'Atlanta, représentera l'ancien président américain pour son procès en destitution
JTA – David Schoen, l’un des deux nouveaux avocats nommés par Donald Trump pour le défendre dans son procès en destitution, s’est battu pour les causes juives.
Schoen et Bruce Castor remplaceront l’équipe qui a démissionné juste avant le procès de Trump au Sénat, accusé d’avoir incité à l’assaut meurtrier du 6 janvier au Capitole américain, apparemment en raison de divergences quant à la stratégie à adopter : les anciens avocats de Trump voulaient se concentrer sur la question de savoir s’il était constitutionnel de condamner un président qui n’était pas en fonction, tandis que Trump veut se concentrer sur ses affirmations discréditées selon lesquelles Joe Biden a gagné la présidence grâce à une fraude électorale.
Schoen, membre de Beth Jacob, une synagogue orthodoxe d’Atlanta, était avocat dans un procès intenté en 2011 contre l’ancien président Jimmy Carter qui demandait des dommages et intérêts pour avoir publié des « déclarations fausses et trompeuses » dans son livre « Palestine : La paix, pas l’apartheid ». En quelques mois, Schoen a retiré le procès, que Carter et son éditeur ont déclaré impossible à gagner sur la base de la protection de la liberté d’expression.
Schoen a également plaidé pour obtenir réparation de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et de l’Autorité palestinienne (AP) pour les attaques terroristes, parfois en sa qualité de membre du conseil d’administration de l’Organisation sioniste d’Amérique (ZOA).
Le rabbin Shmuel Herzfeld, un rabbin de Washington, DC, affirme sur le site web de Schoen que l’avocat est « un défenseur acharné de ses clients » qui a représenté un groupe que Herzfeld a aidé à diriger, la Coalition of Jewish Concerns-Amcha, à « de nombreuses occasions ». Ce groupe, qui défendait les Juifs et Israël, n’est plus actif depuis plusieurs années.
L’année dernière, Schoen a représenté Roger Stone, l’ami de Trump, accusé de falsification de témoins et d’obstruction à la justice dans le cadre de l’enquête fédérale sur les liens entre la campagne 2016 de Trump et la Russie. Stone a été reconnu coupable, mais Trump a commué sa peine de 40 mois et l’a ensuite gracié.
Schoen devait également défendre Jeffrey Epstein, le financier disgracié accusé de trafic de mineurs. Epstein se serait suicidé en prison en août 2019 avant le procès. Schoen a déclaré au Jewish Times d’Atlanta l’année dernière qu’il pense qu’Epstein a été assassiné.
Schoen a surtout fait parler de lui après la mort du milliardaire Jeffrey Epstein en août 2019.
L’avocat a assuré avoir été engagé pour défendre le financier, accusé d’exploitation sexuelle de mineures, et l’avoir rencontré avant qu’il ne soit retrouvé pendu dans sa cellule. « Je ne crois pas que ce soit un suicide », avait-il alors assuré au Atlanta Jewish Times.
Face aux spéculations de ce type, la police fédérale et le ministère de la Justice avaient ouvert des enquêtes, mais les résultats de l’autopsie ont confirmé un suicide. « Je pense toujours qu’il a été tué », a cependant répété Schoen en septembre.
Pas hostile à la médiatisation, David Schoen est parfois apparu sur Fox News, a participé à un documentaire sur le scandale Epstein et a confié avoir suivi des cours de comédien. Il a juré avoir mis un terme à ces sollicitations : « Ça prend trop de temps sur mon travail, trois agents m’avaient pourtant contacté… »
Un certain nombre d’avocats qui ont représenté Trump lors de son procès de destitution en 2020 pour avoir tenté de faire pression sur l’Ukraine afin qu’elle enquête sur Biden, alors rival de la présidence, ont refusé le poste cette fois-ci, notamment l’expert en droit constitutionnel Alan Dershowitz. Le Sénat a acquitté Trump dans cette affaire, en grande partie pour des raisons partisanes.
L’ancien président sera jugé pour « incitation à l’insurrection », en lien avec l’intrusion de ses partisans dans le Capitole au moment où les élus certifiaient la victoire du démocrate Joe Biden à la présidentielle.
Certains des 50 sénateurs républicains, accablés par la violence de l’assaut, pourraient joindre leur voix aux 50 démocrates. Il est toutefois peu probable qu’ils soient assez nombreux pour atteindre la barre des 67 élus nécessaire pour une condamnation.
Pour éviter le débat de fond, les avocats de Donald Trump devraient plaider que la procédure de destitution ne s’applique pas à un ancien président. « MM. Schoen et Castor sont d’accord pour dire que ce procès est contraire à la Constitution », selon le communiqué annonçant leur recrutement.
Interviewé lundi soir sur Fox News, David Schoen a réitéré sa conviction que le procès est inconstitutionnel, et a dénoncé une procédure qui « déchire le pays, à un moment où nous n’avons pas besoin de cela ».
Mais tenteront-ils de justifier la croisade post-électorale de Donald Trump, en reprenant à leurs comptes ses allégations de fraude électorale ?
Selon la presse américaine, si une partie de ses avocats ont claqué la porte ce week-end, c’est parce qu’ils refusaient de s’engager dans cette voie.
Schoen a juré au Washington Post partager leur position. « Je ne suis pas une personne prête à développer une théorie sur la fraude électorale », a-t-il déclaré. « Le procès ne portera pas là-dessus ».