Le parti arabe israélien Balad désigne un nouveau chef
Le député Sami Abou Shahadeh a remporté les primaires dans la faction nationaliste alors que la Liste arabe unie songerait à exclure le groupe conservateur Raam
C’est le député de la Liste arabe unie Sami Abou Shahadeh qui est devenu le dirigeant de la faction nationaliste arabe Balad, samedi soir, l’emportant sur le leader en titre, Mtanes Shihadeh, qui avait été à la barre de la formation lors des trois derniers scrutins.
Abou Shahadeh a gagné à 230 voix contre 159 lors d’un vote du comité central de la faction. Selon les règles internes de Balad, Shihadeh ne pourra pas figurer sur la liste du parti à la Knesset au cours du scrutin du mois de mars.
Abou Shahadeh était entré au Parlement israélien en octobre 2019 dans le cadre de la Liste arabe unie, alliance constituée de quatre formations à majorité arabe. Résident de Tel Aviv-Jaffa, il avait siégé au conseil municipal en tant que représentant de Balad, rejoignant même la coalition au pouvoir du maire Ron Huldai.
Son élection à la tête de la faction survient alors que la Liste arabe unie pourrait être dissoute en amont des élections du mois de mars. Les quatre formations arabes qui forment la Liste arabe unie ont été très divisées ces dernières semaines, et elles prévoient d’organiser cette semaine leur première rencontre de chefs de faction depuis l’annonce des élections.
Abou Shehadeh avait été lourdement critiqué par certains membres de la communauté arabe de Jaffa lorsqu’il siégeait au conseil municipal pour son positionnement favorable aux droits LGBTQ.
« Je soutiens sans équivoque et clairement les droits de l’Homme. Tout le monde a le droit de faire ce qu’il veut avec son propre corps. Indépendamment du fait que l’on soit gay, lesbienne et ainsi de suite », avait déclaré Abou Shehadeh à ce moment-là.
Lorsqu’il siégeait à la Knesset, néanmoins, Abou Shehadeh était largement resté discret sur la question des droits des homosexuels. L’été dernier, alors que le débat interne, au sein de la population arabe israélienne, éclatait au grand jour, Abou Shehadeh, était absent lors d’un vote portant sur une loi controversée qui avait interdit la dite « thérapie de conversion ». Trois de ses collègues de la Liste arabe unie – et notamment le chef de l’alliance, Ayman Odeh – avaient voté « pour ».
« Le moment a été mal choisi pour aborder ce sujet », avait confié Abou Shehadeh à Nir Gontarz de Haaretz après le vote.
Le député Mansour Abbas, président de la faction Raam, aurait décidé de faire scission de la Liste arabe unie et de se présenter sur une liste séparée au mois de mars.
Abbas s’était récemment attiré les foudres des députés de son alliance pour avoir coopéré avec le Likud et avoir signalé qu’il pourrait rejoindre le parti au pouvoir dans le cadre d’une coalition. Tandis que Netanyahu a renforcé ses initiatives pour courtiser le vote arabe, sa formation a expliqué, la semaine dernière, que le Premier ministre n’avait aucunement l’intention de former un gouvernement avec les partis à majorité arabe à l’issue du scrutin du mois de mars.
Les trois partis qui restent dans la Liste arabe unie — Hadash et Taal, aux côtés de Balad – seraient sur le point de signer un accord qui exclurait Abbas et sa faction conservatrice islamiste.
Balad – Alliance démocratique nationale – avait été établi en 1995 et représente divers groupes nationalistes palestiniens au sein de la société arabe en Israël.
Balad réclame par principe la fondation d’un État palestinien, adoptant un rôle séparatiste et d’opposition contre le sionisme et les institutions d’Etat. La faction demande par ailleurs qu’Israël devienne « un Etat pour tous ses citoyens », dépouillé de toutes ses caractéristiques uniquement juives tout en offrant l’autonomie culturelle aux citoyens arabes.
Certains des dirigeants de Balad ont été mis en examen pour des crimes et condamnés pour soutien au terrorisme. Le président et fondateur de la formation, Azmi Bishara, un intellectuel chrétien originaire de Nazareth, avait fui Israël après l’ouverture d’une enquête à son encontre. Il était alors soupçonné d’avoir aidé l’un des ennemis jurés de l’Etat juif, le groupe terroriste chiite du Hezbollah, basé au Liban, pendant la Seconde guerre du Liban.
L’un des législateurs de la formation, Said Nafa, avait été condamné pour avoir entretenu des contacts avec un agent des renseignements étrangers et il avait purgé une peine de prison. Et encore un autre membre, Basel Ghattas, avait été reconnu coupable d’avoir livré des téléphones cellulaires à des détenus palestiniens qui étaient emprisonnés en Israël. Il avait été incarcéré.