Le parti d’extrême droite hongrois veut mener un front anti-Orban
Jobbik, qui a, selon lui, rompu avec l'antisémitisme, est l'un des partis les plus radicaux d'Europe, jugé infréquentable entre autres par le FN français et le FPÖ autrichien
Le Jobbik, principale force d’opposition en Hongrie, veut devenir un « parti populaire » prêt à former avec des élus centristes une coalition contre Viktor Orban, et qui a, selon lui, définitivement rompu avec l’antisémitisme, a affirmé mercredi son chef Gabor Vona, qui veut convaincre de la mue de sa formation ultra-nationaliste et xénophobe.
Décrivant sa propre évolution comme « un processus par étapes », M. Vona, interviewé dans le quotidien autrichien Die Presse, assure : « je me suis décidé, soit je gouverne à la tête d’un parti populaire, soit j’arrête la politique ».
Le Jobbik présentera des candidats dans toutes les circonscriptions aux législatives prévues au printemps 2018, explique M. Vona, mais après l’élection, « si l’arithmétique parlementaire le permet, je serais prêt à mener des négociations de coalition avec deux jeunes partis, LMP et Momemtum », petites formations centristes.
Agé de 39 ans, M. Vona dirige depuis plus de dix ans le parti d’extrême droite Jobbik, l’un des plus radicaux en Europe, jugé infréquentable entre autres par le Front national français et le FPÖ autrichien, eux-mêmes jugés infréquentables.
Alors que le parti Fidesz de Viktor Orban, qui gouverne depuis 2010, a asséché le terreau politique du Jobbik avec son propre nationalisme et son populisme, Gabor Vona dit avoir lancé en 2013 la « mutation » de son parti qu’il présente désormais comme une formation conservatrice moderne, luttant contre la corruption alléguée des cercles du pouvoir.
Il explique que longtemps il a « regardé ailleurs » lorsque des cadres et militants de son parti tenaient des propos racistes et antisémites. « En 2013, j’ai décidé de couper avec ce milieu. Depuis lors vous ne trouverez plus rien de cette orientation ». Le Jobbik a également renoncé à plaider pour une sortie de l’UE.
Les polémiques suscitées par les élus Jobbik ont été nombreuses. Un député avait ainsi réclamé en 2012 l’établissement d’une liste de parlementaires juifs « pouvant poser un risque pour la sécurité nationale ». La « Garde hongroise », milice du Jobbik interdite en 2009, organisait des marches d’intimidation dans les quartiers roms.
Le Jobbik est largement devancé dans les sondages par le Fidesz de Viktor Orban, grand favori pour emporter un troisième mandat d’affilée.
Début décembre, Gabor Vona a dénoncé une « attaque politique » après que sa formation a fait l’objet d’une amende record de 2,1 millions d’euros infligée par la Cour des comptes hongroise (ASZ).
« Orban n’est pas un démocrate », affirme M. Vona à Die Presse, ajoutant : « cela peut paraître prétentieux mais je suis le dernier bastion de la démocratie en Hongrie ».