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Le personnel d’Al-Jazeera en colère contre la campagne #JeSuisCharlie

Des emails révèlent un désaccord au sujet de la liberté d’expression et le fait que Charlie Hebdo se soit moqué de l’islam

Le logo d'Al-Jazeera (Crédit : autorisation)
Le logo d'Al-Jazeera (Crédit : autorisation)

Des emails d’Al-Jazeera obtenus par un magazine américain montrent que les dirigeants de la chaîne d’information qatarie étaient peu désireux de se joindre à la campagne « Je suis Charlie », mise en place suite à l’attentat perpétré dans les bureaux du magazine satirique à Paris. Cette position a entrainé un désaccord entre les employés de la chaîne au sujet de la couverture médiatique du massacre.

Suite à l’attaque, qui a fait 12 victimes, « Je suis Charlie », et le hashtag twitter #JeSuisCharlie, sont devenus un slogan populaire pour montrer la solidarité de la population mondiale envers les victimes des attaques et pour exprimer leur soutien à la liberté d’expression.

Pour contrecarrer cette campagne, qui a débuté jeudi, l’éditeur anglais et le producteur exécutif Salah-Aldeen Khadr a envoyé un email avec une ligne directrice sur la manière dont la chaîne devait couvrir les attaques, indique le National Review Online vendredi.

Khadr a demandé à ce que ses employés s’interrogent sur le fait de savoir si le massacre était « réellement une attaque sur la liberté d’expression », d’explorer la possibilité que le slogan « Je suis Charlie » pouvait être un « slogan aliénant » et de mettre en garde leur public contre le fait de « rendre cette liberté d’expression, c’est-à-dire ‘les valeurs européennes ‘, attaquée binaire [sic] », et de décrire l’attaque comme « un clash entre les franges extrémistes ».

« Défendre la liberté d’expression face à l’oppression est une chose ; insister sur le droit d’être odieux et insultant juste parce que vous le pouvez est infantile », poursuit Khadr.

« Titiller les terroristes n’est pas être courageusement provocateur lorsque votre manière de le faire offense, de manière significative, des millions de personnes modérées aussi. Et dans ce climat où la réponse est violente – qui reste cependant illégitime – est un véritable risque, prendre une position antagoniste contre un principe, qui n’est virtuellement contesté par personne, est pire qu’inutile : il ne s’agit inutilement que de vous », écrit-il dans son email jeudi.

L’email de Kadhr a entrainé un débat au sein du personnel d’Al-Jazeera, certains défendent le magazine controversé mais d’autres accusent les dessinateurs de Charlie Hebdo d’avoir provoqué les extrémistes en dépeignant les Musulmans et le prophète Mahomet de manière provocante ».

Le correspondant d’Al-Jazeera aux Etats-Unis, Tom Ackerman, a répondu à Khadr quelques instants après l’envoi de son email en citant le blog datant du 7 janvier du New York Times qui affirmait que les caricatures comme celles publiées par Charlie Hebdo devait être publiées « car les meurtriers ne peuvent, même pour un instant, penser que leur stratégie fonctionne ».

La prise de position d’Ackerman a immédiatement entrainé la colère des correspondants au Qatar, qui eux défendent les Musulmans offensés par ces caricatures.

« Je suppose que si vous insultez 1.5 milliard de personnes, il y a des chances que deux d’entre eux vous tuent », écrit Mohamed Vall, un correspondant à Doha.

« Et je suppose que si encouragez les gens à continuer à insulter 1.5 milliard de personnes en vous en prenant à leurs icônes sacrées alors vous voulez juste plus de morts parce que comme je l’ai dit plus tôt, sur ces 1.5 milliards de personnes, il y aura toujours des idiots qui ne respecteront pas les lois et ne connaîtront pas la liberté d’expression », ajoute-t-il.

Salem poursuit en clamant que Charlie Hebdo ne représente pas la liberté d’expression, mais plutôt l’abus de la liberté d’expression. « Je condamne ces meurtres haineux, mais JE NE SUIS PAS CHARLIE », a-t-il affirmé dans un autre email.

Le correspondant d’Al-Jazeera à Paris, Jacky Rowland, a envoyé un « rappel poli » à ses collègues vendredi en affirmant « #Lejournalismen’estpasuncrime ».

Son Hashtag a reçu une réponse furieuse du « reporter indépendant », Omar Al Saleh. « Premièrement, je condamne ces meurtre brutaux. Mais JE NE SUIS PAS CHARLIE », écrit-il.

« LE JOURNALISME N’EST PAS UN CRIME… INSULTER N’EST PAS DU JOURNALISME… ET NE PAS FAIRE DU JOURNALISME CORRECTEMENT EST UN CRIME », a écrit Saleh vendredi.

Ces emails, qui ont fui, révèlent une profonde fissure culturelle entre les employés de la chaîne, qui est accusé de promouvoir un programme anti-occidental.

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