Le Pakistan menace de bloquer TikTok à cause de contenus jugés « immoraux »
L'application TikTok est très prisée des jeunes Pakistanais, friands de ces vidéos de quelques dizaines de secondes où ils peuvent se mettre en scène
Le Pakistan a lancé « un ultime avertissement » à l’application de partage de vidéos TikTok afin qu’elle supprime de sa plateforme des contenus jugés « immoraux, obscènes et vulgaires » et a bloqué avec effet immédiat l’application de streaming Bigo Live.
L’autorité de télécommunications du Pakistan (PTA) a annoncé lundi soir dans un communiqué avoir reçu « de nombreuses plaintes » concernant TikTok, qui appartient au groupe chinois ByteDance, et Bigo Live, propriété du groupe singapourien Bigo Technology, et leurs effets jugés « extrêmement négatifs sur la société et sur la jeunesse en particulier ».
L’application TikTok est très prisée des jeunes Pakistanais, friands de ces vidéos de quelques dizaines de secondes où ils peuvent se mettre en scène chantant en playback, jouant des sketchs ou dansant sur fond de musique.
Mais l’application est controversée dans ce pays musulman profondément conservateur, des critiques l’accusant de diffuser de la pornographie.
L’autorité de télécommunications pakistanaise a affirmé avoir demandé à TikTok à plusieurs reprises de « modérer » ses contenus, avant d’envoyer un « ultime avertissement » exigeant que des filtres soient mis en place afin de stopper la diffusion de « l’obscénité, la vulgarité et l’immoralité ».
Arslan Khalid, conseiller chargé des médias numériques auprès du Premier ministre Imran Khan, a soutenu cette décision, s’insurgeant contre « l’exploitation » et « la sexualisation des jeunes filles sur TikTok ».
Interrogé par l’AFP, un porte-parole de TikTok a assuré que la plateforme avait retiré plus de 3,7 millions de vidéos violant les normes en vigueur au Pakistan entre le 1er juillet et le 31 décembre 2019.
« Nous nous engageons à renforcer les protections afin d’assurer la sécurité de nos utilisateurs, tout en intensifiant notre dialogue avec les autorités pour expliquer nos mesures et démontrer notre engagement pour la sécurité des utilisateurs », a-t-il précisé.
TikTok fait face à une polémique grandissante concernant la façon dont elle collecte et utilise les données de ses utilisateurs. L’application a pourtant nié à plusieurs reprises avoir transmis des données d’utilisateurs aux autorités chinoises.
L’Inde a banni fin juin l’application, en même temps que des dizaines d’autres plateformes mobiles chinoises, en invoquant sa sécurité nationale et des inquiétudes concernant le respect de la vie privée. Les Etats-Unis envisagent une mesure similaire.
TikTok a déjà été interdit au Bangladesh et condamné à une amende de 5,7 millions de dollars aux Etats-Unis pour avoir collecté illégalement des données personnelles de mineurs.