Le père d’un otage israélien suit Netanyahu à Washington pour protester
Yehuda Cohen accuse le Premier Ministre de saboter les négociations avec les terroristes palestiniens du Hamas
Dans son combat pour récupérer son fils soldat enlevé le 7 octobre lors de l’attaque du Hamas en Israël, Yehuda Cohen a marché de Tel-Aviv à Jérusalem, s’est adressé à des dizaines de milliers de personnes, s’est fait traiter de « traître », et maintenant part protester jusqu’à Washington.
M. Cohen est déterminé à traquer l’homme qu’il accuse d’avoir échoué à faire libérer son fils Nimrod retenu depuis plus de neuf mois dans la bande de Gaza : le Premier Ministre Benjamin Netanyahu, attendu aux États-Unis cette semaine pour consolider son soutien dans la guerre contre le mouvement islamiste dans la bande de Gaza.
M. Cohen fait partie d’une délégation de familles d’otages enlevés le 7 octobre en Israël et emmenés dans la bande de Gaza, qui prévoit de s’opposer publiquement à M. Netanyahu à chacune de ses étapes aux États-Unis. Elles y voient l’occasion de convaincre le principal soutien d’Israël que M. Netanyahu sabote les pourparlers indirects entre Israël et le Hamas qui permettraient d’aboutir à un accord de trêve et à la libération de leurs proches.
« Netanyahu ne s’intéresse qu’à sa survie politique », a déclaré M. Cohen, qui est à la tête d’un contingent de plus en plus important de familles d’otages qui perdent espoir : « Sa coalition extrémiste ne veut pas que cette guerre prenne fin », dit-il.
Confronté aux menaces des ministres d’extrême droite de faire tomber son gouvernement en cas de trêve, M. Netanyahu a au contraire intensifié les opérations militaires et réitéré sa promesse d’anéantir le Hamas. Il a également creusé un fossé entre les familles d’otages en invitant certaines d’entre elles à l’accompagner lorsqu’il s’adressera au Congrès américain, mercredi à Washington.
Certaines ont refusé, tandis que celles qui ont accepté se heurtent à une opposition féroce.
« Il se sert de vous », a écrit Dani Elgarat, dont le frère Itzik a été enlevé et emmené à Gaza le 7 octobre, dans un message sur les réseaux sociaux adressé à Noa Argamani, une ex-otage rescapée. « Si vous faites partie de la délégation de Netanyahu, nous nous retrouverons dans la situation absurde de protester contre vous », a-t-il affirmé.
En suivant Benjamin Netanyahu à Washington, M. Cohen cherche « à parler aux sénateurs, aux médias, à la communauté juive pour qu’ils comprennent qu’Israël n’est pas seulement cet horrible gouvernement qui travaille contre son propre peuple », dit-il.
Tout pour « sauver mon fils »
M. Cohen n’a jamais été un partisan de M. Netanyahu, mais sa colère a monté après bientôt 300 jours passés à regarder la chambre vide de son fils.
Des Palestiniens ont extirpé Nimrod Cohen de son char d’assaut après que des freins défectueux ont bloqué ses mouvements pour répondre aux attaques du Hamas le 7 octobre. Son père l’a vu sur des vidéos publiées par le Hamas.
L’armée israélienne estime qu’il reste 116 otages à Gaza, vivants ou morts, parmi les 251 enlevés lors de l’attaque du 7 octobre, qui a entraîné la mort de 1 197 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles israéliennes.
L’armée a sauvé sept otages, tandis que plus de 100 ont été libérés lors d’une trêve d’une semaine en novembre. De nombreuses familles d’otages estiment qu’un cessez-le-feu est leur seule option.
En près de dix mois de pression, Yehuda Cohen s’est essayé aux manifestations, aux discours, aux rencontres avec des délégations étrangères et des chefs d’Etat.
Il a participé à une marche de quatre jours de Tel-Aviv à Jérusalem. Son coup de pub lui a valu des moqueries, des crachats ainsi que des jets d’œufs sur des familles d’otages qui manifestaient en faveur d’un cessez-le-feu.
Toutes les familles d’otages n’apprécient pas ses tirades, ni sa volonté de se joindre aux manifestants antigouvernementaux. Mais pour M. Cohen, il n’y a pas de limite : « Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour obtenir un accord qui permette de sauver mon fils ».