Le Philharmonique de Vienne restitue un tableau volé par les nazis
Il aura fallu 20 ans pour que la toile de Paul Signac retrouve son propriétaire légitime
L’orchestre philharmonique de Vienne a annoncé qu’il allait restituer un tableau, dérobé par les nazis, aux héritiers de son véritable propriétaire, le Français Marcel Koch.
Le prestigieux orchestre a envoyé jeudi une lettre aux héritiers de Marcel Koch, pour les en informer, a indiqué samedi un de ses porte-parole.
Datant de 1883, la toile du peintre impressionniste Paul Signac, intitulée « Port-en-Bessin », avait été confisquée par les nazis en 1940 dans le Jura et donnée en cadeau à l’orchestre, en tournée dans cette région, a indiqué l’orchestre dans un communiqué.
Après deux décennies de recherche, une historienne d’art, Sophie Lillie, missionnée par l’orchestre, a finalement réussi à identifier la provenance de cette peinture.
« Nous sommes très heureux, que, grâce aux efforts de Sophie Lillie, nous ayons retrouvé les héritiers du propriétaire de ce tableau » a déclaré le directeur de l’orchestre, Clemens Hellsberg, dans un communiqué.
« La restitution de cette peinture nous tenait particulièrement à cœur. Nous nous efforçons depuis nombre d’années de faire face au passé de la philharmonie de Vienne et nous voulons assumer notre responsabilité et réparer l’injustice commise dans le passé », a-t-il précisé.
Les héritiers de Marcel Koch prendront possession de la toile lors d’une cérémonie dont la date est encore incertaine.
Jusqu’en 1995 l’Autriche, qui se considérait uniquement comme victime du nazisme en raison de l’annexion (« Anschluss ») au IIIe Reich en 1938, n’avait pas décidé, contrairement à l’Allemagne, d’indemnisations aux victimes des exactions ou des spoliations commises par les nazis.
Un Fonds national autrichien a été créé en 1995, et depuis 2000, un « fonds de réconciliation » et un « fonds général d’indemnisation » ont été institués en Autriche pour indemniser d’une part les travailleurs forcés, d’autre part les juifs victimes de spoliations.
L’année dernière, une famille juive a demandé la restitution d’un tableau de Gustav Klimt, « Frise Beethoven », l’une des œuvres les plus célèbres de la Sécession viennoise, arguant que l’Etat l’avait contrainte de le vendre après la guerre.
Il s’agit de la demande la plus importante depuis l’affaire du célèbre portrait d’Adèle Bloch-Bauer, oeuvre de Gustav Klimt également, restituée en 2006 aux héritiers de ses précédents propriétaires.